Le CHRU de Brest invente les cafétérias librairies

Concédées, deux cafétérias ouvertes au public, au CHRU de Brest, sont aussi devenues, depuis cet été, de véritables librairies. Dans l’optique d’améliorer la qualité de l’accueil et de la vie à l’hôpital.

© DR

« Les emplacements étaient occupés jusqu’ici par l’enseigne Relay. Je devais proposer quelque chose dans la continuité. Refusant la vente de journaux, source de pertes assurée, j’ai opté pour les livres », raconte François Rocher, PDG d’Izee. Cette entreprise a décroché la concession pour 10 ans des trois boutiques de restauration rapide installées l’enceinte du CHRU. Deux d’entre elles (site Morvan au centre-ville et la Cavale Blanche) offrent donc désormais un coin librairie. « Pas de simples ventes de livres, des librairies avec de vrais libraires », insiste François Rocher.

Le concept, inédit, a donc éclos début juillet sous l’enseigne « Librairie restaurant coffee shop ». Pour bien marquer la nouveauté qui est aussi une surprise de l’appel d’offres. « Nous voulions simplement améliorer notre offre de cafétéria, explique Cyril Martin, directeur des achats et de la logistique du CHRU. Nous nous sommes trouvés en phase avec la proposition d’Izee, entreprise d’ici, crée il y a dix ans et qui a une vraie légitimité dans la restauration rapide. Elle propose du sain, du frais, du fait-maison, privilégie les circuits courts, valeurs que nous voulons faire partager. ».

Cadeaux de naissance

© DR

L’offre de librairie est complètement intégrée à la concession. Les 700 000 € d’investissement prévus comprennent le stock de livres et l’informatique dédiée. Le pourcentage du chiffre d’affaires reversé au CHRU inclut celui des librairies. Les coins livres s’adaptent aux clientèles des boutiques. Des livres sur les jeunes, les enfants, la maternité, sur le site femme-mère-enfant du centre-ville. Une offre plus généraliste sur l’autre site de la Cavale Blanche où s’ajoutera, fin 2024, un nouveau bâtiment consacré à la médecine, la chirurgie, l’oncologie.

En ce moment, la libraire embauchée par Izee y met en scène la rentrée littéraire. « Nous avons pour clients de la librairie, pour l’essentiel, des visiteurs de malades. Mais à l’avenir, nous misons aussi sur les soignants eux-mêmes. Ils sont très occupés, finissent à pas d’heure. Pourquoi ne pas attraper un livre chez nous, en guise de cadeau, avant une invitation à dîner en ville ? Pourquoi ne pas imaginer que nous leur apporteront à l’avenir une littérature scientifique qu’ils apprécieront ? Ou dans un autre registre, des cadeaux de naissance ? », suggère François Rocher.

Wifi renforcé

Rien d’élitiste dans ces offres, parce que toutes les populations passent à l’hôpital. L’aménagement des boutiques respecte cela. Avec ses tables hautes, ses tabourets pour ceux qui sont pressés, mais aussi ses fauteuils et tables basses pour ceux qui du temps. Qui peuvent consulter deux journaux qui traînent sur les tables, les éditions de Brest de Ouest-France et du Télégramme.

Acheter les autres éditions locales papier, c’est possible mais pour le reste de la presse, c’est par la liaison WIFI de l’hôpital qu’il est disponible sur ordinateur, téléphone portable ou sur quelques des tablettes numériques mises à disposition. « Il faut que ce service de presse en ligne ait du succès parce qu’il coûte très cher », souligne François Rocher.  Autre contrainte, il a fallu renforcer le WiFI dans l’hôpital. Intéressé lui-même à l’affaire pour le proposer dans les chambres.

Etre bien à l’hôpital

© DR

Pour aménager ces coins livres des mètres carrés ont dû être trouvés (25 mètres linéaires de surface de vente et 80m2 d’espace de lecture à la boutique de la Cavale Blanche ; 15 mètres linéaires de surface de vente et 30m2 d’espace la boutique de l’hôpital Femme-mère-enfant du centre-ville). L’espace des boutiques n’a pas changé, Izee en tire un meilleur parti avec, notamment, d’avantage de repas en libre-service dans les frigos qu’il suffit d’aller payer en caisse. « Et notre savoir-faire, c’est de ne faire attendre personne grâce à disposer trois ou quatre caisses au lieu de deux », précise François Rocher.

Les ventes de livres, enregistrées plus loin sur des caisses différentes dans la boutique, ne gênent en rien. Personne n’achète de livres le midi, au moment du coup de feu. Seulement le matin ou l’après-midi. Si la libraire n’est pas là en personne, se partageant entre les deux sites, le personnel la remplace au coin librairie.

« Nous avons repris les mêmes personnes, c’est le principe de la concession, la complicité avec les gens de l’hôpital qui les connaissent, nous aide. Au départ, vendre des livres leur paraissait étrange. Mais à présent, elles reçoivent des compliments des clients. Tout va bien », raconte François Rocher.  Il voudrait bientôt engager un second libraire, ou des assistants libraires, si les boutiques fonctionnent bien. Pour le moment le démarrage se passe bien. « Nous avons dépassé nos prévisionnels chaque mois et beaucoup progressé en septembre », indique François Rocher.

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *