Ecoresponsabilité : l’EPSM Morbihan vise des bâtiments passifs

L’établissement public de santé mentale Morbihan s’apprête à revoir tout son bâti, et en cascade toute la logistique autour. Au programme : de l’écologique, du durable et de la sobriété, avec une partie du foncier cédé pour créer un écoquartier. Un projet qui va s’étaler sur dix ans.

Feu vert ! L’établissement public de santé mentale Morbihan a reçu le 14 février l’accord de l’Agence régionale de santé pour la réalisation et le plan de financement de son projet de réhabilitation. Membre du GHT Brocéliande Atlantique, l’EPSM (1450 équivalents temps plein / 54 000 m² de bâtiments) avait déposé fin 2023 un schéma directeur immobilier et environnemental à énergie positive (SDIE+) « écologique, durable et sobre », selon les termes de Karl-Olivier Le Dorze, le directeur des achats, des travaux et de la logistique de cette structure qui a déjà mené un bilan carbone de scope 1 et 2, et dont celui de scope 3 est en cours.

Respecter la rivière

L’EPSM s’engage dans la construction passive de ses édifices neufs. « Par ailleurs, nous souhaitons produire de l’énergie avec du photovoltaïque et, sans doute, pour le plus gros des bâtiments neufs avec 120 lits, de la géothermie sur sondes verticales car nous avons déjà validé que le sous-sol le permettait », explique le cadre au service d’un établissement dont le principal site, pavillonnaire, organisé autour d’un ancien asile construit à la fin du XIXème siècle, est situé à Saint-Avé, au coeur du golfe du Morbihan, sur un terrain d’environ 60 hectares comprenant des bois et des prairies, traversé par une rivière.

Pour en arriver à ce projet qui doit s’étaler sur 10 ans, l’EPSM s’est entouré de nombreux partenaires. Et notamment de sa communauté de communes, Golfe du Morbihan Vannes Agglomération (GMVA), pour les sujets techniques. L’établissement y a ainsi un référent photovoltaïque, un autre pour la biomasse, etc. Il travaille également avec le service Gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (Gemapi) notamment pour le sujet de la renaturation de la rivière. « Nous souhaitons recréer les méandres initiaux du ruisseau pour mieux gérer les afflux d’eau en cas d’orage, et conserver des zones humides qui peuvent drainer et ainsi mieux accompagner l’entrée d’eau dans les sols », détaille Karl-Olivier Le Dorze.

Revoir les flux de véhicules et des déchets

L’intercommunalité accompagne aussi l’EPSM sur les sujets de la mobilité et des déchets. Ainsi le projet prévoit de revoir les flux sur le site en organisant les trajets des véhicules principalement sur une ceinture équipée de parkings pour privilégier l’arrivée aux bâtiments à pied. « On veut faire en sorte d’avoir un site le plus piéton possible », précise Karl-Olivier Le Dorze. Il veut en finir « avec la voiture à tout prix ». Des pénétrantes sont prévues uniquement pour les soins, les services logistique et technique.

En toute logique avec cet objectif, le bâti va être concentré. Certains édifices, parmi ceux ayant le moins d’intérêt historique, seront détruits. Les autres seront rénovés d’un point de vue énergétique avec notamment de l’isolation optimisée et du triple vitrage. « Ce sera autant d’énergie consommée en moins », commente Karl-Olivier Le Dorze. Cela dit, l’optimisation énergétique a déjà commencé : « Les CEE, les aides pour améliorer l’isolation existante ont déjà été activés. L’isolation des réseaux et la régulation tout cela a été déjà mis en place depuis 10 ans. »

Concernant les déchets, sur ce site où le tri sélectif est déjà en place et où est implanté le SILGOM, groupement d’intérêt public en charge de la restauration, de la blanchisserie et du tri des déchets hospitaliers, c’est surtout le circuit au sein des bâtiments qui va être revu. Notamment pour classer gérer des sous-familles de filières.

Permettre un écoquartier

Plus original, l’établissement va céder du foncier au profit d’un habitat responsable. Un projet pour lequel la ville de Saint-Avé l’accompagne tant sur les questions environnementales que de gestion du logement. « Nous allons financer une partie de notre schéma directeur via des cessions de terrains avec un cahier des charges contraint, sur la base d’un appel à projet pour que soit construit un écoquartier, avec des logements accessibles aux particuliers », précise Karl-Olivier Le Dorze qui voit là une manière à la fois de valoriser la parcelle et de préserver un environnement privilégié pour l’EPSM.

De fait, le plan de financement de réhabilitation du site (bâtiment et voirie) au budget de 57 M€, dont près de la moitié pour le plus gros bâtiment neuf, prévoit des fonds variés comme cette vente de terrain (environ 11 M€). « Une subvention de 6 M€ a été accordée par l’ARS dans le cadre du Ségur Investissement ; le reste du financement relevant de l’emprunt et de l’autofinancement », détaille Karl-Olivier Le Dorze.

Les études environnementales vont maintenant démarrer pour l’étude d’impact (ERC, éviter réduire compenser) et établir des scenarios à partir de données sur la gestion de l’environnement, de l’énergie, des réseaux, de la mobilité. D’autre part seront menés en interne avec les assistants à maitrise d’ouvrage les programmations et les concours des maitrise d’œuvre. Les travaux commenceront par la construction du bâtiment neuf. Une fois ce dernier mis en service, la rénovation des anciens bâtiments pourra à son tour démarrer. Le passif sera dès le départ bien actif !

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