DOE : to BIM or not to BIM

Il n’y a pas que les fondations pour soutenir un équipement ! Afin d’asseoir durablement ses nouveaux bâtiments, le CHU de Caen Normandie a également, dès 2016, misé sur sa modélisation digitale. Une construction 100 % BIM, y compris le dossier des ouvrages exécutés (DOE), qui veut aussi – et surtout – servir l’exploitation et la maintenance de l’ouvrage tout au long de sa vie.

© CHU Caen Normandie

Le plus souvent utilisé en phase conception pour visualiser le projet dans son ensemble et garantir la coordination spatiale la plus fine possible, le BIM (Building Information Moddeling) se voit beaucoup plus rarement exploité en phase d’exploitation et de maintenance. Pourtant, cette maquette numérique en 3d constitue aussi une mine d’informations pour gérer les bâtiments, voire en optimiser les coûts, notamment de consommation énergétique.  À une condition toutefois : reposer sur un DOE BIM digne de ce nom ! Respectivement ingénieur patrimoine et dessinateur modeleur BIM au CHU de Caen Normandie, Guillaume Ledebt et Frédéric Foret étaient, mi-juin, aux Journées des Ingénieurs Hospitaliers de France pour bien le souligner.

Bien affiché au marché

© CHU Caen Normandie

Prévue pour une livraison intégrale en 2027, la reconstruction du CHU de Caen Normandie, s’appuie en effet à 100 % sur la modélisation digitale et les process de travail qui vont en découler. Au programme, près de 1400 lits et places, 35 salles de bloc et 26 salles d’imagerie médicale, le tout sur une surface totale de 111 000 m2 où depuis mai dernier, les premiers bâtiments – Biologie et Logistique/Pharmacie/Administration-LPA – éprouvent la dynamique.

Aux « Informations complémentaires » de l’avis de pré-information publié en janvier 2020, cette dernière était, de fait, clairement affichée : « une démarche d’échange BIM sur base de maquette numérique 3d est mise en place depuis la phase conception jusqu’à la réception des ouvrages, y compris remise des DOE, dans la perspective de l’exploitation future des bâtiments. »

Un DOE BIM exhaustif

Frédéric Foret (à gauche) et Guillaume Ledebt ©LD

Présenté sous forme de maquette et dossier numériques destinés aux exploitants des bâtiments pour faciliter leur compréhension de l’ouvrage, « ce DOE BIM modélise tous les lots et disciplines sous forme de données géométriques (dimensions…), alphanumériques (références produit…) et documentaires (rapports de tests, fiches techniques…) », explique Guillaume Ledebt.

Cette « universalité » le contraint à afficher plusieurs qualités : « il doit être sécurisé pour garantir la confidentialité des données, facilement accessible par toutes les parties prenantes, normalisé pour garantir son interopérabilité avec les différents systèmes de logiciels notamment métiers, évolutif au fil des mises à jour de l’ouvrage et, bien évidemment, exhaustif, sans quoi cela n’a pas de sens », liste Frédéric Foret.

Des utilisateurs pluriels

En clair, il s’agit de « produire une information utile, de qualité et partagée », résume le technicien… Une information dont les services techniques ne seront pas les seuls bénéficiaires – que ce soit pour planifier la maintenance en lien avec la GMAO, voire anticiper les pannes ou repérer les zones de performance à optimiser – mais aussi les utilisateurs métiers, pour se former à un équipement par exemple. Les autres services supports sont aussi concernés, parmi lesquels les achats au premier chef : « le DOE BIM a ainsi permis de calculer l’ensemble des surfaces vitrées des bâtiments tout en listant leurs contraintes (hauteurs…), une vraie plus-value aux marchés d’entretien », cite-t-il.

Sur son mobile aussi

© CHU Caen Normandie

Mais ces atouts ont évidemment leurs exigences : d’abord « clarifier les attentes de chacun bien en amont de la maquette numérique, à défaut de quoi le DOE risque fort de demeurer au fond du disque dur », prévient Guillaume Ledebt. Ensuite, poursuit-il, « s’assurer de son accessibilité, quel que soit le niveau d’accréditation de l’utilisateur à venir, et cela à l’appui d’un descriptif précis rédigé dès la phase marché avec les « prestataires sources » (architectes ingénieurs, entreprises de construction, fabricants de produits…) et l’assistance à maîtrise d’ouvrage BIM : modélisation cohérente des données, fluidité de navigation (par zone, par système, par usage…), etc.

« Sans oublier, et c’est là, du ressort du CHU, le choix de la plateforme d’accès finale, en l’espèce Revizto, « les impératifs liés à la sécurité informatique et à la souveraineté des données ayant évincé une grande partie de solutions « cloud », explique l’ingénieur normand… Une application qui plus est disponible en version mobile et tablette, pour une utilisation « tout terrain » qui permettra ainsi d’user pleinement du BIM pour que rien ne s’abime.

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