L’automatisation des flux est en route au Québec

Depuis maintenant une décennie,  c’est la révolution logistique au CHU de Québec et au Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches. Un changement de braquet matérialisé entre autres par une reconnaissance de la fonction et une nouvelle organisation du travail. Mais aussi par la modernisation des équipements et l’automatisation des transports. Avec l’aide d’un troisième établissement, les deux structures précitées vont même contribuer à la mise au point d’un prototype de robot mobile autonome, baptisé PeeWee et mieux adapté aux contraintes hospitalières.

« On a toujours envie de repousser les limites ». Dixit Marie-Hélène Boulanger. La directrice de la logistique au CHU de Québec intervenait, le 2 avril dernier, avec sa consœur (et complice) Carole Bordes, directrice de la logistique du Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSSCA), lors d’un évènement organisé par le Pôle santé HEC de Montréal.

Cela fait maintenant pratiquement dix ans que la logistique de ces deux structures se métamorphose. Avec une refonte complète de l’organisation du travail : création de directions expertes, prise en charge de la logistique des derniers mètres et des « réserves secondaires » comme on dit dans la Belle Province, création d’un ratio logistique (0,165 équivalent temps complet par lit, en court comme en long séjour), calcul du temps potentiel gagné pour les soignants grâce au renforcement des équipes logistiques (lire notre article du 22 mars 2023)…

Une cinquantaine de VAG au CHU

Une nouvelle approche qui se concrétise aussi en termes d’outils et d’équipements. Depuis 2021, une plateforme clinico-logistique dernier cri, regroupant l’entrepôt, la fabrication des repas et la pharmacie, travaille quotidiennement pour les 5 hôpitaux du CHU de Québec  (lire notre article du 29 mars 2021). Elle bénéficie d’un VLM (vertical lift module). Ce système de stockage vertical composé de plateaux comprend un module central qui permet d’amener le plateau choisi avec les articles recherchés. 40 % des 1175 produits référencés sont concernés par ce mode de rangement.

L’automatisation de certains flux va aussi bon train. Le CHU prévoit d’acquérir une cinquantaine de véhicules autoguidés (VAG) pour son nouveau complexe hospitalier (NCH), dont les premiers bâtiments devraient être livrés en 2025-2026. De quoi acheminer les repas, les déchets, les fournitures médicales, le linge, les prélèvements de laboratoire, les produits pharmaceutiques. Près de 3000 déplacements pourraient ainsi être assurés chaque jour. Seuls les déplacements des patients, des produits radioactifs et les transports situés à un même étage continueront d’être réalisés à l’ancienne.

Un robot mobile autonome en gestation

Marie-Hélène Boulanger

Cependant ces VAG qui ont besoin de couloirs de circulations dédiés et d’ascenseurs compatibles sont surtout adaptés aux constructions neuves qui ont anticipé le déploiement de ce matériel, a pointé du doigt Marie-Hélène Boulanger. Quid de l’automatisation des transports de chariots dans un bâti existant ? Il existe certes des robots mobiles autonomes  (RMA ou AMR en anglais)  pour les petites et moyennes charges, a admis Carole Bordes qui a réalisé un sourcing des deux côtés de l’Atlantique. Mais a priori rien de capable de transporter de gros chariots de linge ou de repas.

D’où l’idée d’imaginer un RMA répondant spécifiquement à ces besoins. Le CHU de Québec, Le Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches et le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal vont donc apporter leur aide à l’entreprise québecoise Noovelia pour mettre au point l’engin, nom de code PeeWee.

Tests sur le terrain en septembre

Les trois établissements ont réussi à obtenir une aide de 500 000 dollars canadiens (environ 340 000 euros) du bureau innovation du ministère de la Santé pour contribuer au prototype. Agence chargée d’accélérer le développement de transports intelligents,  Propulsion Québec apporte également une enveloppe d’un montant identique.

Caroles Bordes

Des tests in situ devraient avoir lieu courant septembre à l’hôpital de l’Enfant Jésus (Québec ville), à l’Hôtel-Dieu de Lévis  (région de Chaudière-Appalaches) et à l’Hôpital Notre-Dame (Montréal). Si le banc d’essai s’avère concluant, Carole Bordes prédit un avenir radieux à PeeWee : « il va venir répondre à un besoin très grand d’automatiser nos déplacements. Nos magasiniers et nos employés logisticiens passent jusqu’à 50 % de leur temps à se déplacer avec des chariots et à attendre des ascenseurs… »

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