Le CHU de Bordeaux réduit les poches de réhydratation

Terminé les poches de réhydratation inconsidérées pour les patientes en gynécologie. Au CHU de Bordeaux, leur utilisation a progressivement diminué depuis 2021. C’est autant de plastique gâché en moins. Quant à la réorganisation pour le nouveau protocole, elle permet aux femmes d’arriver debout au bloc. C’est moins de temps de transfert.

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Perfuser les patientes avant une IVG fait partie des gestes nécessaires pour l’anesthésie. Installer une poche d’hydratation d’un litre avant de procéder à une interruption de grossesse faisait partie des gestes réalisés depuis des années par habitude.

La pratique a été remise en cause au CHU de Bordeaux sous l’impulsion de Marion Griton, médecin anesthésiste au service de gynécologie obstétrique de l’Hopital Pellegrin, impliquée dans l’écoresponsabilité. « Nous avions réussi à passer de 70 % de déchets d’activités de soins à risque infectieux (DASRI) à 5 %, et devant ce succès nous avons imaginé d’autres projets, axés sur la pertinence des soins, par exemple de repenser la réhydratation préopératoire », se souvient-elle.

Interroger les habitudes

Jusqu’en 2021, chaque femme venue pour une IVG se voyait installer un cathéter relié à une poche d’un litre de sérum physiologique pour son éventuelle réhydratation, alors qu’aujourd’hui les patientes sont autorisées à boire jusqu’à deux heures avant l’acte. Après concertation avec les équipes de chirurgiens et d’anesthésistes, les poches ont été passées à 500 ml en 2021 et à 250 ml l’année suivante sans aucune conséquence sur la qualité de la prise en charge médicale.

Pour en arriver-là, il a fallu revoir les consignes aux infirmières. De fait, aujourd’hui, les patientes hospitalisées en ambulatoire en orthogénie sont seulement équipées d’un cathéter en arrivant, puis elles sont accompagnées par les infirmières en marchant jusqu’au bloc. Ainsi, sans poche, elles s’allongent toute seule sur la table d’opération.

Compenser une éventuelle déshydratation

Marion Griton

Exit le recours aux brancards, c’est du bien-être gagné pour les patientes, une diminution de l’anxiété liée à la chirurgie (une baisse « démontrée par des études antérieures », précise Marion Griton) et du temps de gagné en transfert. Et c’est seulement à ce moment-là qu’une poche de 250 ml de sérum physiologique est reliée au cathéter pour l’anesthésie et la sécurité peropératoire.

« Trop hydrater peut être délétère pour la patiente. Compenser une éventuelle déshydratation suffit. Prévoir un litre de liquide ne se justifie pas médicalement », précise Marion Griton qui remarque que les arguments de pertinence de soins motivent davantage les équipes que ceux en lien avec l’environnement. En diminuant le volume de soluté, le staff craignait de ne pas pouvoir remplir assez rapidement le patient si besoin. D’où la décision de préparer une poche de 500 ml placée dans le bloc au cas où.

Du plastique et du temps sauvés

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Ce parti-pris permet de nombreuses économies financières et écologiques. En passant de poches d’un litre composées de 19 grammes de plastique à des modèles de 250 ml, de 12 grammes, ce sont pour quelque 800 IVG annuelles, plus de 5,5kg de plastique en moins dans les poubelles et 600 litres de soluté non utilisé par défaut.

De même, ce sont autant de poches qui ne sont pas fabriquées, transportées, jetées…. Idem pour les produits d’hydratation dont le litre était rarement utilisé. Au total, ce service du CHU de Bordeaux utilise désormais quelque 750 kg de cristalloïdes (soluté) en moins chaque année.

Un déploiement en vue

Fort de cette expérience, l’équipe a commencé à déployer le transport des patients debout et la limitation du volume des poches de réhydratation pour un autre « geste chirurgical » : la ponction d’ovocytes. Le volume des poches vient d’être divisé par deux en passant de 500 ml à 250 ml début 2024. Cela permettra d’économiser environ 450 litres de cristalloïdes par rapport aux années précédentes.

Le service ne s’arrêtera pas là. La réflexion globale consiste à reconsidérer la nécessité d’une réhydratation pour d’autres occasions. Avant cela, Marion Griton aimerait déjà passer le volume de soluté de 1 litre à 250 ml, cette fois, en salle de naissance.

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