CHI Caux Vallée de Seine : s’inquiéter de ne pas inquiéter

Confronté à l’arrivée de plus en plus massive de personnes âgées vivant avec des troubles cognitifs, l’hôpital de Lillebonne (CHI Caux Vallée de Seine) a décidé de repenser son accueil en commençant par le service des urgences. Objectif : un établissement « Alzheimer friendly » où patients et soignants bénéficient tous d’un environnement plus apaisant.

© F.Pilorget

Bruit, agitation, parfois même impatience ou brusquerie… S’il constitue toujours un choc pour celui qui y arrive, par nature fragilisé, le rythme du service des urgences peut profondément déstabiliser une personne âgée et/ou souffrant d’une altération des fonctions cognitives. « La situation crée alors plusieurs « victimes », le patient bien sûr, dont l’angoisse majore les troubles, mais aussi les équipes, pour lesquelles la prise en charge se voit compliquée d’autant », pose Franck Pilorget, cadre de santé et infirmier anesthésiste aux urgences du site de Lillebonne relevant du CHI Caux Vallée de Seine. Conscient qu’il faut donc revisiter les conditions d’accueil et de soins des plus vulnérables, le professionnel saisit, en 2022, l’occasion d’un appel à projet lancé par la Fondation Médéric Alzheimer pour passer à l’action.

Faire beaucoup avec peu

Franck Pilorget

Appuyé par sa hiérarchie et en collaboration avec les services médecine et imagerie de l’établissement, il s’attaque à l’ambiance générale des lieux. Et prouve, sur le papier, « qu’on peut déjà faire beaucoup avec assez peu » : une autre luminosité pour moins agresser, de nouvelles teintes pastel au mur des box pour apaiser, des stickers d’arbres et de fleurs pour égayer, des dalles de plafond repeintes pour illuminer. Le réconfort passe même par un projet d’aromathérapie pour lequels un collègue infirmier part en formation et l’achat d’un projecteur d’aurore boréale. Au total, la facture s’élève à quelque 8 000 euros « une somme, certes, huit fois plus élevée que celle que le prix « coup de cœur » du concours nous aura finalement permis de percevoir, mais qui reste soutenable par l’hôpital », rapporte le cadre de santé.

Décidés par les 50 agents du service, les travaux débutent au mois de septembre dernier, d’abord centrés sur les urgences où 23 000 personnes sont reçues chaque année, pour 40 % âgées de plus de 65 ans… « En parallèle, des comportements moins anxiogènes sont instaurés, témoignant d’une nouvelle culture », poursuit le soignant, par exemple « éviter de courir ou de crier à travers les couloirs, prendre le temps de prendre la main, quitte à retarder légèrement la perf !… »

Une dynamique porteuse de qualité de vie au travail

© F.Pilorget

Faisant tache d’huile, la dynamique vertueuse s’étend maintenant aux autres unités de soins : à la radiologie, où de nouvelles peintures et stickers apparaissent aussi tandis qu’ailleurs, certains fauteuils d’agents s’assortissent à la couleur des murs. « Cette dernière action a même été financée sur le budget « Qualité de vie au travail » car exercer dans un univers plus relaxant et auprès de patients moins agités fait bien partie de cette ambition », assure Franck Pilorget…

Une évidence plus criante encore au regard des chiffres qui, de 225 000 nouveaux cas déjà diagnostiqués chaque année, projettent à plus de deux millions le nombre de personnes touchées par une maladie neurocognitive d’ici 2040. « Penser aujourd’hui un hôpital « Alzheimer friendly », c’est donc juste penser un hôpital « future friendly » offrant à chacun un lieu de soins plus chaleureux », conclut le cadre normand.

 

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