La méthode suisse pour un hôpital durable

Le projet de recherche « Green Hospital – Efficacité des ressources dans les hôpitaux suisses » a identifié les 4 secteurs (chauffage/climatisation, restauration, infrastructure bâtimentaire, médicaments) les plus énergivores et les plus polluants, avec environ 70 % de la charge environnementale globale. L’étude récapitule les solutions déployées par les établissements helvètes.

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D’après l’analyse des chercheurs suisses menés par le Professeur Regula Keller de l’université en sciences appliquées de Zurich (analyse reposant sur la méthode du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat IPCC 2013), quatre secteurs d’activité hospitalière représentent 70 % de l’impact climatique des hôpitaux.

Le projet de recherche « Green Hospital – Efficacité des ressources dans les hôpitaux suisses » identifie les domaines où des actions auront le plus de répercussions. Le « recueil de mesures pour des hôpitaux plus verts et efficients » (en allemand) liste des mesures concrètes pour agir sur les activités les plus consommatrices d’énergie. Chaque action est décrite avec une évaluation de sa facilité de mise en œuvre et la liste des hôpitaux suisses où elle a été déployée.

Un thermostat par pièce réglable à distance

Le chauffage et la climatisation représentent le premier poste de dépense d’énergie à l’hôpital avec 26 %. Le rapport liste 24 mesures que les hôpitaux peuvent mettre en œuvre : régulation de la température, isolation des bâtiments, utilisation de sources de chaleur et des rejets thermiques. La première mesure recommandée est l’installation systématique de thermostats et la réduction générale de la température. Les auteurs estiment qu’il s’agit d’une mesure relativement simple à mettre en œuvre, indépendante du type de chauffages utilisés, et qui ne nécessite qu’un faible investissement.

Grâce à ces thermostats, le niveau de température du bâtiment peut être mieux surveillé et régulé. Dans les nouvelles constructions et les rénovations, il est recommandé d’équiper toutes les pièces d’un thermostat réglable individuellement à distance, ce qui permet une interaction énergétique optimale entre le chauffage, la climatisation et la ventilation. Une action associée est l’optimisation du chauffage et de la climatisation et en particulier sa réduction pendant les périodes de faible fréquentation, notamment dans les salles de bloc opératoire. Les autres actions recommandées vont de l’installation de pompes à chaleur réversibles à l’utilisation de la géothermie, en passant par l’isolation de toutes les conduites et robinetteries.

Arrêter la fabrication des repas de réserve

La restauration est le deuxième secteur d’activité en termes d’impact climatique à hauteur de 17 %. D’un point de vue environnemental, le choix des aliments est important, tout comme la réduction du gaspillage alimentaire, qui est plus élevé à l’hôpital que dans les autres secteurs de restauration. Les auteurs du rapport partagent des exemples concrets d’information des patients et des professionnels ou d’adaptation de l’offre, d’automatisation de la commande (et de l’annulation) de repas, d’amélioration des processus d’achat et de commande ou de réduction des aliments d’origine animale en proposant plus d’options végétariennes.

De nombreux hôpitaux suisses font par exemple le choix d’arrêter de préparer des repas de réserve et, dans les cas exceptionnels, de permettre aux équipes de commander des menus et de les retirer à la cuisine dans les 10 minutes suivantes. Des établissements limitent le gaspillage alimentaire en proposant aux professionnels de récupérer les aliments non-utilisés et les repas non-servis en venant avec leurs tupperwares. Dans d’autres hôpitaux, les équipes du service restauration peuvent manger à un prix symbolique à la fin de la distribution des repas quand il y a des restes. Enfin, au CHU de Bâle, l’huile de friture est filtrée pour pouvoir être réutilisée trois fois, ce qui permet une économie de 2000 litres d’huile alimentaire par trimestre.

Isoler les bâtiments

L’infrastructure des hôpitaux représente 15 % de leur l’impact climatique. Le rapport liste six mesures permettant de le réduire. Déjà tenir compte des répercussions dès la planification des nouvelles constructions et des rénovations. Concrètement, il s’agit de privilégier la lumière et une ventilation naturelle et le bois ou des matériaux sourcés régionalement pour la construction. L’isolation des bâtiments permet de réduire de moitié l’utilisation d’énergie pour le chauffage ou la climatisation. Les énergies renouvelables doivent être prioritaires avec par exemple l’installation de panneaux photovoltaïques. Le verdissement des toits est aussi capital tout comme l’utilisation de l’eau de pluie grâce à des réservoirs, permettant l’arrosage des espaces verts extérieurs.

Réduire les stocks de médicaments

Les médicaments comptent pour 12 % de l’impact climatique des hôpitaux. Une analyse des processus a montré que, d’un point de vue pratique, les médicaments font partie des domaines présentant un fort potentiel d’amélioration grâce à l’optimisation des processus. Premier point, les stocks peuvent être considérablement réduits, de plus de 50 % dans certains services. Ce qui permet de diminuer la quantité de produits qui doivent être éliminés en raison de leur date de péremption. Pour ce faire, différentes solutions sont mises en place dans les hôpitaux helvètes. La préparation des médicaments au jour le jour, par exemple avec un robot, réduit considérablement les déchets de médicaments, permet les retours, réduit le taux d’erreur et augmente la traçabilité.

La gestion des pharmacies des unités de soins par des collaborateurs de la pharmacie centrale permet l’optimisation des dates d’expiration. Selon une étude de GS1 et d’économie suisses sur le parcours du médicament, les ruptures des supports d’information dans la chaîne d’approvisionnement provoquent des erreurs de médication et réduisent l’efficacité du processus. L’intégration des systèmes d’information dans l’hôpital est donc nécessaire, ce qui présuppose une harmonisation des normes et des procédures entre la logistique, l’informatique médicale et l’informatique hospitalière. Le travail sur les anesthétiques est également recommandée pour leur impact significatif sur le climat : le desflurane ne représente que 20 % des gaz anesthésiants alors que c’est le gaz le moins polluant.

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