Comment, dans le respect de son bâti patrimonial, restructurer 60 500 m2 SDO (surface dans œuvre) en site occupé ?… Telle est la question centrale qu’a dû éclairer le centre hospitalier Saint-Jean-de-Dieu (Lyon 8e) – construit en 1824 pour y interner jusqu’à 1200 patients – afin de donner à son visage asilaire une figure plus hospitalière.
© ARHM
Et la réponse tient en quelques mots : « après plusieurs plans immobiliers successifs menés isolément, il fallait un plan d’envergure projetant un programme de travaux fonctionnels sur plusieurs années. Fort de 7 opérations échelonnées jusqu’en 2029, ce schéma directeur existe désormais, validé par l’ARS en 2021 pour un budget global de 20,50 M€ euros », rapporte Alexis Coppéré, directeur patrimoine et sécurité au sien de la Fondation ARHM (Action Recherche Handicap et Santé Mentale), gestionnaire du site depuis 1980.
De nombreuses contraintes
© CH Saint-Jean-de-Dieu
Sous la conduite du groupe SERL, mandaté pour la mission initiale de programmation et d’assistance à maîtrise d’ouvrage, le chantier à venir ne manque pas de challenges. « L’objectif est de revisiter tout à la fois la fonctionnalité des chambres, dont nombreuses sont celles auxquelles manque encore le confort élémentaire d’un hôpital du XXIe siècle, d’individualiser les grands espaces et d’accompagner le virage ambulatoire de notre spécialité en ouvrant vers l’extérieur ce site initialement conçu pour une vie autarcique », explique le directeur.
Mais tout cela doit s’opérer alors même que 340 patients sont présents au sein des 15 unités de l’établissement psychiatrique, qu’un dénivelé de 7 mètres en marque les 22 hectares de parc et que, valeur patrimoniale oblige, plusieurs des bâtiments devront impérativement conserver leurs toitures et façades.
Démolition de 2000 m2 de bâtiments
© Anny Dulac
Chaque phase du projet a donc été particulièrement soignée, ouvrant la porte de la suivante. L’opération à tiroir débutera ainsi en 2024 par la démolition de 2000 m2 de bâtiments désaffectés et non protégés au profit de deux nouvelles unités de soins psychiatriques adultes et de locaux d’activités sportives adaptées. Coût de l’investissement pour cette phase : 8,8 millions d’euros.
« Une fois ces nouvelles unités achevées, mi 2026, nous pourrons alors en vider deux autres, d’intérêt patrimonial cette fois, afin de retravailler leur volume et ainsi de suite », développe Alexis Coppéré. Rigoureusement réfléchie, la démarche se veut aussi hautement responsable, certification HQE à l’appui. « Outre un chantier à faible nuisance faisant la part belle au réemploi, nous souhaitons aussi inscrire au programme technique de vrais objectifs performantiels de développement durable, et ce à l’appui d’un plan géothermique ambitieux comme d’un diagnostic phytosanitaire et écologique du parc », insiste-t-il.
Conception-réalisation
© ARHM
Après plusieurs temps d’échanges menés avec les soignants, les personnels et les représentants des usagers pour mieux cerner leurs attentes et besoins, la rédaction du cahier des charges confiée à la plume de la SERL devrait déboucher sur la désignation du maître d’œuvre au 3ème trimestre 2023.
« Un groupement, car pour mieux répondre aux contraintes du site et garantir la cohérence de l’ensemble, nous avons opté pour une consultation en conception-réalisation », précise Alexis Coppéré. S’y adjoindra alors un AMO spécialisé dans la gestion des flux pour sécuriser la bonne continuité de fonctionnement durant sept ans. Et faire ainsi que le grand scénario d’anticipation ne ressemble en rien à un film d’aventures.
