Achats durables : le Grand Est se prend au jeu

Dans le Grand Est, la Région, la CCI et l’Ademe ont fait concevoir un jeu collaboratif pour former tous les acheteurs à une démarche plus responsable. Baptisé « Arthur et la quête des achats durables », ce « serious game », qui consiste à retenir la meilleure offre et qui a déjà été utilisé par 200 professionnels, sera bientôt accessible partout en France.

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Le matin du 8 juin dernier, on jouait aux cartes dans les locaux de l’Hôtel de région à Châlons-en-Champagne. Ce n’était pas le service des ressources humaines qui tâchait de souder les équipes ou d’adoucir l’ambiance. Il s’agissait d’un jeu sérieux à destination des acheteurs, publics comme privés, destiné à les sensibiliser à des pratiques responsables.

Main dans la main avec l’ADEME

Christelle Richy

Le jeu a été inventé dans le cadre de Climaxion, un programme dans lequel la région Grand Est et l’Ademe ont mis des moyens humains et financiers en commun pour accompagner les collectivités, entreprise, associations, bailleurs sociaux, professionnels du bâtiment dans leurs démarches éco-responsables.

« Il existait divers jeux par exemple sur l’écoconception mais pas sur les achats responsables », explique Christelle Richy, conseillère économie circulaire au Pôle Transition Écologique de la CCI Grand Est. Il y a trois ans, elle a proposé à l’Ademe et à la région de concevoir et mettre en place ce type d’outils. Ces derniers ayant valider l’idée, il a fallu rechercher un concepteur de jeu, à partir d’un cahier des charges. Mais pas seulement.

Un an de travail pour peaufiner

Pour épauler cet inventeur (Format Ludique à Metz), les équipes ont dû affiner la mécanique du jeu et son contenu tout au long de la création. De fait, le prestataire connaissait la technique du jeu mais pas son sujet, l’achat durable. « Il a fallu qu’on relise et valide chaque contenu », précise Christelle Richy.

« En fait, nous avons procédé à une nouvelle forme de marché public. Il permet un échange assez profond avec le concepteur. Nous avons réuni cinq ou six comités de pilotage avec le concepteur pendant un an. Toutefois, ce ne fut pas un marché d’innovation car le montant était inférieur à 25 000 € », souligne Pascal Deprez, chargé de mission économie circulaire au sein de la Direction de l’Energie, du Climat et de l’Economie Circulaire de la Région Grand Est.

La quête du Graal

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Le jeu propulse les joueurs au temps du Roi Arthur. « Il fallait déconnecter les joueurs de la vie réelle et en même temps faire en sorte qu’ils puissent facilement transposer les démarches abordées dans leur quotidien professionnel », explique Christelle Richy. Finalement le jeu baptisé « Arthur et la quête des achats durables », consiste à épauler son héros en quête d’une solution pour mieux éclairer le château après l’agression d’une servante dans un coin sombre de la bâtisse.

Dans cette quête du Graal, Arthur est entouré d’un comité de cinq conseillers dont Hildegarde, la jeune druidesse qui milite pour la préservation de l’environnement, Agrippine, l’argentière de la couronne, qui encourage à réaliser des économies, Red Pantus, le héros du peuple, garant d’une politique sociale digne…

Argumenter en faveur de la meilleure offre

En deux heures, autour d’un animateur, 5 ou 6 joueurs votent chacun à bulletin secret pour l’une des quatre offres. Or elles sont toutes imparfaites. Ensuite chacun doit développer un argumentaire pour convaincre le comité d’Arthur. « Le but étant que les joueurs débattent pour trouver un accord sur une seule offre à la fin en disant pourquoi ils la retiennent », résume Christelle Richy.

Pascal Deprez

Le jeu-atelier a vocation à balayer tous les ressorts de l’achat durable. À la fin, l’animateur (n’importe qui ayant déjà joué une fois peut le devenir et faire découvrir ce jeu à son tour) débriefe les propositions des joueurs autour de sept thématiques. Objectif : préciser ce qui a été plus ou moins bien pris en compte dans l’offre retenue. « Ce temps sert pour aider à transposer la situation dans une situation réelle », explique Pascal Deprez.

Des retours encourageants

Dans le Grand Est, 19 « points de contact » mettent la centaine de boites de jeu à disposition. Quelque 200 personnes ont été formées, principalement issues d’équipes de collectivités territoriales, mais aussi, par exemple le comex du bailleur social Vivest qui envisagerait carrément de former près de 100 personnes.

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100 % des joueurs sont enthousiastes, assure Pascal Deprez. Le jeu est perçu comme une « approche ludique et collaborative, potentiel brise-glace en interne sur les achats durables », un « très bon moyen de faire du réseautage et de pouvoir partager ses problématiques ou juste échanger » ou encore comme une « possibilité de faire participer des publics très variés (gestionnaires de marchés, juristes, prescripteurs, élus, opérateurs économiques). Le fait que cela permet de casser l’image que l’on se fait de la commande publique (rigueur, risque juridique, cadre strict, …). ».

Si la formule va continuer à pouvoir être utilisé gratuitement par toutes les organisations et entreprises du Grand Est via 19 points de contact, elle devrait être disponible à la vente dans une version améliorée d’ici à la fin de l’année, puisque son exploitation a été cédée à son concepteur sur tout le territoire.

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