Fruit d’un ancien acheteur et d’une infirmière, Hélène Gobé avait tout pour devenir acheteuse hospitalière. Mais « notre destin n’est pas écrit dans nos gênes » ainsi que le rappelait Axel Kahn, et il lui fallait donc être sûre ! Par « essais-erreurs », un début de parcours s’est ainsi chargé de lui démontrer que sa volonté prévalait bien sur l’inné et son envie sur l’acquis.
Bac en poche, elle commence en effet par décrocher un BTS d’action commerciale qui, en creux, la convainc immédiatement qu’elle préfère acheter que vendre. Déroulant alors une formation en alternance, elle va enchaîner un Certificat de qualification paritaire de métallurgie (CQPM) et un master 2 de responsable achats et approvisionnements qui la consacrent acheteur industriel au sein de la société Tokheim… Quatre années qui s’avèrent juste le temps de réaliser que la métallurgie n’est guère son univers. Et le secteur privé non plus.
Compter dans la prise en charge des patients
La voici donc, en 2009, acheteur public sur le projet SPIRAL 2, au sein du Grand accélérateur national d’ions lourds (GANIL). La rencontre avec la commande publique est à la hauteur des espérances, « une boîte à outils formidable dès lors que l’on sait chercher », affirme-t-elle. Mais la physique nucléaire est encore trop loin des corps, « cela manquait de sens », déplore la professionnelle. En 2013, ce sera donc l’énième étape, mais « la bonne cette fois », le saut dans la fonction publique hospitalière en tant que responsable des achats au CHU de Caen et du GHT Normandie Centre… « Enfin l’assurance d’un quotidien utile qui compte dans la prise en charge des patients », se réjouit-elle.
Des années utiles
Regrette-t-elle aujourd’hui tout ce temps passé pour entendre enfin ce que son histoire familiale lui murmurait dès le départ ? « Certainement pas », réfute l’intéressée, catégorique. De sa formation commerciale, Hélène Gobé retient en effet avec intérêt les us et habitus de la vente, lesquels « aujourd’hui m’aident à dialoguer avec les fournisseurs, comprendre leurs problématiques et impératifs. Et c’est aussi cette approche particulière qui me permet d’écouter et cerner au mieux le besoin des utilisateurs », assure-t-elle. Quant au passage dans l’industrie, il l’aura « préparée à l’exigence, dans le cadre de marchés soumis à une réglementation très évolutive et où les nouveaux produits ou process sont fréquents. »
Un PAAT pour se faire la main
Autant d’atouts qui, il y a onze ans, lui permettent donc de prendre la responsabilité des cellules achats et prestation logistique au CHU de Caen, missions dans le cadre de laquelle elle va notamment assurer la coordination du nouveau Plan d’action achat de territoire en plus de celle de la filière achats généraux du GHT Normandie Centre. Certes, cette dernière mission, tout comme la responsabilité du contrôle des prestations logistique (nettoyage des locaux, linge…) et la gestion d’un portefeuille d’achats comprenant les transports, l’affranchissement et les supports thérapeutiques seront des mines d’expérience.
« Mais, articulée avec la structuration de la fonction achat commune du GHT, l’élaboration du PAAT local et territorial m’a particulièrement apportée en me permettant de nourrir très vite des échanges suivis et stratégiques avec les différents experts métiers du GHT, pour la filière des achats généraux bien sûr, mais aussi pour celles de la biologie, du biomédical, des produits de santé, des travaux/maintenance/infrastructures et des services informatiques », rapporte Hélène Gobé.
L’achat durable, un défi dès aujourd’hui
A la tête d’une quinzaine d’acheteurs centralisés au CHU auxquels s’ajoute un référent achat par établissement, la directrice des achats caennais contemple maintenant, avec enthousiasme, les grands enjeux qui l’attendent… « Porté par le directeur général de l’établissement, Frédéric Varnier, d’abord le formidable défi de l’achat durable que l’on ne peut se permettre de perdre et qu’il faut donc très vite relever en travaillant le plus étroitement possible avec le service du développement durable sur tous les volets : cycles de vie, RSE, etc. », pose-t-elle avec énergie.
Le second gros dossier ? « Évidemment celui du déploiement de Sémaphore », répond-elle sans hésitation, expliquant « qu’après la planification et la convergence des achats du GHT, ce système d’information achat est très attendu pour fiabiliser la donnée, fluidifier la relation avec les établissements parties et outiller le contrôle de gestion récemment créé au GHT en vue d’optimiser le processus des marchés, par exemple par l’achat en coût complet. »
Innovation à tous les étages
Enfin, au programme de cette direction dont le budget avoisine les 360 millions d’euros annuels, Hélène Gobé inscrit aussi en lettres capitales l’innovation, « une innovation sur tous les plans afin d’optimiser les produits, les prestations mais également les techniques d’achat », soutient-elle. Et d’énumérer avec allant « les achats à leviers complexes permettant désormais d’acquérir un résultat plus qu’un produit, les clauses de plans de progrès ou encore les marchés d’expérimentation lorsque la situation l’autorise »…
Autant de figures offertes par la commande publique pour « renouveler la relation acheteur fournisseur dans un cadre beaucoup plus partenarial et donc forcément plus porteur et prometteur », assure la nouvelle directrice des achats du CHU de Caen… Une directrice qui, bien que sans l’EHESP inscrite au CV, fait preuve d’une grande maîtrise de rênes.
