Les « flying doctors » du CH de Nevers : un marché de haut vol

Depuis le 26 janvier, un avion transporte régulièrement des médecins de Dijon à Nevers pour pallier le manque de spécialistes dans la Nièvre. Un marché pilote entièrement pris en charge par le centre hospitalier de Nevers dont le pari est aussi celui de faire décoller les consultations.

Les médecins sur le tarmac © CHAN

Le premier vol n’avait pas manqué de retombées. Et ce jeudi 26 janvier 2023, des journalistes de tous horizons se pressaient sur le tarmac neversois. La raison ? Accueillir les huit médecins arrivés de Dijon dans le but d’officier quelques heures au centre hospitalier de l’agglomération de Nevers. L’initiative illustrait en effet de manière inédite, sinon la désertification médicale de certains territoires, du moins la pénurie de spécialistes (chirurgie maxillo-faciale, médecine nucléaire…) les contraignant les services publics à innover pour soutenir leur attractivité.

Mais en permettant ainsi aux volontaires dijonnais de rallier Nevers six fois plus vite qu’en voiture, l’opération n’ouvrait pas seulement à l’agglomération la voie – aérienne – d’une offre de soins plus performante. Elle constituait également une première tout aussi remarquable, et dans la mise à disposition classique de médecins entre deux GHT et, pour le centre hospitalier de Nevers, en matière de marché public.

Un pont aérien hebdomadaire

© CHAN

Après un vol inaugural contracté hors marché, le dossier se devait en effet d’emprunter un couloir juridique plus réglementaire, d’autant qu’à raison d’une rotation projetée par semaine (hors vacances scolaires), le mur des 40 000 euros HT n’allait pas tarder à être franchi. Mais comment préparer un tel marché ? « Nous ne savions même pas de quelle catégorie homogène cet achat de prestations, sans rapport avec le transport sanitaire, pouvait bien relever », reconnaît a posteriori Benoît Marbotte, directeur adjoint à la direction de l’équipement, des travaux, des services économiques et logistiques (DETSECOL) du GHT de la Nièvre.

Après quelques recherches qui, sous le code nomenclature 60 « transport des personnes », dévoilent le numéro 60.02 « Transports aériens des personnes (y compris bagages, animaux et véhicules accompagnés) », un marché à procédure adapté est toutefois bel et bien formalisé, sous forme de bons de commande. Courant de mars 2023 à mars 2024, il couvre une quarantaine de vols estimés sur la période d’exécution.

Un coût au passager dans le radar

Malgré les augmentations potentielles du kérosène durant la période, ce marché est conclu à prix ferme. Des variantes sont en revanche introduites sur la destination, par exemple avec la possibilité – pour l’heure inexploitée – de porter aussi au plan de vol une ligne ralliant Clermont-Ferrand et Nevers. « Nous souhaitions également pouvoir moduler le type d’avion en fonction du nombre de passagers mais la seule compagnie aérienne ayant répondu à l’appel d’offres ne possédant aucun appareil de moins de 8 sièges, nous avons dû renoncer à cette optimisation », rapporte Benoît Marbotte qui, dès lors, reconnaît garder un œil attentif au coût de la solution au passager.

Entièrement à la charge du centre hospitalier, l’initiative s’élève en effet à plus de 200 000 euros pour l’année sans compter les remboursements de salaires dus au GHT 21-52, une somme conséquente mais « à mettre au regard du service rendu à la population dont témoignent indéniablement les chiffres : jusqu’à une trentaine d’enfants examinés en une seule consultation de chirurgie pédiatrique par exemple », assure le directeur adjoint de la DETSECOL. Et un exemple derrière lequel d’autres établissements pourraient bien rapidement… embarquer.

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