Les bénéfices du linge « tout séché » de la blanchisserie d’Agen

Installés en 2020, les trois tunnels de la blanchisserie inter-hospitalière du Lot-et-Garonne, à Agen, traitent quotidiennement entre 12 et 14 tonnes et sortent du linge sec. Le système apporte notamment aux patients un service « comme à la maison » mais il requiert, en amont, la collaboration des services.

Evelyne Thierry avait vu le système en place à Québec et Montréal : fini draps et serviettes rêches « en nid d’abeille », remplacées par du jersey et des serviettes-éponges, ô combien plus douces. Il lui a été facile de l’appliquer quand elle a conçu, construit puis dirigé la nouvelle blanchisserie dont s’est dotée le CH d’Agen depuis janvier 2020.

Comme à l’hôpital de Poitiers, précurseur en la matière, la blanchisserie d’Agen pratique désormais le « tout séché » : du « tunnel de lavage » ne sort plus que du linge sec. Plus de lourds draps mouillés à manipuler, plus une seule machine à repasser derrière, que des plieuses automatiques. Et au final, une capacité de traiter un plus grand nombre de « produits ».

Evelyne Thierry

Evelyne Thierry, qui s’est envolée cet été pour le CHU de Montpellier, laisse derrière elle un outil industriel efficace. Il traite entre 12 et 14 tonnes de linge par jour. Il pourrait monter à 18. « Le taux d’occupation de l’outil industriel peut augmenter en travaillant en deux équipes », explique-t-elle. Le groupement de coopération sanitaire qui le gère, espère en tirer bientôt de nouveaux adhérents (quinze en ce moment).

Un atelier « linge de résidents »

L’ancienne blanchisserie agenaise possédait un tunnel de lavage. La nouvelle en a trois, équipés en petites calandres afin de traiter des petites pièces, ce qui était impossible auparavant. Un des tunnels, composé de 5 « modules » de 50 kg est consacré à ce qui sert au ménage : gants, lavettes, serpillères, microfibres ou franges. « Nous avons choisi de maîtriser ce secteur », souligne Evelyne Thierry.

Les deux autres tunnels, consacrés au linge, comptent, chacun, huit « modules » de 50 kg. Sept séchoirs précèdent les plieuses. Plusieurs « lignes de production » s’ensuivent : le grand plat (couvertures, draps, alèses), le linge de salle de bain (serviettes éponges, draps de bain, linge de toilette), la finition forme (tenues professionnelles et chemises des malades), les « bandeaux » (gants, lavettes, microfibres ou franges) et les draps-housses ensachés puis l’expédition. Toutes les données (poids, nature du textile, quantité, température, nettoyant) sont recueillies par informatique et traçables.

L’un des objectifs du « tout séché » est d’apporter un confort « comme à la maison » au malade. Un atelier « linge de résidents » a donc été ajouté. Les effets personnels des résidents sont restitués dans un sac portant leur nom et le numéro de leur chambre.

Tri effectué à 60 % dans les services

Tout cela – c’est nouveau – implique le tri du « sale » en amont. Dans des sacs de couleurs différentes : blanc pour les vêtements de travail, marron pour les couvertures, bleu pour les draps, jaune pour le linge de salle de bain, vert pour les tenues des blocs opératoires, rayé bleu et rouge pour les « bandeaux ». « Ce tri est effectué à 60 %, un bon résultat dix-huit mois après le démarrage. Nous demandons un travail supplémentaire à un personnel de moins en moins nombreux à faire les chambres et qui tourne souvent. Je pratique donc régulièrement les piqûres de rappel dans les services », confiait Evelyne Thierry avant de partir.

Car l’un des grands mérites de la nouvelle blanchisserie est d’y avoir fait disparaître le « tri au sale ». Il occupait 10 personnes sur l’effectif de 52 personnes. A présent, les sacs partent directement au lavage. Ils sont chargés avec l’aide d’exosquelettes. « Autre progrès dans la nouvelle blanchisserie, on respire, souligne Evelyne Thierry. Au lieu d’une ambiance de sous-sols, nous travaillons sous des plafonds à plus de 10 m de hauteur, le tout en plein champ. » En l’occurrence à Pont-du-Casse dans la banlieue d’Agen.

Prix inchangés, toujours compétitifs

36 000 m2 de surface, complètement neuve, la blanchisserie a coûté 14 millions d’€ autofinancés par le GCS. « Nous faisons beaucoup d’économies, surtout en énergie. Mais les adhérents au GCS ont décidé que les prix qui leur étaient facturés ne changeraient pas. Ils sont restés les mêmes. Cela nous suffit pour être compétitifs face au secteur privé. S’applique chez nous la norme RABC (Risk Analysis Bio-contamination Control). Nos salariés sont des agents hospitaliers : ils ont le sens du service au malade ; nous offrons la continuité du service public », liste Evelyne Thierry. En effet, la blanchisserie a fonctionné pendant toute la crise de la Covid alors qu’en Lot-et-Garonne les trois quarts des blanchisseries privées étaient fermées

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