L’hôpital privé de Vannes ouvre le Green Med Score

Évaluer pour valoriser et progresser… Afin de guider les établissements de santé sur le chemin complexe de la RSE et de mesurer le chemin accompli, un référentiel spécifique, baptisé Green Med Score, a été imaginé. Avec l’hôpital privé Océane de Vannes en guise d’éclaireur éclairé.

Mais comment se mesure l’éthique et quelle éthique donner ensuite à ladite mesure ? Si la prise en compte des critères ESG (Environnement, Société, Gouvernance) fait désormais partie des préoccupations premières des établissements de santé, la démarche relève bien souvent de « l’usine à gaz » avec ici des actions marginales ou là des impacts indéchiffrables. Bref, de quoi décourager les bonnes volontés et barrer le chemin de la transformation qui en est pourtant le but réel.

Pour aider à, l’inclusion intelligible des sujets sociétaux et environnementaux dans leur stratégie, la société arradonnaise Oponce Analytics a donc développé un référentiel spécifique au monde médical permettant d’en caractériser tout à la fois les façons d’acheter, de produire et de gérer les impacts. Objectif : mieux en suivre la progression dans le temps.

L’attribution d’une lettre, comme le Nutri-Score

Deux ans de travail auront été nécessaires pour élaborer cet outil de pilotage RSE baptisé « Green Med Score » à la conception duquel s’est associé le docteur Benoît Barbier, anesthésiste réanimateur à l’Hôpital privé Océane (HPO) de Vannes. « Nous voulions un dispositif simple permettant d’éclairer l’engagement de manière exhaustive et concrète à l’appui d’indicateurs tous mesurables et donc opposables », pose le directeur exécutif d’Oponce Analytics, Renaud Chalochet.

Sur le papier, la démarche semble en effet aisée : « sur une plateforme, l’établissement enregistre ses données dont l’analyse, par nos équipes, génère un « Green Score » sur 100 points correspondant à la moyenne des notes obtenues dans les trois dimensions (environnementale, société et éthique). Pour plus de lisibilité, ce score final est aussi donné sous forme de lettre à la façon du Nutri-Score et s’y adjoint l’indicateur Oponce qui chiffre la pollution par individu au sein de l’établissement », développe Renaud Chalochet. Pour information enfin, le prix au carbone du bilan est également indiqué.

Une centaine de critères

Premier à avoir testé le parcours dont il a d’ailleurs pu ainsi finaliser la conception, l’HPO en offre lui une version plus « terrain » : « de l’énergie aux déchets en passant par la qualité de vie au travail (évaluée aux réunions conduites sur le sujet) et, bien sûr, les achats s’ils sont gérés in situ (nombre d’appels d’offres, relations fournisseurs… ), il s’agit d’une petite centaine de critères à renseigner, soit quelques bonnes heures de recherche pour les directions et services », rapporte ainsi Nicolas-Pierre Poizat, directeur du site. À l’appui de cette expérience, certains critères ont d’ailleurs été affinés et d’autres supprimés car trop difficiles à cerner.

Mais les apports de la dynamique sont incontestables : « d’abord réaliser un état des lieux objectivé, mettre ensuite en pleine lumière les bonnes pratiques et, enfin, tracer une voie d’amélioration continue à l’appui d’un score qui rend la référence et la comparaison possibles », énumère le responsable hospitalier. Seul aujourd’huii à avoir accompli l’intégralité de la démarche et être « scoré » (50 sur 10), l’Hôpital Privé Océane attend en effet l’année prochaine pour apprécier sa marge de progression et confronter son engagement à celui d’établissements analogues.

Révéler et réveiller !

Le praticien Benoît Barbier est lui aussi séduit : « véritable levier de mobilisation interne, la dynamique agit à la fois comme un révélateur, parfois même un électrochoc, et un stimulateur. Chaque ligne à renseigner suscite la réflexion et le débat », avance-t-il de son côté. Ainsi les équipes d’anesthésie de l’établissement breton ont-elles unanimement choisi de supprimer le protoxyde d’azote de leurs protocoles suite à cette prise de conscience des effets délétères du fluide sur l’environnement.

À l’image d’Océane, une dizaine d’hôpitaux et cliniques, essentiellement privés, sont à leur tour engagés dans le parcours dont le coût global s’élève à 3 500 euros annuels. Un Green Med Score spécialement dédié aux Ehpad devrait par ailleurs être lancé dès le printemps prochain, en attendant encore d’autres déclinaisons métiers consacrées aux pharmacies, aux centres d’imagerie ou encore aux maternités. Pour que chaque spécialité puisse performer.

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