Quand les CH deviennent employeurs pro vélos

Lancé en 2021, le label Employeur Pro Vélo arrive à l’hôpital. Plusieurs établissements poussent à la roue pour faciliter l’utilisation des deux roues : challenges, aides financières, prêts de matériels, formations, pistes cyclables, parkings protégés dédiés… Car aujourd’hui pouvoir facilement « vélotafer » devient un atout pour attirer les talents et les fidéliser.

Une entrée dédiée au vélo au CHU Montpellier

C’est inédit ! Au début de cet été, le Centre hospitalier intercommunal de Villeneuve-Saint-Georges (CHIV) Lucie & Raymond Aubrac a été pionnier en devenant le premier hôpital français certifié « Employeur Pro vélo » (EPV) avec le niveau « or ». Délivré par Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) après audit, il vise à inciter les salariés, fournisseurs et clients d’une structure à utiliser le vélo dans leurs trajets-domicile travail et professionnels.

Il impose, a minima, d’avoir nommé un référent vélo, établi un diagnostic, un plan d’actions une communication « mobilité vélo », d’organiser des ateliers d’entretien/réparation, des formations à la conduite sécurisée, à analyser les risques et accidents, ainsi de disposer d’une espace de stationnement.

Un plus pour le recrutement

Au CHIV, tout a commencé par une réflexion globale afin de renforcer l’attractivité de l’établissement et donner des raisons aux 2000 agents de rester dans un contexte où pouvoir venir travailler à vélo – autrement dit « vélotafer » – est de plus en plus apprécié. Ainsi les fiches de postes et les annonces pour les emplois mentionnent depuis cette année l’accessibilité des lieux à vélo. Les nouvelles recrues reçoivent un « guide vélo » où sont rassemblés un plan des infrastructures dont la station de dépannage, les coordonnées des référents vélo, des règles de sécurité…

Les initiatives pour inciter les troupes à pédaler se multiplient. Au CHIV, par exemple, un agent titillé par le vélotaf peut être mis en relation avec un collègue expérimenté pour partager un bout de chemin et des conseils. L’hôpital a aussi organisé un challenge avec le collectif « mai à vélo ». La gagnante a remporté le livre Vélotaf (édité par Alternatives).

© CHU Toulouse

Au CHU de Toulouse dont deux sites sont labellisés EPV, les défis font empocher des bons cadeaux à l’association Maison du vélo (pour une réparation, un entretien), qui avait déjà été partenaire de l’établissement pour des opérations de prêts de vélo aux professionnels. L’idée étant de donner gout à la « petite reine ». Cet été, des prêts ont été organisés avec le dispositif GoodWatt, dont c’est la vocation. Vingt vélos à assistance électrique – achetés par le CHU et financés pour moitié par des CEE – étaient confiés pendant un mois. Plus de 500 demandes ont été reçues.

Un outil de fidélisation

Les hôpitaux encouragent leurs équipes avec des espèces sonnantes et trébuchantes. Le guide vélo du CHIV mentionne notamment les dispositifs d’aide à la pratique. « On encourage aussi les professionnels en les incitant financièrement », précise Romain Canalis, le directeur des ressources humaines. Son établissement propose le forfait mobilité durable (FMD). Ce dispositif permet d’obtenir entre 100 et 300€ par an, selon l’assiduité à vélotafer.

Véronique Ducrest

Preuve que les professionnels se sont mis aux mobilités douces (dont le vélo), au CHU de Toulouse, environ 400 FMD avaient été recueillis en 2021 et 1300 en 2022, confie Véronique Ducrest, directrice qualité, sécurité, relations usagers et développement durable, notamment épaulée par Frédéric Villette, référent mobilité.

Fidéliser passe aussi par la formation. Au CHU de Montpellier, dont un site est déjà labellisé EPV (niveau argent), sont désormais proposées des formations de remise en selle, sur la sécurité à vélo et sur l’autoréparation, cette dernière ayant « très bien marché », précise Claire Jourdan, référent mobilité, malgré la difficulté à communiquer auprès de tous les agents.« Et pour les soignants, prendre du temps libre pour cela n’est pas forcément naturel et organiser des pauses dans leur emploi du temps n’est pas facile », ajoute-t-elle.

Des investissements

Local à vélos du CHIV

Faciliter la pratique implique des investissements. Ainsi au CHIV, pour faire face aux irritants exprimés par les vélotafeurs – 20 volontaires font désormais partie d’une commission baptisée CHIVélo animée par les deux référent vélo (un à la DRH l’autre à la direction de l’investissement et de la stratégie patrimoniale) – des travaux ont été menés. Comme relever un trottoir, adapter une barrière pour permettre le passage des cyclistes sans avoir à s’arrêter sur ce site installé sur une colline, matérialiser au sol les parcours, ou encore installer 44 places de parking vélo, dont deux espaces pour les professionnels accessibles via leur badge.

Les membres de CHIVélo se réunissent plusieurs fois par an pour donner leur avis sur les actions mises en place (le plan pilote ayant été mené établi par des élèves directeurs), et éventuellement proposer d’en proposer de nouvelles. En cas d’indisponibilité, ils peuvent adresser leur contribution à une adresse mél dédiée.

Abri vélo du CHU Montpellier

Au CHU de Montpellier, on a cherché à investir dans le principal but de « lever les freins » au vélotaf, selon son référent mobilité, la médecin Claire Jourdan. Ainsi contre les craintes de vol des abris ont été ajoutés. Ils ont été surtout renforcés par exemple avec des grillages non sectionnables et des toits limitant les possibilités d’intrusion et bientôt avec une électrification pour un accès par badge. Pour limiter la difficulté d’accéder au CHU, une entrée a été dédiée au vélo.

Des résultats encourageants

Au CHU de Toulouse, où le troisième plan de mobilité est en cours, on est passé de 80 à 50 % d’agents venant travailler en voiture. Il faut dire que depuis le travail mené pour le label, il consacre un budget de 10k€ aux opérations de valorisation du vélo.
Le CHU de Montpellier, qui envisage une deuxième enquête mobilité, remarque que les abris ajoutés sont rapidement remplis.

Romain Canalis

Pour mesurer de manière plus fine l’évolution du vélotaf et dans une logique d’amélioration continue, le CHIV va sonder le terrain. Un questionnaire est désormais adressé à ceux qui demandent le forfait mobilité durable. « On y demande notamment le nombre estimatif de jours où ils vélotafent, sur quel parking ils préfèrent se garer, s’ils ont des suggestions concernant le vélo… », égrène Romain Canalis, qui entend aller au-delà des frontières de l’établissement. Des discussions sont en cours avec les communes alentours à propos de futures pistes cyclables. La « petite reine » grignote du terrain !

 

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