Construction hospitalière : les 10 commandements pour maîtriser les risques

Les journées 2024 de l’APMO, qui se tenaient à Reims les 14 et 15 mars, ont donné l’occasion à François-René Pruvot, président du Conseil scientifique de l’investissement en santé de faire un bilan de l’activité du CSIS et de présenter les dix facteurs clefs afin de circonscrire les risques d’un projet de construction hospitalière.

© Epictura

Chargée d’éclairer les décisions du Comité de pilotage de l’investissement sanitaire, la vingtaine de membres de l’équipe pluridisciplinaire (médecins, infirmiers, directeurs, ingénieurs…) du Conseil scientifique de l’investissement en santé (CSIS) ausculte tous les projets de constructions supérieurs à 150 millions d’euros, ou intervient à la demande des ARS.

Invité aux récentes journées de l’Association pour la performance de la maîtrise d’ouvrage (APMO) à Reims, son président, le professeur François-René Pruvot a fait, au bout de trois ans, le bilan de l’activité (qui pourrait s’achever en théorie en avril 2024 si la lettre de mission n’est pas renouvelée). En lien avec 11 ARS, les dossiers de 27 établissements ont été examinés (dont 7 CHU), pour un montant total de 10,5 milliards d’euros, avec une SDO (surface dans l’œuvre) de 1,980 million de m2.

Citant Mark Twain « le danger, ce n’est pas ce qu’on ignore, c’est ce qu’on tient pour certain et qui ne l’est pas », le chirurgien, qui a exercé au CHU de Lille, a, dans le foulée, détaillé les 10 facteurs clefs pour maîtriser les risques d’un projet de construction hospitalière.

François-René Pruvot

D’abord disposer d’une équipe qualifiée capable de s’entourer de réelles compétences externes. Une lapalissade diront certains. Pas certain, puisque le président du CSIS a émaillé son propos de contre-exemples. Ensuite obtenir l’implication de tous les acteurs dès le démarrage. Naturellement définir et assurer la stabilité des besoins. « Il y a surtout au départ une mauvaise analyse de la projection de l’activité », a-t-il illustré.

Autre recommandation : être capable d’établir plusieurs scenarii de réalisation. Mais aussi  prendre le temps nécessaire pour élaborer le programme. Sixième conseil : bien identifier le montage d’opération et le mode de dévolution adéquats. Le risque financier n’a évidemment pas été oublié. Le professeur Pruvot a insisté sur la nécessité d’établir le coût toutes dépenses confondues. En recourant à des ratios de coûts récents et adaptés.

Et en intégrant les différents facteurs de variation des prix (localisation, site occupé, phasage, performance thermique…) et toutes les factures sans en omettre (démolition, désamiantage, dépollution, travaux d’adaptation et de construction, assistance à maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’oeuvre, assurances, aléas…). Il aussi recommandé d’impliquer la maîtrise d’œuvre dans la maîtrise des coûts et dans la matrice des gestion des risques. Enfin de canaliser les demandes des utilisateurs tout au long du projet…

« Le parcours du maître d’ouvrage est jonché de risques, il est long et tortueux », a rappelé Cédric Garot, président de l’APMO et directeur du patrimoine, des achats et de la logistique du CHU de Reims. Faut-il baisser les bras pour autant ? Le professeur Pruvot a rappelé l’importance de disposer d’infrastructures et d’équipements modernes pour conquérir les jeunes générations de médecins « Quand on n’est pas capable d’investir, le risque, c’est l’atteinte à l’attractivité. »

 

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