Le travail de la Médiation des entreprises porte ses fruits

Avec deux fois plus d’interventions en quatre ans qu’au cours des dix années précédentes, la Médiation s’installe dans le paysage économique français et prouve que, si les différends ne tarissent pas, le dialogue commence à imposer sa voie.

Pierre Pelouzet, médiateur des entreprises © LD

Les chiffres sont parlants : que ce soit en nombre de sollicitations et médiations – 4300 en 2023 – comme au regard des nouveaux engagés dans l’achat responsable – 2549 signataires de la charte , 101 labellisés – «  nous vivons clairement un changement radical de comportement des acteurs entre l’avant et l’après Covid. »

25 % des saisines imputables au paiement

Débutant ainsi, le 21 mars, la présentation annuelle du bilan de la Médiation des entreprises qu’il dirige, Pierre Pelouzet n’a donc pas caché sa satisfaction : face à la complexité de l’environnement économique (crise sanitaire, flambée énergétique, inflation, événements géopolitiques…), le travail de fond mené pour « aider à se parler » et «  restaurer la confiance » porte ses fruits.

Certes, avec un quart des cas, les conditions de paiement, et notamment les délais, continuent de constituer le premier motif des 1940 saisines actées en 2023. La tendance serait même à la hausse avec 12,7 jours de retard contre 10 jours seulement en 2019. Ainsi, un « client » sur deux ne paie pas dans les délais légaux et si l’État semble devenu un « bon payeur » selon l’Observatoire des délais de paiement, collectivités territoriales et hôpitaux contribuent à la statistique (lire notre article du 10 novembre 2023 )

70 % de succès

Sans doute une des raisons d’ailleurs pour lesquelles, en parallèle, la Médiation incite les acteurs publics à pratiquer plus largement le paiement fournisseur anticipé ouvrant aux entreprises un affacturage à moindre taux… Quant à la commande publique en général, ses différends concernent 16 % des cas traités en 2023 (contre 18 % en 2022), surgis principalement dans le cadre de marchés de travaux.

Toutefois, 70 % des médiations engagées l’an passé ont abouti, comme c’est pareillement le cas pour les médiations collectives pilotées à la demande d’un groupe d’entreprises ou d’une filière entière (cosmétique, nucléaire, aéronautique…). Ainsi les acteurs de la communication et acheteurs publics ont-ils pu co-élaborer des « lignes de conduite » à suivre lors des consultations, lignes passant par exemple par l’indemnisation des créations non retenues.

Plus de cent labellisés

Mais si, de fait, l’outil de médiation prend « une ampleur de plus en plus considérable » aux dires de Pierre Pelouzet, ce même développement s’affiche sur le versant préventif, augurant de jours meilleurs. En effet, avec plus de 2500 signataires – dont désormais le CHU de Rouen – la charte la Relation Fournisseur Achats Responsables (RFAR) marque l’engagement croissant des acteurs économiques.

Un engagement qui, de plus en plus souvent, mène jusqu’à la labellisation : le nombre en a doublé depuis 2019 pour dépasser la centaine symbolique, comptant, entre autres, depuis 2023, la Direction des achats de l’État, le ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique ou encore Koesio Corporate IT…

Autant d’acheteurs publics et privés qui ont donc à cœur de faire évoluer leurs pratiques, non seulement auprès de leurs fournisseurs mais aussi sur le volet social et environnemental, le label incluant d’ailleurs quatre items nouveaux liés à la décarbonation. Parce que décidément, « aujourd’hui, on ne peut vraiment plus agir comme hier », a conclu le Médiateur.

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