Une propreté plus responsable au CH d’Arras

L’établissement artésien a décapé ses achats de nettoyage pour leur donner plus de lustre dans le domaine du développement durable. Depuis la fin 2022, l’hôpital a commencé à stopper le recours à des détergents et à recourir progressivement à des méthodes sans chimie. Il a concomitamment activé une clause sociale qui a déjà remis en selle trois personnes éloignées de l’emploi.

© CH Arras

Depuis la fin 2022, le centre hospitalier d’Arras a décidé de faire le ménage dans ses prestations de nettoyage. En pleine démarche de labellisation THQSE, le pôle femme mère enfant est un champ idéal pour soulever le tapis et réfléchir à une manière plus durable de rendre les sols propres. Avec l’aide d’une société locale, Décitex, un test sans détergent démarre à la mi-novembre. La finesse des microfibres, fabriquées avec des matériaux recyclés, augmente la force mécanique et traque la salissure dans les moindres irrégularités de surface.

Plus écologique et plus économique

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Tout ne va pas forcément comme sur des roulettes. « Au bout d’un mois, on s’est aperçu que les franges étaient très sales.  Cela s’expliquait par la récupération du biofilm consécutif à l’utilisation de chimie durant 15 ans », expose Delphine Belard, cadre de santé du bionettoyage, « aussi bizarre que cela puisse paraître les sols ont retrouvé toute leur brillance » Il faut aussi balayer les idées préconçues. Comme le relate Frédéric Hebequet, chargé de mission au bionettoyage : « Dans les esprits, la bonne odeur donne la sensation de propre. Or, le propre n’a pas d’odeur ».

Mais les avantages de la formule l’emportent. Le résultat visuel est là. La QVT aussi. Plus d’inhalation de détergents, plus d’irritations cutanées. « Les agents skient avec le balai, ce qui provoque aussi moins de TMS », observe Marcel Coplo responsable des achats. Le tout avec des économies à la clef. « Nous avons mené une étude avec la blanchisserie, chargée de nettoyer le matériel. Moins lourdes (49 grammes contre 110 auparavant), les franges utilisées ont permis de diviser par deux la consommation d’eau. Et le temps de séchage est passé de 45 à 15 mn », illustre Marcel Coplo. Résultat, un peu plus de 1100 euros de gains sur un an rien que pour la maternité.

Première clause pour le nettoyage à Arras

Convaincu des bienfaits de la démarche, l’hôpital demande à Elior, titulaire d’un marché Resah, chargé de nettoyer les circulations et le tertiaire, de se mettre à la page. Les détergents passent aux oubliettes et les auto laveuses sont équipées de « disques diamant » pour briquer les couloirs. Le « sans chimie » est déployé par paliers.  « Il faut convaincre les personnes de l’intérêt de la méthode et les accompagner », prévient Delphine Belard. Cela passe par une période de formation des agents du centre hospitalier. Le suivi quotidien sur le terrain a permis également d’intégrer les équipes soignantes, interrogatives sur le bien-fondé de cette démarche.

Marcel Coplo

Mais l’établissement artésien ne se contente pas de ce dispositif environnemental et active la clause sociale disponible pour le marché précité. Une première pour le nettoyage au CH d’Arras. « Dans ce secteur caractérisé par de bas salaires, il est important de remettre l’être humain au centre. L’hôpital est un acteur de son territoire », argue Marcel Coplo.  Le quota d’heures est fixé à 1440 heures par an. Pour éviter de longs déplacements, un recrutement de proximité est privilégié. Le facilitateur, la Maison de l’emploi et des métiers en Pays d’Artois, limite le champ des recherches à un rayon de 30 km. « Les sociétés de nettoyage ont souvent des difficultés pour trouver de la main d’œuvre. La clause peut être une solution. L’idée, c’est que les personnes restent dans leur poste », insiste le responsable des achats.

Objectif en heures déjà dépassé

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Avec plus de 1700 heures, l’objectif initial a déjà été dépassé. Trois personnes ont bénéficié de la clause. Une quatrième pourrait bientôt les rejoindre. Des résultats prometteurs qui poussent l’hôpital à persévérer. Deux autres marchés ont été clausés. L’un concerne la réhabilitation du bâtiment Dumand (494 heures), l’autre un déménagement d’archives (70 heures). Et le 14 juin dernier, Philippe Merlaud, le directeur général de l’établissement, a paraphé une convention de partenariat avec la Maison de l’emploi et des métiers en pays d’Artois. De quoi identifier d’autres procédures. Marcel Coplo a déjà des idées sur la question, notamment du côté des prestations intellectuelles.

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