HCL : les patients se mettent au coworking

À la Clinique de médecine ambulatoire des Hospices civils de Lyon, les patients ont désormais la possibilité de travailler pendant leur soin. Une salle équipée comme un bureau au look contemporain est à disposition depuis février.

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Qui aurait cru que la tendance du « coworking » aurait pu toucher l’hôpital ? C’est pourtant un service désormais rendu à la Clinique de médecine ambulatoire (CliMa) aux Hospices civils de Lyon (HCL). Et ce, non pas au bénéfice des professionnels, mais des patients. Depuis février dernier, une longue table et cinq fauteuils de bureau, deux ordinateurs fixes, un lustre comme au-dessus d’une table de salon, équipent une pièce de la CliMa. Ce local doté détonne aussi avec sa banquette jaune devant un mur bardé de bois vert sapin et sa grande fresque murale aux couleurs chatoyantes.

Des demandes de patients

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La salle de coworking est née dans la foulée du pic de la pandémie du Covid-19. « Chaque patient devait être isolé, or le service de 22 places ne disposait que de six chambres individuelles. Les consultations devaient être réalisées à distance, ce qui libérait 10 boxes », se souvient Sandrine Cottin, cadre de santé à la CliMa de l’Hôpital Edouard Herriot, qui a alors converti chaque chambre et chaque cabinet de médecin en chambre individuelle.

« Ici les patients sont très autonomes, la plupart viennent pour des cures itératives toutes les 4 ou 5 semaines. Plusieurs fois, j’en ai retrouvé non pas assis sur la banquette qu’on avait ajoutée dans les boxes de consultation, mais au bureau à la place utilisée habituellement par les médecins. Et ils ont émis le souhait de continuer à être installé ainsi, de pouvoir venir avec leur ordinateur… », raconte-t-elle.

Trouver le budget

L’idée d’un espace de « coolworking », comme il est appelé aujourd’hui, germe alors dans la tête de la cadre. Sandrine Cottin commence par chercher quel endroit convertir, s’improvise architecte sur un logiciel gratuit puis montre ses plans d’amateur… S’ils n’ont pas vraiment séduit son équipe, les patients ont été réceptifs et lui ont donné quantité d’idée : « J’avais imaginé des mange-debout, ils préféraient des fauteuils, ils ne voulaient pas de téléviseur  », explique la cadre qui finalement sollicite une architecte d’intérieur de son entourage pour un regard professionnel sur ses dessins.

Nous sommes au début de l’été 2020, et la direction générale de l’établissement propose un appel à projet pour se donner les moyens de généraliser les bonnes idées issues de la crise. Sandrine Cottin soumet alors son dossier « coworking », avec un chiffrage des services techniques à 93 000 €… Puis le verdict tombe tel un couperet : trop cher. L’établissement n’acceptait de payer que la moitié. La cadre est sur le point d’abandonner quand on lui suggère de demander un financement par la Fondation HCL. Laquelle dit banco pour la totalité du budget nécessaire.

Une déco loin des codes de santé

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Il est décidé d’installer l’espace de coworking à la place d’un office alimentaire (refait à côté) et d’une pièce où les aides-soignants accueillent les patients. Pour prendre en compte les cyber-risques, un réseau internet séparé de celui de l’établissement est acheminé dans ce bureau inhabituel.

Côté achats, les gros travaux, comme la destruction d’une cloison, la peinture, la menuiserie, mais aussi le matériel sont réalisés avec les artisans de marchés en cours. « L’architecte s’est occupée de la banquette et des luminaires, faute de trouver des équivalents aux marchés. Elle a aussi trouvé une artiste lyonnaise pour la fresque  », explique la cadre qui voulait un espace plus proche de l’ambiance d’un domicile que d’un lieu de santé.

Un parcours inchangé

Sandrine Cottin (au centre), entourée de l’architecte et de l’artiste lyonnaise.

Depuis l’ouverture de cette salle en février 2023, le parcours de soins demeure le même. La veille de leur venue, les patients sont affectés à un lieu de soin sur le planning. Le jour J, une fois passés par la salle de prélèvement où sont posés les cathéters, ceux qui sont affectés à la salle de « coolworking » s’y installent. De fait, la perfusion peut être installée de la même manière que le patient soit dans un fauteuil de bureau ou dans une chambre.

À la fin du traitement, une fois le médecin vu dans un box de consultation, ce dernier peut partir. Résultat aujourd’hui, dans cette nouvelle salle, les patients prennent leur petit déjeuner, travaillent avec leur perfusion, reviennent en fin de parcours pour attendre leur transport. « Ici, on va, on vient », résume la cadre à propos de cette salle à la porte double entièrement vitrée afin que les soignants puissent voir les patients et bénéficier de la lumière dans le couloir.

Donner envie à d’autres

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Les personnes soignées « trouvent que l’endroit est beau, détend, qu’on ne voit jamais cela à l’hôpital. Ils me disent qu’il faudrait faire cela partout ! », se réjouit Sandrine Cottin, qui précise que la salle accueille en permanence au minimum trois patients. Les soignants ont été finalement conquis. De fait, les patients mieux installés ont plutôt tendance à être plus agréables. « Il faut dire aussi que la Fondation a financé la réfection de tout le couloir du service, désormais turquoise en bas, blanc en haut et traversé par une bande de couleur ardoise. Souvent on me dit : c’est chic ! », sourit Sandrine Cottin, qui si c’était à refaire, referait « plus grand encore ». Mais surtout, elle espère « donner envie » aux autres services.

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