VyV teste des robots de transport d’assiettes en Ehpad

Dans trois établissements de Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire, le groupe mutualiste teste un robot de transport d’assiettes en salle de restaurant. A la clé, du confort pour le personnel et une amélioration du service aux résidents.

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« Il s’utilise aussi facilement qu’une tablette ou un téléphone. Si vous le gênez, il vous demande poliment de vous écarter. » Salim Bekhat, directeur de l’Ehpad « le repos de Procé » à Nantes, montre au milieu de sa salle de restaurant combien le robot serveur est pratique.

Il est en test depuis le mois de juin. C’est une première en France dans un Ehpad. Il se présente comme un chariot roulant à quatre étages avec des yeux en haut de la tête et derrière, un écran tactile pour le commander. Il parle, il chante, souhaite « joyeux anniversaire », passe de la musique. Comme une tablette ! Il affiche aussi ce qu’il fait. S’il s’en va à la plonge ou sert en salle.

Une expérimentation à 60 000 €

Ce robot est chinois. Il est construit par Pudu Robotic et distribué par Robotec & CO en France. Il a été choisi par la section Pays de la Loire de la filiale personnes âgées du groupe VyV, dénommée VyV 3. Cette section avait été indirectement sollicitée par l’ARS des Pays de la Loire pour explorer les ressources de la robotique de service.

« Si l’offre d’un robot français ou européen existait ou avait été dans nos moyens, nous l’aurions choisie. Mais dans le budget d’expérimentation contraint qui était le nôtre, nous sommes des établissements à but non lucratif, nous n’avions pas d’autre choix pour le moment », explique Yann Mellet, représentant de VyV3 dans les Pays de la Loire.  VyV3 débourse 60 000 € pour la location pendant trois ans d’un robot dans chacun des EHPAD pilotes de Nantes, Angers et Fay-de-Bretagne, au Nord de Nantes.

Douze assiettes à chaque fois

A Nantes, il a fallu deux jours à un installateur pour cartographier les lieux, effectuer les réglages comme ceux de la vitesse de déplacement. Le robot ne percevait pas les poignées hautes de fauteuils roulants. Tout cela a été corrigé. Et le test a été lancé. Depuis, il n’y a eu aucun accroc. « Dans certains pays asiatiques, il a fait ses preuves. Son usage est courant dans les restaurants », croit savoir Salim Bekhat.

Pour Salim Bekhat, directeur de l’Ehpad Repos de Procé à Nantes, l’intérêt du robot est déjà manifeste © HH

Un tel équipement peut-il apporter un plus aux résidents, en particulier au moment-clé du repas ? Peut-il aider le personnel dans ses tâches, améliorer ainsi les conditions de travail ? Voilà les deux questions qui ont guidé le groupe VyV. « L’objectif n’est nullement de réduire le personnel, précise immédiatement Salim Bekhat. Le robot n’est qu’un assistant. Vous supprimez la personne, il ne fonctionne pas. » Il n’est pas capable d’aider un résident dans sa prise de repas, ou de lui verser à boire.

Programmé par le cuisinier (la cuisine jouxte la salle de restaurant, de 60 places), le robot apporte simplement les assiettes à proximité des tables. Il évite des pas aux trois personnes de service. Il emporte jusqu’à 12 assiettes à chaque fois, sert trois tables d’un coup. Pour l’anecdote, il a parcouru 16 km depuis le mois de juin.

D’autres potentiels

Le groupe VyV généralisera ces robots si leur pertinence est démontrée. Avant même toute considération financière. « Il faut un test pour développer l’imaginaire autour de l’outil, ajoute Salim Bekhat. Nous n’en avons, pour le moment, qu’un usage limité aux temps de repas, midi et soir. Et en dehors de cela ? La fonction du robot est de transporter. J’ai fait faire une carte pour lui de notre second Ehpad juste à côté. Si je n’ai que des courriers à faire signer là-bas et qu’il m’évite de me déplacer… »

Le robot peut, en théorie, prendre des ascenseurs et distribuer des repas, ou autre chose, dans les chambres, dans les étages. La durée de l’expérimentation, 3 ans, doit d’envisager tous les potentiels et les conditions les conditions d’utilisation dans les établissements.

Une filière locale ?

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Après un an de fonctionnement, une première analyse quasiment scientifique des bénéfices sera réalisée par le gérontopôle des Pays de la Loire, association de soignants en gériatrie et d’experts. Ils commenceront par interviewer les professionnels et les résidents. Qui regretteraient déjà, aux dires de Salim Bekhat, au moins pour certains d’entre eux, que le robot disparaisse. « Il nous faut des études solides, des références presque scientifiques pour que l’entreprise passe ensuite éventuellement à une étape de budgets et de plans d’investissements », indique Yann Mellet.

Parmi les éléments à considérer, le prix catalogue du robot Pudu, tourne pour le moment autour de 18 000 €. Un enjeu plus global apparaîtra alors ou pas. Celui de l’édification, en fonction des résultats de l’étude, d’une filière de production de ces robots qui ne soit plus chinoise mais européenne, nationale, voire locale. Une dynamique financière, portée entre autres, par l’ARS.

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