Achats hospitaliers, horizon 2030

À quoi ressemblera le métier de directeur/trice des achats à l’hôpital dans moins de 10 ans ? Afin de cerner les contours du futur, une équipe de l’EHESP Conseil a interrogé 92 professionnels pour savoir comment leur métier allait muter durant la prochaine décennie. Les acheteurs questionnés espèrent un glissement progressif d’une fonction support vers une fonction experte, plus numérisée et plus portée sur le développement durable, même si nombre d’entre eux restent dubitatifs concernant un changement de paradigme, étant donné les contraintes hospitalières.

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92 professionnels issus de 61 GHT répartis dans 14 régions (dont 81 % de directeurs achats) soumis à une quarantaine de questions ouvertes et fermées. Plus un versant qualitatif complémentaire réalisé grâce à vingt entretiens. Un bel échantillon qui a permis à une équipe de quatre élèves directeurs (Sabrina Bardon, Louis Charlet, Thierry Devaux, Emmanuel Philippe) de l’EHESP Conseil d’ausculter la profession sur son futur.

Des avis pris en compte par la DG

Les résultats de cette étude, menée à la demande du Resah, ont été dévoilés lors de la première journée de l’achat hospitalier à Montrouge ce 2 décembre. Avant de chercher à cerner l’avenir, le quatuor s’est penché sur le présent. Premier constat, la communauté considère que les achats, qui avaient connu une accélération de la professionnalisation sans commune mesure depuis une décennie, sont encore montés d’un cran depuis l’apparition des GHT. Des demandes et des exigences accrues. Et par ricochet une montée rapide en compétence. Pour preuve, 85 % des professionnels estiment que leurs avis sont toujours ou souvent pris en compte par la DG.

Néanmoins, remarquent les auteurs de l’enquête, la métamorphose s’est parfois construit « dans la douleur », en parallèle de la construction des groupements, sans avoir toujours une vision claire des objectifs et des missions. De même, ce « rôle pivot » accepté ne s’est pas forcément accompagné des moyens humains ou techniques nécessaires.

Segments : une responsabilité limitée

Un quart de l’échantillon s’accorde à dire que la direction des achats est transversale mais qu’elle manque de moyens pour atteindre ses objectifs. 25 % des responsables interrogés ont moins de 3 personnes dans leur équipe achat, 18 % entre 3 et 5, 24 % entre 5 et 10. Un tiers de l’échantillon déclarer disposer de plus de 10 agents (mais il s’agit dans 90 % des cas d’un établissement support).

Autre indicateur de cette considération relative : le périmètre confié. Seuls 18,5 % des répondants ont la responsabilité de l’ensemble des segments. Alors que l’hôtellerie, les véhicules, les fournitures générales font quasiment toujours partie du pré carré des achats, il n’en est pas de même pour les travaux (69,6 %) et le biomédical (65 %), ni pour l’informatique (57,6 %), et encore moins pour les DM (54,3 %) ou les médicaments (23,9 %) qui restent l’apanage d’autres services ou directions.

Passage d’une fonction support à une fonction experte

Quid de la prochaine décennie ? L’échantillon estime qu’il s’agira, comme aujourd’hui, d’améliorer la performance financière, pour certains en sortant du cadre. 37 % jugent que l’important sera de travailler majoritairement avec d’autres direction achats, contre 35 % qui pensent qu’il faudra travailler d’abord avec son équipe et de se concentrer sur ses besoins.

Les professionnels du panel attendent un positionnement plus clair de la fonction et une évolution des compétences attendues, pour passer progressivement d’une fonction « support » à une fonction « experte », capable par exemple d’anticiper les demandes. Avec comme corollaire, de nouveaux modes de recrutement : B minimum, voire A, avec des fiches de poste attractives et des outils modernes.

Annoncée, l’arrivée des SI achats semble très attendue. 97 % des professionnels interrogés jugent que la fonction achat devrait être davantage dématérialisée. Une numérisation censée épauler les professionnels dans leurs tâches. S’agissant des gains de productivité, ils sont en tout cas 60 % à croire à son apport.

Sceptiques vis-à-vis de l’achat durable comme nouveau paradigme

Le tout avec un horizon élargi par la problématique développement durable, désormais sur toutes les lèvres, et avant tout comprise (à 80 %) par une réduction de l’impact environnemental. 46 % des acheteurs questionnés pensent ainsi que l’achat responsable pourrait devenir majoritaire. Cependant, ils sont aussi 49 % à juger, a contrario, que la RSE ne prendra qu’une place limitée au vu des nécessités de fonctionnement de l’hôpital. Dans la même logique, à peine un cinquième des professionnels considère que l’achat « éthique », quoique plus coûteux, deviendra un « standard » en 2030.

 

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