Données de santé : vers une utilisation plus sûre et plus pertinente

À l’approche du premier anniversaire de la Feuille de route du numérique en santé 2023-2027, la cyber sécurité et l’accessibilité par les professionnels de santé aux données des patients pertinentes figurent parmi les priorités de la Délégation au numérique en santé. Les systèmes d’information des hôpitaux ont notamment du pain sur la planche mais l’Etat met des moyens sur la table.

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Aujourd’hui « 18 millions de documents de santé » sont envoyés chaque mois aux patients, grâce au déploiement , dans le cadre du Ségur du numérique en santé, de logiciels métiers pour le transfert d’ordonnances, de comptes rendus d’examens biologiques, et autres lettres de liaison de sortie vers Mon Espace Santé, selon Hela Ghariani.

La co-responsable du numérique en santé (DNS) au Ministère du travail, de la santé et des solidarités s’exprimait lors d’une table ronde intitulée « chantiers étatiques & industriels : quelles priorités en 2024 pour la santé numérique ? » durant la conférence sur les « Grandes tendances e-santé 2024 » organisée par l’agence Interaction Healthcare le 30 janvier à la Station F à Paris. « C’est chaque mois deux fois plus que ce qui a été fait en 15 ans dans le cadre du DMP (…) A peu près un document sur deux produits est envoyé sur Mon Espace Santé », se félicite-t-elle.

La cyber sécurité alarmante à l’hôpital

Hela Ghariani

Le système fonctionne. Cependant, il génère à la fois des espoirs et des inquiétudes concernant la sécurité des données de santé des patients et la question de l’inégalité d’accès à la santé. « C’est pourquoi notre priorité numéro 1, c’est la cyber », résume Hela Ghariani avant de faire un constat inquiétant.

« Cela fait un an qu’avec l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information et l’Agence numérique en santé (ANS), on mène des audits de sécurité dans tous les établissements de santé et il n’y a pas d’autre mot que de dire que la situation est alarmante, que le niveau de cyber sécurité des systèmes d’information hospitaliers nécessite qu’on se retrousse les manches vraiment et qu’on mette en place un plan de rattrapage pour renforcer la sécurité des données des Français lorsqu’ils sont pris en charge dans un établissement ».

D’où le plan CaRE comme cyber accélération et résilience des établissements, lancé en décembre 2023. Déjà 200 millions d’euros (M€) y sont déjà investis. « Et on espère pouvoir dédier jusqu’à 700M€ d’ici à fin 2027 pour s’assurer d’avoir rehaussé le niveau de sécurité des systèmes d’information hospitaliers », précise Hela Ghariani.

Déployer des logiciels pour faciliter l’accès aux données

Reste qu’il faut rendre la quantité d’informations drainée jusqu’à Mon Espace Santé facilement utilisable par le professionnel de santé au moment du soin. L’objectif étant qu’en « plus de me redonner la main sur mes données de santé, elle me permette aussi d’être mieux soigné », indique Hela Ghariani. Et pour cela, il faut inventer un système permettant au médecin, via par exemple une pastille sur son interface, d’accéder aux documents pertinents et non à tout en vrac.

« On y travaille depuis plus de six mois avec les industriels et avec des collègues de l’Assurance maladie notamment (…) C’est le cœur de ce qu’on appelle la vague 2 du Ségur, pour de nouveau déployer sur le terrain des logiciels qui permettent l’accès des professionnels aux données de santé dont ils ont besoin pour mieux soigner, » résume Hela Ghariani.

Elle se donne pour troisième priorité en 2024, d’obtenir le vote, avant les prochaines élections européennes, d’une régulation du numérique en santé au niveau européen « un peu comme un RGPD sectoriel (…) avec un texte pour un vrai marché unique du numérique en santé, qui permette de renforcer le droit des patients sur leurs données de santé, et d’accélérer la réutilisation secondaire des données de santé qui servent vraiment aux différents cas d’usage (…) que ce soit l’intelligence artificielle, la personnalisation des soins ou même la recherche, l’innovation à l’hôpital », synthétise-elle.

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