Le CH d’Argenteuil automatise la dispensation nominative

Après avoir investi dans plusieurs générations de robots de préparation et de conditionnement, le CH Victor Dupouy d’Argenteuil a fait un pas supplémentaire dans l’automatisation de sa pharmacie en s’appliquant à la dispensation nominative. Au nom de la sécurisation.

© CH Argenteuil

Depuis la certification V2014 qui en « recommande » l’optimisation, le CH Victor Dupouy d’Argenteuil s’inscrit dans une dynamique musclée de modernisation et de sécurisation de son circuit du médicament, faisant notamment du Contrat d’amélioration de la qualité et de l’efficience des soins (CAQES) l’opportunité d’une dispensation nominative automatisée (DNA) pour les formes orales sèches. Ainsi, et après s’être limité aux séjours d’au moins cinq jours afin de couper aux modifications incessantes, l’établissement support du GHT Sud Val d’Oise-Nord Hauts-de-Seine expérimente-t-il la démarche sur ses unités gériatriques, soit quelque 150 lits et places sur les 800 que compte le site.

Une extension progressive

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Première étape : l’achat des machines évidemment, à l’appui d’un marché Resah qui, aux critères de performance et de maintenance, ajoute celui de la compacité pour un moindre encombrement. À l’automate de coupe et d’ensachage initial (MC 500) s’adjoignent ainsi deux générations successives d’automates de coupe et cueillette pour dépose en pilulier (ACCED 1 et 2 Deenova®), sur la base desquels est lancée l’extension progressive de la DNA, d’abord sur les longs séjours dès 2019, puis les soins de suite et courts séjours en 2021.

« Montant de l’investissement, nettement minoré grâce au marché de la centrale : 700 000 euros, auxquels s’ajoute notamment la création d’une salle dédiée selon les recommandations du Club des Utilisateurs d’Automate de Pharmacie éclairage, température, humidité… », précisait Jean-Luc Pons, chef de service à la pharmacie de l’hôpital, lors de la journée « robot et automates » à Montrouge en juin dernier.

Tout le circuit à repenser

Mais alpha de la démarche, la technologie n’en est pas pour autant l’oméga ! « La réussite passe aussi et surtout par la patience et un circuit du médicament intégralement revisité », souligne le praticien hospitalier. À l’appui d’un travail partenarial mené très en amont, non seulement avec les équipes médicales et paramédicales, mais également avec les services techniques et le service informatique, une forme de contrat multipartite définit les responsabilités de chaque partie prenante. Aux uns les préparation et production automatisées des piluliers ainsi que le respect des horaires de dispensation, aux autres le contrôle des piluliers et leur rangement dans les armoires, de stockage ou de transfert selon le moment.

Les prescriptions ajustées

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La collaboration entre pharmaciens et prescripteurs porte également sur les changements de pratique. En effet, la DNA n’induit pas seulement une révision des dotations ; elle entraîne aussi une évolution du livret thérapeutique de l’hôpital. À Argenteuil, 60 à 80 associations nouvelles de spécialités pharmaceutiques ont par exemple été ajoutées pour optimiser la production. De nouvelles modalités de prescription sont par ailleurs fléchées : « outre leur respect absolu des horaires, il faut notamment éviter les « hors livret » et les « si besoin », rapporte Jean-Luc Pons. Enfin, poursuit-il, « l’association des ergothérapeutes est essentielle, la DNA modifiant les postes et postures ». Dotant les préparateurs et IDE d’une nouvelle qualité de vie au travail, des achats de matériels ont donc été réalisés : sommiers adaptés en hauteur pour une manipulation aisée des armoires, chariots de soins motorisés pour compenser le poids…

Chacun pour l’autre

S’élevant à plusieurs millions échelonnés sur 7 ans, auxquels s’affichent les deux nouveaux robots Deenova attendus en octobre 2023, l’opération génère une production qui avoisinera alors les 4 millions de doses annuelles… « Un engagement massif certes, mais à la hauteur de l’enjeu – la sécurisation de la prise en charge médicamenteuse – et qui ne profite pas qu’aux services en dispensation nominative puisqu’il permet aussi de préparer des carnets de doses de médicaments commercialisés en vrac (jusqu’à 500 par jour) ainsi que des ½ et ¼ de comprimés identifiés jusqu’à leur administration aux patients », tempère Jean-Luc Pons. Et un investissement pour partie compensé par la sous-traitance de doses unitaires à d’autres établissements du GHT, « l’avenir de l’efficience collective étant au partage des solutions robotiques », augure le spécialiste.

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