L’utile bilan carbone de la blanchisserie hospitalière de Toulouse

Le GCS Blanchisserie Toulousaine de Santé tire de son bilan carbone trois urgences : agir sur la mobilité de son personnel, sur sa distribution par camions et ensuite sur ce qui sera plus difficile, ses achats et l’énergie.

© GCS BTS

 5724 tonnes de CO2 émises en 2022. Et 2742 tonnes déjà évitées grâce au recyclage des textiles usagés. Le groupement de coopération sanitaire de blanchisserie (GCS) de la région toulousaine a établi son bilan carbone pour « préparer son évolution face à l’environnement alors qu’il a embauché beaucoup de jeunes ces dernières années, 90 en huit ans, et pour lui donner une direction dans ce sens renforçant son attractivité », selon Marc Drezen, le directeur technique exploitation.

Un bilan carbone pour aller plus loin

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C’est la première grande blanchisserie hospitalière à le faire. Elle n’atteint pas les 500 employés qui l’y auraient obligé, 124 seulement. Mais c’est une des plus grosses du secteur public : 25 tonnes de vêtements et de linge livrées par jour, principalement au CHU de Toulouse. Et en pointe depuis sa constitution en GCS en 2016 – une des premières à pratiquer le tout séché – elle entend le rester. Elle dépense 1,5 million d’€ tous les ans pour continuer de se moderniser.

Elle a aussi une particularité vis-à-vis de l’énergie. L’essentiel de ses besoins énergétiques sont comblés grâce à la combustion de déchets de l’incinérateur de l’agglomération toulousaine. Un départ direct du four la fournit en vapeur. « C’est un point fort de la blanchisserie. Grâce à cela, nous n’avons pas subi les récentes hausses des prix du gaz ou du pétrole. Le bilan carbone, c’était pour aller plus loin dans notre politique énergétique et environnementale », souligne Marc Drezen.

Méthodes et bases de calcul de l’ADEME

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L’exercice, a été mené entre janvier et septembre. Les résultats sont publiés sur le site de l’ADEME. « Pour être utile à tout le monde, pouvoir établir des comparaisons », indique Adèle Olivier, responsable qualité du GCS. Elle a conduit ce travail en étant secondée par un cabinet spécialisé qui a donné les tonnes de CO2 émises.

« Simplement du temps, de la rigueur pour rassembler des données qui existent déjà, indique Adèle Olivier, dans les dossiers de l’équipe administrative du GCS, responsables des approvisionnements, de l’énergie, de la maintenance, de la distribution. » Le prestataire a ensuite fait tourner ses logiciels. Il a suivi les méthodes et les bases de calcul de l’ADEME, condition sine qua non d’une reconnaissance officielle du bilan.

Bilan avec et sans incinérateur

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Le résultat global, 5724 tonnes de CO2 émises, est a priori celui d’un équipement performant. « Il n’y a pas eu trop de surprise, analyse Marc Drezen, si ce n’est que brûler des déchets produit beaucoup d’émissions de carbone, même si c’est moins important qu’avec du gaz ou du pétrole. »

5724 tonnes de CO2 est un bilan carbone hors incinérateur. Une seconde version avec intégration de l’incinérateur triple quasiment le nombre de tonnes de CO2 émises : 16 800 tonnes, 11 000 tonnes de plus dues à la consommation d’énergie d’origine fossile à 40 % le reste étant le plastique, les restes alimentaires, le contenu des déchets domestiques.

« Deux visions existent, explique Bérenger Collotte, du cabinet Monde Nouveau qui a calculé les tonnes de CO2 : d’un côté l’utilisation d’une chaleur dite fatale produite par la combustion des déchets qui aurait été perdue sans cela ; de l’autre, la quantité de CO2 dégagée qui inverse la perspective. »

Made in France aux blocs

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Si l’on excepte l’incinérateur, l’empreinte carbone de la blanchisserie vient pour l’essentiel (4483 tonnes, 87, 3 %) de l’achat des produits textiles, vêtements, draps, linges de toilette et autres, fabriqués essentiellement en Asie. En cause, leur mode de fabrication (50 %), l’agriculture qui produit la matière première (30 %), le transport 8 %.

« La diminution à l’avenir du vêtement jetable fait que nous, blanchisserie hospitalière, nous retrouvons en suractivité, traitant de matières textiles. Mais l’industrie textile a été délocalisée. Elle commence tout juste à revenir dans les pays du Maghreb. Au sein de notre très vieux métier,  il va falloir retrouver le recyclage des tissus qui en faisait partie », indique Marc Drezen. 100 tonnes du bilan carbone sont dues à un recyclage que la blanchisserie pratique déjà un peu. Cela évite 2742 tonnes de CO2 qui auraient été émises à l’avenir en ne le faisant pas.

Achat de 100 % de textiles recyclables

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Le plan d’action de la blanchisserie, face à ce bilan carbone, se décline secteur par secteur. Elle ne fournit plus que des tenues de blocs opératoires « made in France ». Elle a décidé de récupérer ses « condensats de toitures », autrement dit la vapeur présente dans ses ateliers et réduire ainsi de 8 % sa consommation finale d’énergie. L’ampleur de son effort est calée sur la stratégie nationale bas carbone et 10 % d’émissions carbone en mois d’ici 2030.

Les principaux leviers en seront les livraisons par camions (50 % de l’objectif de réduction), les déplacements de personnes (40 %) notamment les trajets domicile-travail du personnel et la qualité des produits achetés (25 %). Sans surprise, la blanchisserie prévoit de ne plus acheter que 100 % de textiles recyclables. « Le plan d’action privilégie ce sur quoi nous pourrons avoir un impact le plus rapidement d’ici 2030 », indique Adèle Olivier. Des efforts plus importants seront faits au-delà.

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