Oncologie : Ramsay se met à la télésurveillance intercure

Afin de répondre aux demandes de ses oncologues en quête de solutions pour rester en contact avec leurs patients entre deux consultations, le groupe Ramsay Santé a mis en place un système de télésurveillance des effets secondaires. Avec plus d’un an de recul malgré des réticences au départ, tous le monde semble y trouver du bénéfice. Patient compris.

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À la Clinique Belharra de Bayonne, certaines patientes suivies dans le cadre d’un cancer du sein, gardent un contact permanent avec l’équipe soignante via leur smartphone. Un système de télésurveillance a été mis en place sur prescription dans cet établissement du groupe Ramsay Santé. « Depuis quelques années, les oncologues souhaitaient suivre leurs patients entre deux cures de chimiothérapie », contextualise Carole Micheneau, directrice des filières de soins à la direction des opérations du groupe Ramsay Santé.

C’est à partir de là que cette pharmacienne de formation a commencé à rechercher des solutions pour maintenir ce lien tout en mesurant les enjeux médico-économiques. Différents outils de télésurveillances existent déjà sur le marché et finalement le choix du groupe s’oriente vers une solution à l’algorithme déjà opérationnel. Il s’agit en l’occurrence d’un dispositif médical fondé sur les enseignements d’études scientifiques montrant des impacts positifs à la télésurveillance sur la qualité de vie des patients et la diminution des hospitalisations.

Une expérimentation sur le sein et le poumon

Pour tester la solution dans le groupe, deux établissements ont été retenus comme pilotes pour un partenariat avec l’éditeur. Ramsay Santé met à disposition ses ressources de soignants et leurs retours en contrepartie de l’utilisation de l’outil. Après concertation avec les équipes, la Clinique Belharra a réalisé un test sur les personnes traitées dans le cadre d’un cancer du sein, tandis que l’Hôpital Privé Arras Les Bonnettes l’a testé avec les patients suivis pour un cancer du poumon.

Carole Micheneau

« Nous avons d’abord identifié un praticien qui pourrait être porteur du projet puis nous avons réfléchi pour décider de tester le système soit uniquement sur le parcours en oncologie, soit sur un parcours de prise en charge incluant la chirurgie, sur telles molécules, etc », précise Carole Micheneau, qui avait réuni la direction, les équipes de soins et l’infirmière coordinatrice et un ou deux praticiens autour de l’éditeur de la solution pour définir l’organisation.

Un nécessaire temps d’appropriation

Si les premières réunions avec les établissements ont eu lieu en avril 2022, les prescriptions n’ont commencé qu’en juillet. « Même si les équipes sont convaincues du bien fondé d’un tel télé-suivi, il faut un temps d’appropriation, que nous n’avions pas anticipé », reconnait Carole Micheneau. De fait, il faut que les praticiens acquièrent le réflexe de vérifier que le patient est éligible, prescrive la solution si c’est pertinent, que l’infirmière soit à l’aise pour présenter l’outil…

Le système est simple à mettre en place. Après s’être vu prescrit le télé-suivi, le patient se voit expliquer par l’infirmière coordinatrice comment télécharger l’appli, comment s’en servir… C’est aussi le moment de lui repréciser qu’il s’agit seulement d’un questionnaire hebdomadaire pour déclarer ses symptômes et pas un outil d’urgence.

Un questionnaire hebdomadaire et des notifications

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Chez lui, il doit répondre à 11 questions principales (voire des secondaires, en cascade : par exemple s’il déclare de la fièvre, depuis combien de temps, etc.), voire remplir un champ libre. À l’issue du questionnaire, il reçoit des informations ciblées pour comprendre et limiter ses effets secondaires. « Cela lui évite d’aller chercher sur internet et lui permet de trouver des informations scientifiquement validées », remarque Carole Micheneau.

À son tour, l’infirmière peut consulter à sa guise le récapitulatif des réponses sur son ordinateur. Un système de notifications par couleur (vert, jaune, orange, rouge) lui permet de réagir, jusqu’à rappeler le patient si besoin, épaulée avec des questions à poser selon un arbre décisionnel.

Déploiement dans 14 établissements

Aujourd’hui, l’analyse médico-économique n’est pas terminée. Reste que « les praticiens disent que le télé-suivi permet de détecter des signes suffisamment en amont pour intervenir et éviter les cas d’urgence. Ils craignaient que le système ne leur prenne plus de temps mais ce n’est pas le cas. Quant aux infirmières, elles redoutaient une déshumanisation de la relation avec le patient, et en fait ce dernier est rassuré car il sait qu’une personne est derrière ! », indique l’ancienne chef de projet à la Haute autorité de santé (HAS).

« De plus, on constate une diminution des appels intempestifs », ajoute-t-elle. Ainsi, le projet a été déployé par exemple à la Clinique Belharra à tous les cancers au bout d’un an, et même à 14 établissements du groupe au total. Avec un espoir en tête : que ce télé-suivi soit pris en charge par l’Assurance Maladie.

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