Un hôpital commun pour Tarbes et Lourdes à l’horizon 2028

Partir de rien ou presque pour arriver à monter de toutes pièces un centre hospitalier de 65 000 m2, et réussir à boucler un budget de plus de 300 millions d’euros, c’est le défi proposé aux centres hospitaliers de Tarbes et de Lourdes. Objectif : quitter leurs sites vétustes pour en créer un nouveau, à équidistance des deux établissements.

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« La seule reconstruction totale de l’hôpital de Tarbes nous aurait pris onze ans, explique Hervé Gabastou, directeur-adjoint en charge des affaires générales, quant à celui de Lourdes, il est situé sur une faille sismique… ». D’où la décision de partir de zéro et monter le futur centre hospitalier qui sera situé à Lanne, à douze kilomètres de chacune des deux villes, sur une parcelle de 14 hectares. Préciser les coûts et les risques qui auraient été pris en rénovant ou en reconstruisant chacun des deux hôpitaux est aussi une façon de répondre aux détracteurs de ce projet qui trouvent que 2028 est une échéance bien trop lointaine.

Fusion préalable

Le scénario de reconstruction in situ ou sur les deux sites a été étudié en 2019 mais s’est avéré incompatible avec le fonctionnement hospitalier et les règles de continuité de service, sans compter un coût disproportionné par rapport au rendu final. Mais c’est justement l’ampleur de ce projet qui a permis de bénéficier d’une enveloppe de 210 millions débloquée dans la foulée du Ségur de la santé. « Commencées l’an dernier, les études se termineront l’année prochaine, précise Hervé Gabastou, et pour préparer le terrain, la fusion administrative des hôpitaux de Lourdes et de Tarbes est opérationnelle depuis le 1er janvier 2023 ».

Hervé Gabastou

Pour ce Béarnais qui avait passé 32 ans à l’hôpital de Pau au sortir de l’école de Rennes, finir sa carrière avec ce chantier est enthousiasmant : « Je suis arrivé ici en mai 2020, confie-t-il, et j’ai eu la chance de pouvoir accompagner depuis l’origine ce projet de reconstruction sur un même site mais aussi celui de fusion des deux hôpitaux ». Laquelle était l’une des conditions d’acceptation par l’Etat du projet architectural. Les retours d’expérience des autres établissements montrent qu’une fusion hospitalière doit tenir compte des incidences RH, logistiques, techniques, architecturales, environnementales et entraîner toutes les directions fonctionnelles qui sont également parties prenantes au projet : « D’où l’intérêt d’avoir procédé à la fusion administrative des hôpitaux actuels, car si l’échéance du deuxième semestre 2028 semble lointaine, le compteur a déjà commencé à tourner… ».

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Effectivement, cette course de fond ne doit pas se terminer au sprint : « L’acceptation du projet a eu lieu en mars 2022, détaille Hervé Gabastou, le projet est entré dans sa phase concrète en septembre 2022 dernier, avec le second jury de concours et depuis lors avec la reprise de l’esquisse proposée par le lauréat. Nous nous situons aujourd’hui en phase d’avant-projet sommaire, après des reprises profondes tant du plan masse que des fonctionnalités générales du bâtiment. La bonne écoute de la maîtrise d’œuvre a permis de prendre en compte l’essentiel des remarques formulées par les 18 groupes de travail, mobilisés pour cette opération depuis l’élaboration du programme technique détaillé en 2021 ».

Un nouveau scanner

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« L’appel d’offres travaux sera lancé en novembre 2024 et le chantier se déroulera jusqu’au premier semestre 2028, la marche à blanc et la mise en service sont prévues pour le deuxième semestre 2028 », poursuit-il. Mais le directeur adjoint du centre hospitalier Tarbes-Lourdes en convient, le dernier mois sera le plus tendu : « La planification définitive n’est pas encore établie au jour près, mais elle devrait démarrer lorsque le bâtiment sera hors d’eau, nous pourrons ainsi organiser des circuits de repérage in situ afin que les personnels des deux hôpitaux puissent s’approprier le nouveau bâtiment sans attendre sa mise en service définitive ».

En parallèle, il convient également de recenser le matériel existant dans chacun des hôpitaux actuels, savoir ce qui pourra être conservé ou ce qui devra faire l’objet d’un remplacement : « Nous savons déjà que nous allons procéder à l’acquisition d’un nouveau scanner, explique Hervé Gabastou, une partie du mobilier des hôpitaux de Lourdes et Tarbes sera également conservée, charge aux équipes logistiques de procéder aux recensements et aux acheteurs de se préparer pour l’acquisition du nouveau mobilier ».

Le coût global a guidé au choix des énergies

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Si le parti pris architectural s’est traduit notamment par de larges ouvertures afin de profiter de la vue sur la chaîne des Pyrénées dont profitent patients et soignants – l’établissement est très fier de ce choix – il veut bien convenir que, côté énergie, il a privilégié le coût global : « Du point de vue énergies renouvelables, notre futur centre hospitalier ne présente rien de révolutionnaire, dit-il, nous aurions pu choisir de nous orienter vers la géothermie, utilisée dans la région, mais si l’on raisonne en coût global, les économies ne sont pas au rendez-vous. L’idéal aurait été que nous puissions profiter d’un réseau urbain de chaleur, mais il n’y en a pas, donc nous partons sur des options classiques comme l’installation de capteurs photovoltaïques en couverture des parkings, la maîtrise des traitements d’air, sachant que notre objectif — et nous n’en sommes qu’à l’APS — est de couvrir 15 % de nos besoins grâce aux énergies renouvelables ».

Mais Hervé Gabastou tient à souligner que le nouveau centre hospitalier va répondre à la règlementation thermique 2012 (RT 2012) et la règlementation environnementale 2020 (RE 2020) : « Et nous répondrons à 14 items des cibles HQE (Haute Qualité Environnementale), donc nous n’avons absolument pas à rougir de nos choix, bien au contraire ». Les logisticiens ne seront pas oubliés, puisque la partie qui leur sera dédiée couvrira une surface de 5 800 m² pour une valeur finale estimée de 27 M€.

 

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