Nouvel Ehpad de Tinténiac : la vie ordinaire pour originalité

« Être un lieu de vie où sont pratiqués des soins plutôt qu’un lieu de soins qui tente d’être aussi un lieu de vie ». Dans le droit fil du volet médico-social du Ségur de la santé, le vœu d’Anne-Sophie Lopez, directrice de la Maison Sainte-Anne de Tinténiac, est bel et bien en passe de devenir convivialité avec cet Ehpad de nouvelle génération repensé pour l’ancienne.

©NEM et Studio 1984

Après cinquante ans d’existence, la Maison Sainte-Anne Hospitalité Saint-Thomas de Villeneuve (HSTV) de Tinténiac (Ille-et-Vilaine) ne se contente pas de faire peau neuve au cœur d’un nouvel écoquartier ; depuis l’été 2020, sa reconstruction expérimente le fameux « Ehpad de demain » dans une conception pavillonnaire qui tranche avec l’établissement centralisé d’hier, devenu quelque peu obsolète dans ses normes comme dans ses pratiques. Ce projet, mené avec les cabinets d’architectes NeM et Studio 1984, a reçu le Prix spécial 2023 du premier Trophée remis par la Mutuelle nationale des hospitaliers avec l’Union des architectes francophones.

Ainsi, finie la collectivité imposée avec ses horaires obligés dans des salles à manger à la dimension d’un réfectoire : « au sein de six maisons différentes réunissant quinze chambres de 23 m2 chacune, une quinzaine de résidents vivront demain à leur rythme, accompagnées d’une équipe de professionnels dédiée », explique la directrice des lieux, Anne-Sophie Lopez. Une cuisine et deux salons ouvrant sur un jardin privatif compléteront chaque habitation.

Habiter plutôt qu’être hébergé

©NEM et Studio 1984

« Mené avec les familles et les 80 professionnels de la structure, le projet répond directement au désir exprimé par ceux de nos 90 résidents en capacité de le faire, à savoir « habiter et non plus être hébergé », rapporte la dirigeante. De fait, les maisons pensées avec l’aide de Fany Cérèse, architecte spécialisée dans la transformation des Ehpad, ne comportent aucun espace professionnel dédié aux soins.

Ceux-ci sont regroupés dans un bâtiment central (accueil, administration, kinésithérapie…) également construit sur le site d’un hectare, avec la buanderie et la cuisine centrale où seront préparés les repas livrés dans les habitations. De même tout mobilier hospitalier en a été banni, les chambres étant proposées sans lit, table ni fauteuil afin que chacun puisse choisir sa propre décoration.

Des professionnels plus épanouis

Mais la logique domiciliaire impacte aussi les cultures et pratiques professionnelles. D’abord en en finissant avec ces toilettes à la chaîne qui dégradent tant la qualité des conditions de travail, mais aussi en modifiant les postures en profondeur : « plus question en effet de s’approprier les lieux avec des chariots ou avec des horaires dont la seule justification consiste à faciliter le travail ; dans cette nouvelle configuration, les équipes vont devoir apprendre à devenir de véritables acteurs du domicile pour, par exemple, accompagner chaque jour les résidents qui le peuvent dans leurs courses afin de préparer avec eux une partie de leur menu. En résumé, il s’agit de soutenir l’autonomie plutôt qu’accompagner la dépendance, ce qui est bien plus enrichissant pour chacune des parties », énonce Anne-Sophie Lopez.

Majoration des tarifs de 5 % d’ici l’ouverture

En amont d’un déménagement programmé pour fin 2025, ce nouveau modèle d’accompagnement est d’ailleurs déjà en test sur le site actuel, via des expérimentations menées par des équipes dans plusieurs services et centrées sur une vie en comité plus restreint… Une vie que la démarche veut donc la plus ordinaire possible, faisant en cela toute l’innovation de ce projet dont le budget global – 14 M€, dont 400 000 € pour l’achat du terrain – bénéficie des financements de l’ARS et du conseil départemental. « Nos tarifs mensuels, actuellement compris entre 2100 et 2200 euros mensuels, augmenteront également de 5 % d’ici 2025 » précise Anne-Sophie Lopez. Le prix pour vivre comme à la maison…

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