Des lunettes de sécurité augmentée au CHU de Lille

Destinées à fluidifier les process autant qu’à en sécuriser les étapes, des lunettes de réalité augmentée équipent depuis peu l’unité de préparation des chimiothérapies du CHU de Lille… Une première, encore réservée aux essais cliniques, qui sera présentée le 28 juin à la journée Robots et Automates proposée par l’ANAP et le Resah, et dont les bénéfices sont déjà visibles à l’œil nu.

© Davy Rigault

L’histoire remonte à une dizaine d’années : « Les essais cliniques en chimiothérapie exigeant des préparateurs une formation assez longue et une concentration soutenue, nous cherchions un moyen simple de les guider étape par étape, sans accaparer leurs mains ni détourner leur regard. Les outils qui émergeaient alors sur le champ de la logistique nous ont inspiré l’idée de lunettes de réalité augmentée spécifiques », confie le professeur Pascal Odou, chef de service au CHU de Lille.

Plus de fiabilité, moins de stress

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Conçues par la faculté de pharmacie de Lille, en partenariat avec l’école centrale de Lille et Computer Engineering dont le logiciel Chimio équipe l’Unité des préparations cytotoxiques centralisées (UPCC) du CHU depuis plus de dix ans, ces lunettes connectées à commandes vocales vont en effet considérablement faciliter le travail des préparateurs dans l’isolateur.

« Chaque essai clinique requiert ses enchaînements complexes qui, après paramétrage, sont donc désormais décrits directement sur l’écran des lunettes au fur et mesure de la préparation, grâce à l’interface développée par l’éditeur du logiciel de gestion des chimiothérapies », détaille le docteur Michèle Vasseur, pharmacien responsable de l’UPCC. Résultats : « plus de fluidité dans la réalisation, moins de charge mentale et une sécurité accrue, puisque tout le système bloque en cas d’étape sautée ou de dosage incorrect », rapporte-t-elle.

La fin du double contrôle visuel

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Et les atouts de ce pilotage innovant ne s’arrêtent pas là. « Associé à un outil de lecture (codes-barres ou datamatrix) et de prise de vues intégré aux lunettes qui renvoie toutes les données visuelles vers le logiciel Chimio, le dispositif garantit la traçabilité de l’ensemble la chaîne, depuis la prescription, à partir du numéro d’ordonnancier, jusqu’à l’administration », souligne le directeur technique de Computer Engineering, Vincent Hourdequin.

Mieux encore : grâce aux photos ainsi prises à chaque étape et aux alertes immédiates en cas d’erreur, « la mobilisation d’un deuxième préparateur affecté au double contrôle visuel n’a plus lieu d’être, d’où une optimisation organisationnelle non négligeable », se félicite Michèle Vasseur.

D’autres champs possibles

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Aujourd’hui limitées à la dizaine d’essais cliniques que l’UPCC du CHU de Lille réalise chaque jour, les lunettes de réalité augmentée pourraient donc bien – au vu de ces premiers retours positifs – s’étendre demain aux préparations classiques, soit 200 opérations quotidiennes… « Voire se déployer sur d’autres champs de préparation pharmaceutique, notamment au sein d’unités non robotisées », suggère même le professeur Odou.

D’ailleurs, tout en travaillant à l’amélioration de la solution actuelle, Vincent Hourdequin l’annonce : le nouveau module devrait, d’ici quelques mois, intégrer d’autres de leurs applications, pharmaceutiques et/ou logistiques. Reste toutefois la question du financement : de 12 000 à 35 000 € HT pour la licence AR/Chimio selon la dimension et la volumétrie de l’établissement, somme à laquelle s’ajoute le coût des lunettes de réalité augmentée (autour de 2 000 € HT la paire) ainsi que la maintenance (de 1 500 € à 7 000 €/an), l’ensemble sans oublier, bien sûr, l’installation Wifi indispensable en salles de préparation. » Un investissement somme toute raisonnable » selon l’éditeur pour une performance visiblement augmentée.

Pour en savoir plus sur la journée Robots et Automates

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