Le CHU Montpellier teste la réalité virtuelle pour apaiser l’anxiété d’une opération

Afin de préparer les enfants de 7 à 16 ans au parcours opératoire qui les attend, le CHU de Montpellier expérimente une visite immersive en réalité virtuelle. Pour que les jeunes patients découvrent le trajet, les personnes et l’environnement qui seront les siens le jour de l’intervention, matériels et bruits compris. Une solution qui semble diminuer notablement leur stress, comme celui de leurs parents.

© Sanofi

Il n’y a pas encore de chiffres officiels puisque les essais n’ont débuté qu’au printemps dernier… « Mais un enfant qui passe de la peur à l’envie d’aller au bloc, c’est visiblement gagné », se réjouit le Dr Chrystelle Sola, du département anesthésie-réanimation femme-mère-enfant de l’hôpital Lapeyronie, où 5 000 jeunes sont endormis chaque année. Responsable de l’unité des soins continus chirurgicaux pédiatrique, la praticienne hospitalière et son équipe expérimentent depuis quelques mois un casque de réalité virtuelle (VR) pour préparer leurs patients à l’opération qui les attend. Et depuis avril, pas un retour qui ne soit ainsi positif parmi la trentaine testée.

Une pré-visite immersive

Recourir à la VR pour apaiser un patient n’est pas nouveau (lire nos articles du 26 novembre 2019 et du 3 mars 2020). Toutefois, la solution 3D développée au sein du Fab Lab (laboratoire d’innovation) de Sanofi avec l’appui industriel de Cap Gemini n’est pas un procédé standard récréatif, voire dérivatif, destiné à changer les idées.

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« Modélisé sur les locaux mêmes de l’hôpital, il s’agit bien d’une technologie innovante, ludique mais pédagogique, qui propose en deux minutes une visite immersive des lieux jusqu’au bloc opératoire afin que l’enfant découvre le trajet, les personnes et l’environnement qui seront les siens le jour de l’intervention, matériels et bruits compris, », résume Chrystelle Sola.

 

Proposé le jour de la consultation avec l’anesthésiste

Plus que l’appréhension de l’intervention elle-même, l’objectif est donc ici d’en finir avec l’anxiété suscitée par l’inconnu. « Le dispositif est conçu pour aider les enfants à affronter la triple rupture qui les attend, rupture de temps (changement de quotidien), rupture géographique (séjour à l’hôpital) et rupture affective (séparation avec la famille). La mise en situation va créer une impression de « déjà vu » pour faciliter les choses », explique-t-elle.

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Proposé le jour de la consultation préanesthésique, ce « chemin initiatique » est d’autant plus rassurant qu’il se fait assister d’un soignant, pour en expliciter certains points si besoin, et aux côtés des parents auxquels la même projection, mais en 2D, est présentée simultanément sur écran : « cela contribue à minorer aussi leur propre niveau de stress, contribuant par ricochet à améliorer encore la prise en charge de leur enfant », pose la spécialiste.

Des effets manifestes

Certes, la solution présente aujourd’hui quelques limites, à commencer par une réalisation identique proposée aux petits de 7 ans comme aux grands adolescents de 16 ans. Par ailleurs, gratuitement fournie avec deux masques au CHU montpelliérain, elle reste d’un coût à déterminer dans le cadre d’une industrialisation qui – par nature – exige une conception spécifique à chaque établissement.

Mais en attendant une publication scientifique qui devrait prochainement évaluer officiellement les impacts, les premiers constats augurent bien de résultats à la hauteur de ces investissements potentiels : en effet, entre maintien du bien-être de l’enfant, diminution des prémédications et réveils plus confortables, les bénéfices ne paraissent guère relever du cinéma.

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