18 candidatures étaient en lice cette année dans quatre catégories. Cinq dossiers ont finalement été sélectionnés par un jury composé de six professionnels et experts. Dans le registre de l’innovation, c’est le CHU de Brest qui l’emporte haut la main avec « W.Print », sa ferme d’impression 3D pour la production d’accessoires, de petits outils ou de pièces détachées. Démarré avec la création sur mesure de cales de positionnement en médecine nucléaire, le projet a pris de l’ampleur, avec la mise au point d’aides techniques personnalisées ou de modèles anatomiques patients spécifiques à la destination des chirurgiens.
Neuf imprimantes de technologies et de capacités différentes permettent la production d’un spectre très large de modèles. En 2023, l’hôpital breton a réalisé ainsi 125 000 euros de gains consolidés hors financements. Les bénéfices ne sont pas qu’économiques. Le CHU réduit son impact carbone et sécurise sa chaîne d’approvisionnement. Il contribue au maintien de son parc, en luttant contre l’obsolescence programmée. Ses efforts se portent aujourd’hui sur le développement de dispositifs médicaux non implantables, puis à terme de DMI patient spécifiques, la certification de la plateforme et la validation de matières biocompatibles et stérilisables.
Mémo livraison
Autre CHU distingué, celui de Rouen qui l’emporte dans la catégorie logistique. Grâce à « Mémo livraison », un outil simple développé en interne. Objectif : fournir l’ensemble des infos aux chauffeurs de camion de la blanchisserie, surtout les débutants, pour les rendre autonome et leur faciliter la tâche alors qu’il existe une cinquantaine de points de livraison, tous particuliers. Disponible en version papier ou en ligne, chaque fiche énumère non seulement le trajet, mais les erreurs à ne pas commettre, les zones de récupération du linge, photos à l’appui, et les différentes tâches à effectuer.
L’application est évolutive : n’importe quelle tournée peut être amendée en quelques clics . Après quelques semaines d’utilisation, le CHU a constaté moins de retards. Le taux des erreurs de livraison a chuté de 70 %. Optimisées, les tournées ont une empreinte carbone moindre. La cohésion de l’équipe de chauffeurs s’est améliorée. Les agents peuvent échanger sur le groupe de discussion relié à l’application et proposer d’éventuelles améliorations.
La « remontada » du CH d’Auch
Si le CH d’Auch a été désigné « direction achat de l’année », il le doit à l’impressionnant chantier de réorganisation et de professionnalisation réalisé en peu de temps. Fin 2021, l’état des lieux n’a rien de glorieux : le nombre de commandes hors marché atteint les 80 %, le suivi des fournisseurs est lacunaire, le renouvellement des marchés n’est pas anticipé, les bons de commande en papier sont transmis par fax aux prestataires. Les agents du service « économat » n’ont pas de fiche de poste. Et la charge de travail n’est pas lissée.
En 2022, l’hôpital remonte la pente à vitesse grand V. Le travail de fond se concrétise notamment par une cartographie des achats, la mise à disposition d’un document type « min marché » utilisable dès le 1er euro, création d’un guichet unique pour les demandes d’achat associé à la dématérialisation des processus, centralisation de la fonction achat au service des achats (plus d’achat par les prescripteurs), un programme de formation et l’arrivée d’un contrôleur de gestion achat. Des efforts qui portent leurs fruits : réduction du taux de hors marché de 80 à 29 %, systématisation des critères RSE, et 1 640 000 euros de gains au compteur (soit deux fois plus que la moyenne des années précédentes).
Marché GHT pour du matériel recyclé
Au chapitre de l’achat responsable, le CHU d’Angers a réussi à sortir du lot, grâce à un marché GHT qui permet notamment aux EHPAD d’acquérir du matériel de seconde vie, incluant des prestations de service après-vente (SAV) équivalentes à celle d’un marché classique. Il s’agit principalement d’aides techniques (en particulier des aides à la mobilité type fauteuils roulants, verticalisateurs, lève-personne, des aides à l’hygiène type chaises de douche), accessibles à des prix très inférieurs au neuf (-50 % à -60 %).
Un gain économique associé à une dimension sociale et solidaire (l’attributaire Envie Autonomie est une entreprise d’insertion, lire notre article du 18 décembre 2019) et à une dimension environnementale. Le choix de l’économie circulaire débouche sur une réduction des déchets et de l’impact carbone : un fauteuil reconditionné, c’est 97 % de carbone en moins par rapport à un fauteuil neuf produit en Asie ! Le GHT 49 est le premier en France à avoir imaginé ce montage avec Envie Autonomie.
Enfin, le jury a tenu à attribuer un prix spécial au GHT 72 pour avoir, avant toute obligation réglementaire, pris l’initiative de rédiger son premier Schéma de promotion des achats socialement et écologiquement responsables (SPASER), ave l’engagement fort d’intégrer une clause environnementale ou sociale dans 100 % des marchés publics à l’horizon 2026.
