Meditwin, le pari français des jumeaux numériques médicaux

Le projet collaboratif Meditwin vise, autour de Dassault Systèmes, à donner à la France, dans le cadre de la stratégie France 2030, une position de leader dans l’utilisation des jumeaux numériques médicaux en l’appliquant à sept spécialités différentes.

© Dassault Systèmes

L’aventure commence à 14. « Meditwin est un projet collaboratif, les partenaires viennent de toute la France. En cinq ans, il pourra s’ouvrir à d’autres, cela dépendra du contexte. Mais le point de départ est solide », explique Nicolas Pécuchet, médecin, directeur Life Science & Healthcare Research chez Dassault Systèmes.

Dassault Systèmes est centrale dans le projet. L’entreprise, commercialise une plateforme numérique, baptisée 3DEXPERIENCE qui permet à ses clients de créer des « jumeaux virtuels d’expérience du monde réel » dans tous les secteurs.

En chirurgie cardiaque pédiatrique

Dans la santé, elle fournit des « solutions de virtualisation » pour mener toutes les phases de développement et de vie d’un médicament ou d’un dispositif médical (DM). Elle mène, entre autres, depuis 2014, un programme international de recherche baptisé Living Heart Project pour développer un modèle numérique fonctionnel de l’ensemble du cœur humain, en partenariat avec la FDA (Food and Drug Administration) aux Etats-Unis.

© Dassault Systèmes

En décembre dernier, lors du symposium que l’entreprise organise tous les ans sur les jumeaux virtuels de l’humain, le professeur David Hoganson, chirurgien cardiaque à l’hôpital pour enfants de Boston, a expliqué comment le jumeau virtuel lui donnait une feuille de route spécifique pour chaque enfant qu’il opère. Si précise qu’elle limite les dégradations liées à l’opération et améliore donc la récupération post-opératoire. Le jumeau numérique permet aussi de tester virtuellement des traitements avant de les administrer.

Modélisation de la combinaison DM+molécule

« Le jumeau virtuel de chaque patient est la combinaison de données déjà recueillies sur lui par tout type d’analyse (observation, imagerie, etc) auxquels on ajoute les connaissances scientifiques médicales qui le concernent. On modélise aussi ce à quoi il sera soumis, aussi bien le passage d’un scan, que l’administration d’une molécule ou la pose d’une valve ou d’un stent. La combinaison DM + molécule devient de plus en plus fréquente. On se confronte ensuite au réel et on modifie », explique Nicolas Pécuchet. Médecin, il est responsable de l’aspect médical de Meditwin. Dassault Systèmes apportant la technologie, est chef de file du consortium formé pour Meditwin avec treize autres acteurs français « de rang mondial » de la recherche médicale et du numérique.

Sept IHU dans la boucle

L’originalité de Meditwin est l’ambition d’améliorer l’utilisation des jumeaux numériques dans un grand nombre de disciplines d’en obtenir qui soient personnalisés, centrés sur des organes, sur le métabolisme y compris de tumeurs cancéreuses, pour mieux diagnostiquer, soigner, prévenir. « Le jumeau virtuel est déjà une réalité. Meditwin contribuera à le diffuser et à le standardiser », estime Bernard Charlès, PDG de Dassault Systèmes.

Sept instituts hospitalo-universitaires (IHU) sont présents dans Meditwin : PRISM autour de Gustave Roussy, le centre de traitement du cancer à Villejuif ; Strasbourg sur les thérapies innovantes par l’image ; Lyric à Bordeaux sur les maladies du rythme cardiaque ; ForeSight autour de la Sorbonne, en ophtalmologie ; Imagine à Necker sur les maladies génétiques ; l’institut du cerveau de la Pitié-Salpêtrière ; l’institut ICAN à la Pitié-Salpêtrière sur les maladies cardiométaboliques.

« Changer la médecine »

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S’ajoutent : l’institut du thorax du CHU de Nantes ; inHeart, start-up d’applications autour du cœur avec IA ; Codoc, créatrice d’applications métiers du soin à partir des données de santé ; Qairnel, émanation de l’institut du cerveau, créatrice d’une clinique digitale dédiée aux troubles de la mémoire ; Neurometers, start-up dans le domaine des neurosciences cognitives. Dernier acteur, l’INRIA (institut national de recherche en sciences et technologies du numérique).  « Meditwin réunit sur un même projet une puissance de recherche biomédicale multidisciplinaire sans équivalent au niveau mondial », fait remarquer Didier Mutter, le directeur général de l’IHU de Strasbourg.

Pour Nicolas Pécuchet, il s’agit ni plus ni moins de « changer la médecine ». De développer une nouvelle façon de voir la santé d’un individu notamment grâce aux informations nouvelles fournies par l’intelligence artificielle. L’amélioration des diagnostics et l’augmentation des potentiels de la prévention font aussi des espoirs que nourrissent les acteurs du projet.

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