La Pitié-Salpétrière s’attaque aux déchets de médicaments

La pharmacie de l’Hôpital Pitié-Salpêtrière en est à sa troisième campagne de mobilisation depuis 2021 pour mieux gérer et trier ses déchets de médicaments. La quantité de ces derniers a déjà diminué de 20%. Dans la foulée, l’idée d’une PUI verte est lancée.

L'équipe TRIMED ©Laurence Dentinger/AP-HP

« Aujourd’hui on n’a plus le droit de jeter n’importe quoi. Dépassé le chacun pour soi, quand je pense à toi, je pense à moi… ». Ces paroles de la fameuse chanson des Restos du cœur un peu revisitées sont désormais entonnées au sein de l’Unité fonctionnelle (UF) Médicament de la pharmacie de l’Hôpital Pitié-Salpêtrière-Charles Foix de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP). De fait, on y a pris le taureau par les cornes en soumettant une démarche intitulée Trimed (pour TRIons les Médicaments et Evitons les Déchets) à l’appel à projet « prime d’engagement collectif » lancé par Sorbonne Université en 2020.

Un palmarès des gros pourvoyeurs

Trimed est né du constat de l’augmentation croissante inexpliquée de la quantité de déchets éliminés entre 2016 et 2020 par l’établissement. Impulsé par Amélie Liou, pharmacienne praticien hospitalier référente développement durable au sein du département médico-universitaire épidémiologie et bio-statique, santé publique, pharmacie, pharmacologie, recherche, information médicale, thérapeutique et médicaments (DMU Esprit), le projet a été conçu dans le but de mobiliser les équipes autour des enjeux de changements climatiques et de développement durable.

Pour Trimed, l’UF Médicament a, pendant deux mois et demi, pesé tous les déchets de médicaments non cytotoxiques de l’hôpital. Objectif : identifier les services les plus pourvoyeurs. Une opération facilitée par l’organisation habituelle de l’établissement où tous les médicaments périmés et non utilisables sont acheminés via des seaux blancs à la pharmacie centrale, avant d’être éliminés par un prestataire de la filière chimique. « Ainsi, nous pouvons identifier les services pourvoyeurs », explique Amélie Liou. Verdict final : la pharmacie arrivait en tête des mauvais élèves sur la période, devant les services des urgences et des maladies infectieuses.

Une optimisation à l’UF Médicament

Au vu de ce constat, il a été proposé d’optimiser et de sécuriser toutes les filières d’élimination au sein de l’UF Médicament pour un Trimed 2. A l’aide du référent « Déchet », toutes les filières de déchets – les chimiques mais aussi celles du papier, du carton, des déchets ménagers et assimilés…- ont été réorganisées. L’unité s’est dotée de poubelles bi compartiment : papier/ordure ménagères pour faciliter le tri. De plus, des affichettes ont été conçues pour rappeler comment bien trier les déchets, ainsi que sensibiliser l’équipe au non-gaspillage et aux écogestes. Résultat, en ne mélangeant plus tout et n’importe quoi, la quantité des déchets de médicaments a diminué de 20 % sur les deux années de 2021 et 2022.

La poursuite de la démarche a permis de travailler en amont du circuit d’élimination pour réduire, recycler et réutiliser si possible les médicaments. Cela s’est fait par la promotion des bonnes pratiques de gestion de stock, et l’optimisation des dotations et du retour de médicaments. « Des actions ont été menées à propos de la gestion des médicaments en fonction des dates de péremption », mentionne notamment Manon Bidal, ambassadrice développement durable à la direction des achats, du développement durable et de la logistique au GHU Sorbonne Université.

Vers une « Eco PUI durable »

Dans le même temps, un groupe de travail s’est penché sur la conception d’outils de formation et de communication. C’est ainsi qu’ont été élaborés un logo Trimed, la chanson façon « Restos du cœur », une mini charte intitulée « Trimed Attitude » qui rappelle qu’il faut « refuser le constat actuel, réduire nos déchets etc… » (cf visuel). « Cela permet de donner de la visibilité à nos actions ainsi que de mobiliser et fédérer l’équipe autour des enjeux de changements climatiques et de développement durable », souligne Amélie Liou. Tout nouvel arrivant est désormais sensibilisé avec ces outils et formé par l’encadrement.

La Pitié ne veut pas s’arrêter là. Ainsi est désormais proposé Trimed 3 pour s’engager encore plus loin, non seulement pour l’UF médicament mais également auprès des services cliniques. En effet, les démarches des deux premiers Trimed vont être proposées à un service clinique « test ». En l’occurrence la maternité, déjà impliquée dans une démarche d’éco-soins. Aujourd’hui, l’idée d’un projet de PUI verte est lancée dans le cadre de l’appel à projets pour la prime d’engagement collectif 2023.

« On va s’atteler à promouvoir l’écoresponsabilité des professionnels de santé dans sa globalité : par exemple dans les appels d’offre inciter à la prise en compte des critères sur le cycle de vie des médicaments/dispositifs médicaux, les RSE des entreprises… ou en évaluant la pertinence de prescrire /déprescrire les médicaments pour en réduire le volume. Toutes ses actions vont avoir un impact sur le bilan carbone de nos activités. En conclusion, la prime d’engagement collectif lancée par Sorbonne Université a été un vrai levier pour mobiliser/fédérer l’équipe autour des enjeux de changements climatiques et développement durable. La gestion des déchets a constitué un point d’entrée pour l’engagement de l’UF Médicament dans la démarche d’écoconception d’une PUI durable, la « Green Phar », mais également pour promouvoir cette démarche auprès des services cliniques, » se réjouit Amélie Liou.

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *