Arnaud Gillois : cap vers le CHU de Guyane

Lorsqu’il descend sur le tarmac de l’aéroport Félix Éboué, à Cayenne, Arnaud Gillois est comme tout le monde : il a le sentiment de prendre une douche et, lorsqu’il respire, c’est comme s’il mâchait de l’eau. Entre 80 et 95 % d’humidité relative, ça vous parle ? Choisi pour prendre la direction des achats, de la logistique et de l’hôtellerie du centre hospitalier cayennais , il va devoir s’acclimater rapidement. Car il sera en première ligne pour la naissance du CHU guyanais en 2025.

Le nouveau directeur des achats, de la logistique et de l’hôtellerie du centre hospitalier de Cayenne n’a pris son poste que depuis quelques jours, mais il en sait déjà beaucoup sur ce petit coin de paradis en Amazonie française. Il faut dire, Arnaud Gillois est venu prendre la température quelques semaines en amont de sa prise de poste au Centre Hospitalier Andrée Rosemon. La température ? Ce Sétois d’adoption n’a pas été déçu : « Même si dans le Midi nous n’avons vraiment pas à nous plaindre, le thermomètre à Cayenne ne descend jamais au-dessous de 23° avec des pics au-delà de 32° selon les saisons », constate-t-il.

« Autant dire que je vais porter une attention particulière à la climatisation, ajoute-t-il dans un large sourire, de même qu’à l’étanchéité des toitures ! ». Mais “même pas peur” : « Je suis un homme de challenge, confie-t-il, et je ne suis pas venu en Guyane pour en repartir quelques mois plus tard, d’autant plus qu’avec la création du CHU de Guyane qui se profile à l’horizon 2025, je n’aurai pas le temps de m’ennuyer ! »

Les hasards de la vie

Arnaud Gillois aime donc les défis, et pour s’en convaincre il suffit de jeter un regard en arrière. Souvent les parcours de ceux que nous interviewons sortent de l’ordinaire. Mais le sien est pas mal du tout, car comment en est-il arrivé là en passant d’une math sup’ à un DEUG de biologie pour décrocher ensuite un titre d’ingénieur-maître en ingénierie de la santé ? … Ah, l’hôpital on y vient ? Et non, pas encore…

« Une fois terminées mes études supérieures, j’ai tout de suite monté ma boîte, un cabinet de conseil en management spécialisé dans le domaine de la santé. Mes activités de consultant m’ont conduit à intervenir auprès de clients institutionnels en France mais également en Europe et au Maghreb, explique-t-il, et même pour le compte du ministère de la santé du Kazakhstan ». Durant ces quinze années, Arnaud Gillois a également conseillé de nombreux hôpitaux : laboratoires, services biomedicaux, équipes de restauration ou encore stérilisations et pharmacies à usage intérieur…

Ah, les hôpitaux ! Finalement, on y arrive… Car c’est le succès de ces missions qu’il a conduites en milieu hospitalier qui lui a valu une proposition de poste de responsable qualité au centre hospitalier de Narbonne : « C’est là que j’ai été pris de passion pour l’hôpital public, avoue Arnaud Gillois, j’ai trouvé du sens à mon travail. Mais j’ai aussi assez vite ressenti l’importance de participer à la décision stratégique ce qui m’a naturellement incité à passer le concours de directeur d’hôpital. J’ai donc intégré la formation DH de l’EHESP à Rennes dont la partie pratique s’est déroulée, pour moi, à la direction de l’hôpital de Sète, ma ville d’adoption ».

Un CHU en 2025

« Durant cette formation, l’intérêt que je portais déjà aux achats et à la logistique s’est confirmé, notamment en 2022 lors d’une mission d’audit EHESP-Conseil menée pour le compte du Resah sur le thème de nouveaux défis de la fonction achat à l’hôpital. J’ai pu mesurer le rôle essentiel de cette fonction au sein d’un GHT, reconnaît Arnaud Gillois, ainsi que la responsabilité des établissements supports en regard des établissements partie dans ce domaine ».

Au moment des affectations, il postule alors au CH de Cayenne où il est recruté en tant que directeur des achats, de la logistique et de l’hôtellerie. En spécialisation à l’EHESP, il choisit d’observer l’organisation inspirante du CHU de Montpellier auprès de Florence Marquès, « une professionnelle reconnue dans le domaine des achats publics, afin de me donner une idée de ce qui se fait de mieux ». Aujourd’hui, lui qui, de son propre aveu, ne voulait pas être “numéro 2”, est en première ligne alors que le CHU de Guyane devrait voir le jour en 2025.

Passer des marchés avec des piroguiers

« C’est un très beau projet et un gros challenge pour moi, mais aussi pour mes équipes, s’enthousiasme-t-il, surtout lorsque l’on connaît les spécificités réellement uniques de ce territoire ultramarin. Pour vous donner une idée, le lundi il me faut trouver en urgence un hélicoptère pour le SAMU et le mardi il faut que je passe des marchés avec les piroguiers qui assurent l’accès aux hôpitaux de proximité et aux centres de préventions et de soins disséminés dans la forêt amazonienne ». Naturellement, la dématérialisation, avec eux, ce n’est pas gagné.

« Pour la logistique, il faut également faire avec, être proactif, avoir des stocks suffisants sans pour autant surstocker, afin de préserver la trésorerie ! ». Pour son premier poste de direction, Arnaud Gillois est bien tombé : « Entre ces particularités amazoniennes et le chantier du CHU, c’est un très beau poste, au sein d’équipes tout aussi motivées que moi pour fiabiliser cette indispensable supply chain ».

 

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