Les achats responsables hospitaliers passés au crible

Où en est exactement l’achat responsable hospitalier ? Quels sont les buts poursuivis ? Les leviers prioritaires et les outils employés ? Pour en savoir plus, un trio d’élèves-directeurs de l’EHESP a investigué. Les résultats de leur travail ont été présentés le 7 décembre lors des journées achat logistique à Montrouge.

© Epictura

C’est une tradition. Chaque année, des élèves-directeurs de l’EHESP de Rennes mènent l’enquête sur une facette des achats du secteur de la santé, à la demande du Resah. Après le portrait-robot du métier d’acheteur à l’horizon 2030 (lire notre article du 2 décembre 2021) ou le recensement des multiples défis de la fonction achat hospitalière (lire notre article du 8 décembre 2022), au tour de l’achat responsable d’être scanné.

Composé de Matthieu Chipan, Jeanne Therrien et Timothée Vaccaro, le groupe 2023 a élaboré un questionnaire avec 35 items, répartis en cinq thématiques : la gouvernance de la politique d’achats responsables, ses objectifs, les outils utilisés, le suivi et la mesure, et enfin les résultats des efforts entrepris. 54 réponses ont été recueillies (dont 80 % de directeurs et responsables achats d’établissements de toute taille).

Réévaluer la place des achats dans la politique RSO des hôpitaux

Premier élément : la dimension responsable des achats prend forme, petit à petit. 37 % des répondants déclarent avoir une politique formalisée depuis 5 ans. Plus de la moitié d’entre eux a couché les lignes directrices dans un document particulier : feuille de route, charte ou Spaser. Lesquels devraient fleurir dans les années à venir, avec l’évolution réglementaire (organismes soumis au Code à partir d’un montant d’achat de 50 millions par an). Point à retenir, l’échelle territoriale joue son rôle de diffuseur. 45 % des professionnels interrogés déclarent que cette politique, lorsqu’elle existe, s’applique de manière homogène à tout le GHT.

Pour autant, il y a encore du pain sur la planche. Seul 20 % de l’échantillon estime que la question de l’achat responsable est parfaitement prise en compte par la politique RSO de l’établissement.  56 % des professionnels questionnés considèrent que sa place mériterait d’être réévaluée. Les leviers identifiés pour accélérer la cadence ne surprendront personne. Citée en tête de gondole, le besoin d’une trajectoire financière (61 %) devance la nécessité de bénéficier de formations spécifiques (50 %), de se doter d’un SI achat (44 %) ou encore de recruter (40 %).

Un achat responsable avant tout environnemental

Les élèves-directeurs ont cherché à en savoir plus sur les objectifs prioritaires dévolus à l’achat responsable. Lequel est focalisé sur l’impact environnemental, particularité que l’étude 2022 avait déjà mise en avant.  La réduction des déchets (63 %) emporte la pole-position, devant les circuits courts (46 %) et la décarbonation (44 %). La réduction des consommations (35 %) suit ce tiercé.

Au chapitre des outils, c’est du classique. 16 % des acheteurs déclarent intégrer systématiquement des considérations sociales ou environnementales ou économiquement responsables. 55 % le font de manière régulière. A l’inverse, l’usage du coût fondé sur le cycle de vie comme critère unique reste l’apanage d’une avant-garde (9 %). Une technique considéré complexe de manière quasi-unanime (80 %). Pour aider les établissements à mettre en place une politique d’achat responsable, les centrales ont un rôle à jouer. 44 % des acheteurs estiment qu’elles sont des partenaires. S’y ajoutent 42 % qui les considèrent comme une ressource utile. Le suivi de la performance demeure un talon d’Achille. Dans plus de la moitié des cas (57 %), les indicateurs brillent par leur absence.

La démarche responsable a-t-elle permis de dégager des gains achat ? Oui, répond 16 % de l’échantillon. Pas pour l’instant, affirme plus de la moitié des professionnels interrogés (56 %) qui évoquent des surcoûts. Le dernier tiers ou presque (28 %) mentionne également un surcoût, mais compensé, par exemple grâce à une consommation plus raisonnée. 44 % jugent que la démarche a bonifié la performance des achats au regard des externalités sociales ou environnementales. 40 % qu’elle a permis d’innover.

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