Décarbonation record prévue au nouveau CHRU de Tours

Un tramway et un réseau de chaleur urbain vont faire diminuer de moitié le bilan carbone du CHRU de Tours actuellement en reconstruction pour 2028. Avec du béton, mais aussi du bois et du béton-bois.

© Sextant architecture

Le futur CHRU de Tours, dont les travaux viennent de débuter, est, au moins sur le papier, un modèle de décarbonation. « Elle sera massive, assure Ivy Mouchel, directeur des services techniques et du patrimoine, parce que 80 % de nos besoins en énergie chaud/froid seront couverts par un réseau de chaleur utilisant de la biomasse alors que, de notre côté, nous n’aurons plus à en produire, ni de froid. En plus, nous serons desservis par le tramway. »

Tour remplacée par deux bâtiments

Pensée dans le cadre du Ségur, la réorganisation du CHRU a été percutée par ces deux projets urbains tout neufs. Les cinq sites du CHRU d’aujourd’hui devaient être regroupés en deux principaux : à Bretonneau dans le centre-ville de Tours et aux confins de Chambray-les-Tours et Saint-Avertin dans le Sud où domine déjà la tour de 12 étages de l’hôpital Trousseau qui est remplacée par deux blocs de trois et quatre étages, à ses pieds.

Mais la trop grosse facture post-Covid des travaux a fait revoir le projet à la baisse. Finalement, le site du centre-ville ne change pas. L’hôpital psychiatrique est rapatrié comme prévu du nord de la ville. Mais ce n’est plus le cas pour la biologie et la pédiatrie dont les deux bâtiments qu’ils devaient avoir en propre sont abandonnés.

Evénement majeur, le site de l’hôpital Trousseau accueillera sur son emprise la chaufferie du nouveau réseau de chaleur sud de l’agglomération. Cela évite à l’hôpital de construire son propre système de production de chaud et de froid et d’y investir au total 5 millions d’euros.

AMO spécialisé construction bas carbone

Ivy Mouchel

Finalement, le projet architectural fixé au printemps 2022, les marchés de travaux revus sont signés ou en passe d’être passés pour une facture de 520 millions d’euros. Les premiers coups de pelle de ce que l’on appelle le Nouvel Hôpital Trousseau ont été donnés le 17 octobre.

Dès le départ, l’hôpital eu le souci de l’empreinte carbone dans ce projet. Oasiis, un cabinet spécialiste en construction bas carbone, a été engagé comme assistant à maîtrise d’ouvrage pour écrire le programme. La réglementation de construction RE2020 y sera respectée au maximum. 14 cibles HQE (eau, déchets, matériaux biosourcés, etc) sont visées sans prétendre, pour des raisons financières à une certification complète HQE.

Conséquence la plus visible, même si, la plupart du temps, le nouvel hôpital (80 000 m2) est construit en béton classique, le bois n’y passe pas inaperçu. « Dans le hall d’accueil qui fera le lien entre les deux bâtiments, il y en aura partout », signale Ivy Mouchel.

Béton bas carbone au même prix

© Epictura

Mais le plus innovant sera l’hôpital psychiatrique (13 000 m2), haut d’un seul étage, qui sera construit presqu’uniquement à partir d’un béton à structure de copeaux de bois. C’est un produit-phare du groupe Bouygues. Les murs seront préfabriqués en usine. Ce matériau allègera beaucoup la structure du bâtiment.

Ils lui donneront en outre, une concentration en matériaux biosourcés de 60 kg par m2 là où les labels les plus exigeants atteignent 36 kg par m2. « Le bâtiment d’activité psychiatrique sera vraiment exceptionnel. Ce sera le premier bâtiment en santé bénéficiant de la double labellisation bâtiment bas carbone (BBCA performance) et bâtiment biosourcé niveau 3, le plus élevé », souligne Ivy Mouchel.

Récupération de chaleur transférée

Autre élément de l’empreinte carbone, la récupération de la chaleur était l’une des bases du projet initial. Les 60 % prévus de récupération de chaleur fatale dans les chaufferies au gaz et les thermo-frigo-pompes de l’hôpital sont transférés au réseau de chaleur urbain et à ses compresseurs auxquels des objectifs de récupération maximale sont assignés.

Sans l’hôpital, le réseau de chaleur urbain n’aurait pas vu le jour. Donc le raccordement sera gratuit pour le futur CHRU et les conditions d’abonnement « seront inférieures à celles auxquelles on accède par le biais d’une autre source d’énergie verte », souligne Ivy Mouchel. Quant au foncier sur lequel la métropole de Tours bâtit la chaufferie, elle versera pour cela au CHRU, un loyer annuel conséquent sur une longue durée.

« Le progrès sera faramineux par rapport à la tour actuelle de conception années 1970 qui a ouvert en 1981 », juge Ivy Mouchel. Dernier élément, avec l’arrivée du tramway au printemps 2028, une plus grande proportion du personnel devrait emprunter les transports en communs. D’après une enquête interne fin 2020, ils seront 67 % à continuer d’utiliser leur véhicule personnel et 17 % prendront le tramway, contre 75 % et 8 % aujourd’hui.

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