À Salon-de-Provence, l’hôpital d’après-demain

Les travaux du futur Hôpital du Pays Salonais (HPS) dans les Bouches-du-Rhône devraient démarrer fin 2026 pour une réception prévue fin 2029. Avec un investissement de 167 M€, d’une superficie de 35 000 m2, ce nouvel hôpital et son Village Santé seront édifiés sur un terrain de 6,5 hectares financé par les vingt communes du territoire. L’un des premiers projets Ségur de reconstruction complète à se concrétiser offrira 232 lits et 42 places.

À 45 ans, c’est Hélène Sabatier qui est directrice du projet du nouvel hôpital. Diplômée de l’EHESP et titulaire d’un DEA en droit de la santé, elle a exercé pendant une vingtaine d’années au CHU de Dijon et à l’AP-HM dans différentes directions fonctionnelles (DRH, secrétariat général…) avant d’être recrutée à l’Hôpital du pays salonais en 2018 pour coiffer les ressources matérielles et la sortie de terre du futur édifice.

Accent particulier sur la QVT

« Nous avons fixé cinq axes majeurs qui guideront la conception des futurs bâtiments hospitaliers, explique Hélène Sabatier, tout d’abord l’ouverture à la ville et aux partenaires du Village Santé, avec notamment une Place de la Santé Publique accessible et partagée, permettant entre autres le développement des actions de santé publique et d’éducation thérapeutique. Ensuite, nous avons travaillé sur la dissociation des flux pour un parcours patient lisible, à l’échelle du Village Santé et de l’HPS ».

Deuxième axe majeur pour la directrice du projet du nouvel hôpital, la conception d’un outil moderne au service de l’usager et des soins, avec l’objectif d’un hôpital inclusif et l’intégration de la transition numérique. « Nous avons souhaité porter également un accent particulier sur la promotion de la qualité de vie au travail avec un environnement de travail conçu comme un lieu de vie, et surtout réaliser un projet durable et résilient à travers des cibles Haute Qualité Environnementale volontaristes, la recherche d’un label Très Haute Qualité en Santé Environnementale ainsi qu’une approche évolutive et flexible du bâti. Le nouvel HPS vise à préserver l’avenir : la modularité et la flexibilité des unités projetées sont les garants d’une adaptation possible aux évolutions dans le temps de la réponse aux besoins de santé, en cohérence avec le projet médico-soignant partagé du GHT ».

De très fortes ambitions énergétiques et environnementales

Assistée par Agnès Jacques-Jean, ingénieur, Hélène Sabatier pilote les objectifs vertueux du futur Hôpital du Pays Salonais : « Le volet THQSE (Très Haute Qualité Sanitaire Sociale et Environnementale) du futur hôpital est une démarche ambitieuse et exemplaire qui vise, au-delà d’un profil environnemental réglementaire, à obtenir une labellisation pour l’ensemble de l’établissement, dit-elle, l’objectif est que le lieu où l’on soigne soit lui-même un outil de la guérison, ou tout au moins un lieu qui montre la voie au monde de la construction, en cohérence avec la santé de demain, basée sur la prévention et la promotion de la santé environnementale ».

Pour elle, c’est au travers d’un engagement institutionnel que les thématiques de la THQSE doivent être déclinées durant l’instruction du projet et se concrétiser durant les phases de consultation, de conception, de réalisation de l’ouvrage, de réception et d’exploitation. Ainsi, à l’HPS, pas moins de onze piliers ont été retenus et traduits en performance à atteindre. « Au-delà d’une ligne directrice du marché de construction, c’est également un outil de décloisonnement remarquable qui nous permet de travailler avec les services de l’État, les collectivités territoriales, les acteurs locaux, mais aussi nos collègues des autres établissements de santé ».

Gestion de l’eau, économie circulaire et achat responsable

À Salon-de-Provence, la directrice du projet du nouvel hôpital sait que les bâtiments hospitaliers figurent parmi les plus énergivores, c’est bien la raison pour laquelle énergie, transition énergétique, autoconsommation, mais également gestion de l’eau, économie circulaire ou encore politique d’achat responsable sont sur sa table de travail.

« Notre objectif est bien évidemment de disposer de vraies solutions techniques durables, dit-elle, nous devons anticiper les changements climatiques, mesurer l’impact environnemental ou l’incidence agricole, estimer l’enjeu hydrologique ». La consommation de l’eau est donc questionnée.  « L’hôpital doit s’engager dans un plan de sobriété, chercher à promouvoir la réutilisation des eaux en levant les freins réglementaires et être source d’innovation pour la maîtrise de ses effluents liquides ».

Candidat à l’AMI Bâti sobre de l’ADEME

Hélène Sabatier

L’économie circulaire est bien évidemment au programme : « Si les critères en matière de développement durable entrent d’ores et déjà dans la sélection des marchés de fourniture, souligne Hélène Sabatier, le réemploi de matériaux dans la construction et l’usage de matériaux biosourcés restent des pistes importantes d’innovation et de recherche. L’HPS a candidaté à l’AMI Bâti Sobre lancé par l’ADEME pour bénéficier d’un accompagnement sur cette thématique ».

L’Hôpital du Pays Salonais est signataire de la charte relation fournisseurs Achats Responsables (RFAR). « L’hôpital est un acteur majeur : sa responsabilité dans l’économie à l’échelle du territoire, son engagement dans l’économie sociale et solidaire, ainsi que dans l’insertion sociale, sont en jeu compte tenu de l’ampleur de l’opération et des montants financiers engagés ».

Restauration, biodiversité, prévention des risques émergents…

Pour Hélène Sabatier, une restauration éthique et durable va de soi : « Le repas participe à la santé de nos usagers, mais aussi de nos professionnels. Les pistes d’amélioration sont variées, en lien avec la Loi Egalim et les filières locales, au travers du projet alimentaire territorial ». Un accent particulier a été porté sur la biodiversité et la réduction de la déforestation importée : « Le “verdissement” de nos hôpitaux participe au bien-être des patients, pour exemples, jardin thérapeutique, corridor vert. Il s’agit d’adopter une démarche volontariste de préservation de la biodiversité dans le cadre de la construction et de créer des espaces intérieurs et extérieurs alliés pour la santé ».

Promouvoir la prévention des risques émergents fait également partie du cahier des charges sur lequel travaille la directrice du projet : « La qualité des espaces intérieurs et de l’air est particulièrement recherchée, tient à souligner Hélène Sabatier, CEM, COV, perturbateurs endocriniens, CMR sont à mesurer et à maîtriser. La future Place de la Santé Publique du nouvel hôpital, qui réunira les acteurs du territoire autour de la maison des usagers, facilitera les actions de sensibilisation ».

Le numérique et les transports sont deux sujets à étudier à l’échelle du territoire, mais Hélène Sabatier en convient, la difficulté réside dans l’anticipation des futurs développements à horizon 2030, voire au-delà, ce qui nécessite de s’adjoindre des compétences spécialisées pour imaginer l’avenir et prendre les mesures conservatoires pour la construction. C’est un énorme chantier qui repose sur les épaules de la directrice du projet du nouvel hôpital, mais elle a son fil d’Ariane : « L’éco conception des soins et des bâtiments reste un fil guide car n’oublions pas que l’objet à construire est un établissement de santé ! ».

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