La Croix Rouge revoit ses achats en profondeur

Dotée d’une équipe de huit acheteurs en France, la Croix-Rouge a décidé de rationaliser ses achats. Elle est en train de multiplier les accords-cadres, en y insufflant du développement durable. Car l’association, qui dispose déjà de sa propre charte d’achat responsable et d’une grille RSE appliquée aux fournisseurs, a signé la charte RFAR et compte bien décrocher le label décerné par la Médiation des entreprises.

© Christophe Hargoues

Terminée la kyrielle de prestataires de restauration externalisée pour quelque 50 établissements de la Croix-Rouge de ses filières « personnes âgées », « handicap » et « sanitaire ». À la rentrée, il ne devrait plus rester que trois heureux élus. Objectif : rationaliser l’offre et surtout « se rapprocher d’Egalim, par exemple avec 20 % de bio, du local… » confie Laetitia Bansard, depuis 2021 responsable national achats de la célèbre association d’aide humanitaire, qui compte en France 635 établissements, 1000 unités locales, plus de 17 000 salariés et quelque 65 000 bénévoles à équiper.

« Le cahier des charges a été réalisé en interne avec les départements RSE, Qualité et Exploitation, et un gros travail de l’acheteuse, car jusque-là les contrats étaient locaux », poursuit celle qui précédemment occupait le même poste pour AFM-Téléthon. Pour que les équipes s’approprient ce nouveau mode de fonctionnement de restauration externalisée, les directeurs des établissements et des filières avaient été invités aux soutenances des prestataires.

Rationalisation des achats grâce aux accords-cadres

Laetitia Bansard

Cette opération intervient dans un contexte où la direction entend rationaliser les achats via des accords-cadres. Aujourd’hui, il en existe déjà 52  : pour les couches, de la maintenance, le mobilier enfant, des produits d’entretien avec écolabel… Et après la restauration, un nouveau gros morceau concernera les dispositifs médicaux (DM) et les médicaments. « Nous voulons plus de lisibilité sur ce qui est acheté. Notre talon d’Achille, comme souvent dans l’associatif, c’est de ne pas avoir d’ERP d’achat… », détaille la responsable nationale des achats dont l’organisme n’est pas soumis au Code de la commande publique.

« Nous avons lancé l’appel d’offres mais, avant, il a fallu récupérer les statistiques et cela a pris énormément de temps auprès des fournisseurs… Ce fut toutefois plus facile pour les médicaments pour lesquels tout est codifié, que pour les dispositifs médicaux », confie Laetitia Bansard, qui espère à terme que « les pharmaciens se mettent d’accord pour acheter la même chose au national, mais cela va prendre du temps ». Dans la foulée, il est prévu un deuxième lot de DM pour les équipements (lits, fauteuils…).

Une grille RSE

Afin de faciliter l’utilisation des accords-cadres, ces derniers sont présentés sur l’intranet accessible à tous les établissements. « Et désormais, le directeur général adjoint d’exploitation demande de résilier les contrats locaux en cours chaque fois qu’il existe un contrat-cadre. Et nous suivons les statistiques d’achats pour les produits concernés, », se réjouit Laetitia Bansard. La mayonnaise commence à prendre. Ainsi par exemple, la marque qui a remporté le marché des couches pour enfants en septembre 2022, voit ses ventes décoller ! Il faut dire qu’en amont des ateliers avaient été organisés en visio pour que chaque équipe explique ses besoins afin de mieux qualifier le cahier des charges.

Dans la même veine d’uniformisation, le service achats s’était déjà doté d’une grille tenant compte des valeurs en phase avec la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE). « Tous les fournisseurs doivent la remplir avant chaque appel d’offre dans un établissement. En concertation avec le département RSE, elle a été remise à jour lors de mon arrivée en 2021 afin notamment de l’adapter à la taille des établissements, et en 2022 pour l’automatiser », détaille la responsable des achats.

« Avec cet outil, nous comptons challenger les fournisseurs via e-attestations (logiciel de gouvernance NDLR). Notre projet est de mettre notre grille RSE dans ce système », enchaîne Laetitia Bansard qui gère quelque 300 M€, dont 83 M€ pour les services aux personnes accompagnées (santé, restauration, hygiène…), 75 M€ de prestations intellectuelles, 26 M€ d’informatique… Et pour répondre au volet RSE de la « stratégie 2030 » de l’Association, l’équipe achats (8 acheteurs, trois apprentis…) s’est formée sur ce sujet, notamment en suivant un atelier de la Fresque du climat.

Candidate au label RFAR

Jouant son rôle d’animateur de filière, la Croix-Rouge a en quelque sorte montré l’exemple en signant, le 5 décembre 2022, comme trois autres organisations de l‘économie sociale et solidaire (Groupe SOS, APF France et Vyv), la charte « relations fournisseurs et achats responsables » (RFAR). Avec un objectif : décrocher le label du même nom qui « distingue les acteurs économiques qui font preuves de relations équilibrées et durables avec leurs fournisseurs », selon les termes de Bercy.

« Nous espérons l’obtenir d’ici à trois ans. En fait, nous faisons déjà quantité de choses mais elles ne sont pas mises en valeur, or cela compte aussi pour le label. Par exemple, nous avons une « charte d’achats responsables » (validée en 2022 NDLR) mais elle ne figure pas sur notre site. Il faut qu’on l’expose ». Sur trois pages, elle résume les attentes de l’association et ses engagements l’égard de ses fournisseurs en matière d’achats responsables. La machine RSE est en marche.

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