DM connectés : un achat compliqué

L’achat des dispositifs médicaux connectés a fait l’objet d’une « master class » lors des dernières journées de l’AFIB à Lille. Amenés à devenir de plus en plus nombreux, ces équipements qui nécessitent un minimum d’interopérabilité et de cybersécurité, exigent une démarche collégiale.

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L’avenir passe forcément par la santé numérique. Il y a trois ans, le cabinet américain Frost&Sullivan projetait que le marché mondial dans ce secteur représenterait 234,5 milliards de dollars en 2023. Autant dire que le DM connecté risque de devenir un standard.

Ce qui n’est pas sans poser problème puisque ce type d’équipement se retrouve à la frontière de deux mondes qui échangent peu et ont aussi du mal à se comprendre, celui des DSI et celui de l’ingénierie biomédicale. Résultat : une absence de coordination et des frictions lors des demandes, à la dernière minute, de connexion de nouveaux matériels aux systèmes d’information.

Les dernières journées de l’AFIB à Lille ont donc consacré une « master class » à la problématique de leur achat. Premier point qui ne surprendra personne : tous les professionnels participants ont mis en avant l’impérieuse nécessité d’une approche collégiale et pluridisciplinaire.

Une passerelle entre deux mondes

L’ingénieur biomédical a besoin d’une « compétence tierce pour comprendre », a confirmé Alban Pellegrino, du CHU de Strasbourg. D’autant que les sources d’achat sont multiples (direction achat, pharmacie) et que les clauses techniques sur la mise en service et l’intégration informatique des DM brillent parfois par leur absence.

Le CH suisse du Valais a trouvé une solution en créant un poste de référent « DM connectés » capable de vulgariser si besoin auprès de ses collègues les incidences numériques du choix d’un nouveau matériel, et de mieux définir le besoin dans les cahiers des charges. Deuxième point crucial : l’interopérabilité, souvent très compliquée à atteindre. Ce qui pousse à l’achat d’équipements d’une même marque.

Questionner les fournisseurs

La cybersécurité ajoute encore du piment à l’affaire. Certes, il faut intégrer le risque lié à la sécurité numérique, a expliqué Sandrine Roussel, ingénieur biomédical au CHU de Besançon, mais il ne fait que s’ajouter aux autres risques, sans s’y substituer. « On ne peut pas privilégier la sécurité numérique plutôt que l’hygiène », a-t-elle prévenu.

Pour aider les professionnels à y voir plus clair, l’AFIB a élaboré un questionnaire standardisé à intégrer aux consultations afin d’interroger les fournisseurs sur le sujet (lire notre article du 17 décembre 2020). En Suisse romande, un document (composé d’une trentaine d’items), intégré aux appels d’offres, est complété par les fournisseurs. Pondéré à 10 %, il permet d’évaluer les risques, notamment de vulnérabilité, a témoigné Jessica Rat, ingénieur biomédical du CH du Valais.

Responsable de la sécurité des systèmes d’informations du CHU de Brest, Jean Sylvain Chavanne a insisté sur la nécessité de contextualiser les analyses de cybersécurité appliquées aux DM. Pour ce faire, il a défini quatre catégories : les appareils autonomes, comprenant la fourniture par l’équipementier du DM, d’un ordinateur et d’un serveur ; le DM associé à un PC qui doit être intégré dans le domaine ; la machine couplé à un serveur virtualisé à installer ; et enfin le DM connecté au cloud.

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