Ni de nouvelles obligations, ni un référentiel, mais « un guide pour initier un nouvel état d’esprit chez les gouvernants des établissements et parmi les ARS afin de concevoir des projets soutenables sur le long terme ». Pour le Professeur François-René Pruvot, président du Conseil scientifique de l’investissement en santé (CSIS), il faut aujourd’hui clairement changer de paradigme.
« Il ne s’agit pas seulement de la crise géopolitique et de ses conséquences sur le marché de l’énergie », appuie à ses côtés Bernard Jourdain, en charge du développement durable au centre hospitalier de Niort, « mais bien d’enjeux plus globaux qui concernent le dérèglement climatique, la raréfaction des ressources et notre capacité, d’une part à limiter notre contribution à ces deux phénomènes et, d’autre part, à anticiper leur survenue en adaptant nos organisations et nos infrastructures. »
Avec Camille Devroedt, conseillère experte développement durable du CSIS, tous trois présentaient donc mardi 4 octobre un nouveau support pour accompagner les établissements sanitaires et médicosociaux dans l’élaboration de projets de rénovation ou de construction plus vertueux, durables et soutenables tout au long du cycle de vie des bâtis.
Une boîte à outils évolutive
Fruit d’une longue réflexion technique menée par un groupe de travail pluridisciplinaire cette nouvelle grille de lecture – « exhaustive et volontariste » selon Camille Devroedt – se présente sous la forme d’un tableur Excel évolutif qui intégrera donc, au fil du temps et du contexte, l’ensemble des enjeux environnementaux et sociétaux d’aujourd’hui et de demain dans une approche à 360°.
La démarche se déroule en trois étapes, depuis l’état des lieux qui fait le point sur les études et audits existants et inscrit le projet médico-soignant dans une démarche durable intégrée à son territoire, jusqu’au programme, synthèse du processus. Crucial dans la dynamique, le préprogramme décline en stade intermédiaire les orientations RSE dans les choix urbanistiques, le schéma directeur immobilier mais aussi, bien sûr, dans les organisations fonctionnelles, depuis la gestion des énergies et des flux jusqu’au parcours patient en passant par le confort et la qualité de vie au travail.
À chaque item enfin sa priorité : indispensable pour tout ce qui est d’ordre réglementaire (réduction de l’empreinte carbone, plan mobilité…), souhaité pour tout ce qui structurant, telles l’analyse du parcours patient ou les projections fonctionnelles et logistiques et, enfin, complémentaire, pour ceux qui visent l’exemplarité, via la labellisation par exemple.
Investir aujourd’hui pour moins dépenser demain
Rien n’est dit des financements qui s’avéreront sans doute nécessaires à ces explorations de fond, mais l’objectif est répété : au-delà des prescriptions réglementaires, éviter de construire des bâtiments qui seraient obsolètes à leur réception de chantier en prenant en amont les bonnes inflexions.
« L’investissement se regarde sur le long terme en coût de fonctionnement global » insiste le Pr Pruvot. En clair : c’en est fini du seul objet économique qui était précédemment la pierre angulaire d’un projet d’investissement, il faut parfois savoir aujourd’hui investir pour moins dépenser demain. L’enjeu est de taille : « maintenir un cadre de vie et un niveau de vie soutenable pour tous et, pour ce qui concerne les établissements de santé, la capacité d’une continuité de service sécurisé et performant », conclut Bernard Jourdain.
