un journal proposé par le Resah

Une filière « couches lavables » se structure

Quoi de mieux que la semaine internationale de la couche lavable, qui se déroule jusqu’au 25 avril, pour faire le point sur le retour de ce produit dans les crèches et maternités avec l’essor des démarches écoresponsables. Une renaissance appuyée par un réseau qui se mobilise pour privilégier le lavable au compostable.

© DR

S’il fut un temps où la couche jetable représentait un soulagement pour la gestion du quotidien avec les bébés, aujourd’hui elle est plutôt pointée du doigt en tant que dispositif à usage unique… Toutefois, son pendant sans déchet, la couche lavable, n’est pas pour autant rentrée dans les mœurs.

D’où la création d’un collectif des acteurs de ce marché qui tente une renaissance.  « La couche lavable est une vraie solution écologique sanitaire et économique », clame Laëtitia Geneste, présidente du jeune Réseau Couches Lavables et cofondatrice de l’association L’Atelier des Langes.

90 % d’émissions de CO2 en moins

Les couches lavables c’est « une tonne de déchets en moins par enfant, 1000 € d’économies en moyenne dès le premier enfant, 90 % d’émission de CO2 en moins, plus de 300 crèches convaincues… », complète le site internet du collectif.  Né en 2021 pour « structurer le secteur et démocratiser ce produit auprès du plus grand nombre », ce dernier revendique aujourd’hui une trentaine de membres. Parmi eux figurent des fabricants, des loueurs, des laveurs, des revendeurs, des conseillers…

Les adhérents du Réseau Couches Lavables espèrent harmoniser leurs pratiques pour ensuite mener, avec l’Agence de la transition écologique (Ademe), une nouvelle analyse du cycle de vie de ces langes après celle réalisée en 2015 . « De fait, l’analyse varie selon différents paramètres comme le lavage à 90 degrés ou pas, dans une machine pleine ou pas, suivi d’un repassage ou pas… », précise Laëtitia Geneste, dont l’association basée à Vertou, en Loire-Atlantique, propose de la location de couches.

Test de lavage au magnésium

Laëtitia Geneste

« Dernièrement par exemple, à L’Atelier des Langes, nous testons un substitut à la lessive dans le but de réduire notre impact environnemental. C’est en fait du magnésium (NdlR l’OPS Clean). Cela permet de laver aussi efficacement qu’une lessive, mais de manière plus écologique et économique. On fait des tests bactériologiques en sortie de machine et en sortie de sèche-linge », assure la dirigeante de cette structure qui propose également localement un service de collecte et de lavage et nationalement des missions de sensibilisation sur ces produits.

Composée d’un insert (la partie absorbante), d’une partie étanche (la culotte) et éventuellement d’un voile de protection sur l’insert (pour récupérer les selles plus facilement), la couche lavable n’est pas comme les autres. Contrairement à sa version jetable, il s’agit d’un vêtement que le personnel (et les parents) doit apprendre à utiliser.

Autre spécificité, il est particulièrement souillé au moment de son lavage. « Nous étudions à quelle vitesse les inserts vont s’encrasser car ces pièces gardent dans leurs fibres des résidus de lessive, de calcaire, de selles s’ils sont mal lavés. Ainsi on conseille un décrassage de la partie absorbante une à deux fois par an -si ce décrassage doit intervenir plus souvent c’est que la technique de lavage n’est pas bon. »

Des protocoles particuliers

© DR

Le processus de décrassage n’est pas très plaisant. Il nécessite une succession de bains de cristaux de soude et de percarbonate de soude, de trempages 12 à 24 heures et de machines, jusqu’à obtenir une eau de bain claire et inodore », détaille celle dont l’association organise des formations en ligne à destination des particuliers et en présentiel auprès des professionnels dans deux maternités nantaises.

De même, le lavage courant se fait selon un protocole particulier pour ces produits très sales : « prélavage cycle court (15 minutes) avec essorage pour expulser les urines, puis lavage cycle long (1h30) avec le reste du linge puis lessive sans corps gras (ni assouplissant, adoucissant), de préférence écologique et hypoallergénique. Une attention particulière est à porter au dosage de la lessive et remplissage de la machine », détaille-t-elle. Des circuits de blanchisserie que crèches et maternités doivent, comme les parents, soit maitriser, soit déléguer.

Privilégier le lavable sur le compostable

Pour faire connaitre les couches lavables et les démocratiser, le Réseau vient de se doter d’un site internet et de publier un manifeste. Ce texte a notamment pour ambition de toucher les institutionnels.

« A la veille de la mise en place de la REP (responsabilité élargie du producteur) des Textiles Sanitaires à Usage Unique (TSUU), » mentionne-t-il, « il est temps de faire valoir la filière des couches lavables et de redynamiser le secteur, il est temps de soutenir les démarches réellement vertueuses, il est temps de réorienter nos modes de vies et de consommation vers une démarche plus durable et responsable. »

De fait, avec une nouvelle analyse du cycle de vie, le Réseau espère se faire entendre pour que la taxe sur les couches jetables soit reversée plutôt aux acteurs du lavable qu’à ceux du compostable, ce dernier constituant un déchet évitable.

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *