Le Service de santé des armées a sa feuille de route jusqu’en 2030

Le combat évolue, le Service de santé des armées s’adapte. Dans un contexte international qui exige de nouvelles ambitions, le médecin général des armées Jacques Margery a présenté le 28 mars la feuille de route 2024-2030 du service qu’il dirige. Avec, pour composantes, de nouvelles infrastructures, de nouveaux équipements et un ravitaillement médical aux capacités modernisées, tous capables de faire face aux enjeux stratégiques.

médecin général des armées Jacques Margery © LD

Un service réactif, robuste et entraîné sur lequel les forces engagées puissent compter en cas de conflits de grande ampleur… Tel est l’objectif de la nouvelle feuille de route 2024-2030 du Service de santé des armées (SSA), un service certes de référence en Europe mais qui doit aujourd’hui savoir se renouveler pour tenir ses promesses. Et, avec une loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 de 413 milliards d’euros, « historiquement favorable au SSA avec 11 milliards dédiés » de l’aveu même du directeur central dudit Service, le médecin général des armées Jacques Margery, les moyens sont effectivement là, pour « envisager la rénovation complète d’une maison vieille de trois siècles grâce à une capacité d’investissement de 3 milliards d’euros , soit 50 % de plus que mes prédécesseurs »… En un mot pour changer de braquet.

La création d’une Académie de santé

Pour être « au rendez-vous de la haute intensité » se voit donc impulsé le renouvellement de l’ensemble des moyens de toute la chaîne santé du SSA. Ainsi, une nouvelle offre de santé globale est-elle d’abord déployée entre les hôpitaux des armées et la médecine des forces, reposant notamment sur réorganisation des hôpitaux du SSA en trois niveaux : les hôpitaux nationaux d’instruction des armées développant une offre de santé de pointe (Saint-Mandé, Clamart, Marseille, Toulon), les hôpitaux régionaux d’instruction des armées (Brest, Metz) pour une offre de santé de proximité et les Hôpitaux spécialisés des armées (Lyon, Bordeaux) dédiés à la blessure physique et psychique.  Afin de décloisonner la recherche, la formation, l’innovation et renforcer les liens avec les universités et établissements hospitaliers civils, une Académie de santé des armées sera également inaugurée le 9 avril prochain, porteuse, entre autres, d’un pôle de recherche et innovation tournée vers l’IA.

1 milliard d’euros pour les infrastructures

Bien évidemment, les modernisations du patrimoine, des équipements et de la logistique soutiennent la nouvelle dynamique opérationnelle, essentielles pour contribuer à l’autonomie des armées et participer à la résilience de la Nation. Au total, près d’un milliard d’euros se voit par conséquent consacré aux infrastructures sur le territoire national, SI compris. En tête d’affiche est d’abord projetée la construction, à Marseille, d’un nouvel hôpital national d’instruction des armées. Annoncé en juillet dernier par le Président de la République, il sera implanté sur le camp militaire de Sainte-Marthe et cet établissement « de nouvelle génération », dont le budget est estimé à 300 millions d’euros, doit être « la brique préfigurant la future capacité hospitalière militaire », selon le directeur central du SSA. Encore en phase d’étude de faisabilité, son ouverture est prévue à l’horizon 2030.

Renouvellement du parc d’imagerie

Les infrastructures existantes ne sont pas en reste. Au programme, rénovation du service d’accueil des urgences de Percy et, fin 2025, inauguration de la première salle de traumatologie hybride chirurgien/radiologue à l’Hôpital national d’instruction des armées de Toulon sans compter le renouvellement massif du parc d’imagerie (scanner IRM à Toulon, scanner à Saint-Mandé) ainsi que des investissements dans l’innovation : robots chirurgicaux à Toulon et Saint-Mandé, centre de recherche sur la physiologie en milieu extrême (hypoxie du pilote, hyperbare du plongeur…). Un plan d’équipement « très généreux » doit également être décliné, selon les besoins locaux : endoscopes, échographes…

Doubler la production pharmaceutique

Composante majeure du renouveau orchestré, « le ravitaillement médical du SSA doit aussi se préparer à entrer dans une logique d’économie de guerre » a par ailleurs souligné le médecin général des armées Jacques Margery. Outre une augmentation des unités médicales opérationnelles, ce changement d’échelle suppose donc l’automatisation des établissements de ravitaillement sanitaire des armées (Marolles pour 70 millions d’euros, et Marseille), la création de nouvelles chaînes pharmaceutiques dont les capacités sont appelées à doubler et l’amplification « indispensable » de la production des produits sanguins.

Face aux risques NRBC (risques nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques), une future unité de bioproduction (contre-mesures médicales) sera par ailleurs installée au sein de la pharmacie centrale des armées, à Orléans-Chanteau. Enfin, un Centre de développement capacitaire opérationnel santé (CDCOS) est créé, toujours à Orléans… Une pierre de plus à l’édifice devant garantir au SSA sa juste place dans les armées, comme véritable outil de défense, un service de soutien de l’avant qui doit aujourd’hui, « après de nombreuses années de restriction et de restructurations, retrouver le goût du succès et la confiance en l’avenir », a conclu le médecin général des armées Jacques Margery.

 

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