L’antique blanchisserie de l’hôpital de Laval métamorphosée

À Laval, la blanchisserie de l’hôpital, datant des années 1980, vient d’être remise à neuf : translateur, robot de picking, linge pucé, capteurs pour économiser l’eau et l’énergie… Avec à la clef une plus grande productivité, mais aussi une meilleure QVT : fin du travail de force pour vider les sacs et une embauche moins matinale.

 

Le nouveau système de mise sur cintre © HH

Depuis qu’elle a redémarré en mars, il fait 3 à 4° degrés de moins au sous-sol de l’hôpital de Laval, à la blanchisserie. Pas seulement parce que la chaudière à vapeur a disparu, remplacée par le gaz. Laurence Simon, la responsable de la blanchisserie, en était la « chauffeuse » officielle, la seule autorisée à « conduire la cocotte-minute ». Parce qu’aussi, après quatre mois de travaux, les salariés ont retrouvé leurs locaux toisés par de gros tuyaux accrochés aux hauts plafonds, percés, pour rafraîchir l’air.

Terminé les laveuses à cartes

L’équipe de la blanchisserie © HH

De plus, le travail de force a disparu. « La blanchisserie détenait un des taux les plus élevés de troubles musculosquelettiques au Centre Hospitalier. Au tri, par exemple, pour les éviter, deux personnes se partageaient le même poste. Une rénovation devenait urgente. C’était une demande forte de l’équipe. L’intérêt aussi de l’hôpital pour continuer de trouver du personnel. La modernisation a été étudiée à partir de 2017 mais l’établissement pensait à ce projet de longue date », indique Jean-Michel Lacroix, directeur des ressources opérationnelles..

Le changement a été radical. Le process industriel, toutes les machines ont été remplacés. A la sortie, pas de révolution dans le service hôtelier : linge livré à plat, pas de tout séché ; vêtements professionnels ; traitement du linge de résidents. Mais au sous-sol, un tunnel de lavage a remplacé quatre laveuses-essoreuses dont une à cartes, deux séchoirs rotatifs ont pris la place de quatre vieux. Seule, une laveuse de 130 kg a été conservée pour traiter séparément les bandeaux et chiffonnettes.

Trois mois de rodage

Un nouveau dispositif de rafraîchissement de l’air © HH

Les postes ont été redéfinis, c’est une autre façon de travailler, production cadencée, pilotage sur écrans et beaucoup de technologie nouvelle. Le rodage a duré trois mois, du début mars et la fin mai. Un temps, pas un jour ne se passait sans arrêt de la chaîne, ce qui a nécessité l’intervention permanente des techniciens des fournisseurs français (Primus pour le tunnel de lavage), hollandais (Jenson, pour le linge propre) et allemands (Kannegiesser, pour le linge sale), les seuls en mesure de la faire redémarrer.

Le niveau de production d’avant, quatre tonnes de linge par jour, n’a été retrouvé qu’à la fin mai. Entretemps, le voisin du secteur privé, les Blanchisseries du Maine (12 tonnes de linge par jour) a apporté un renfort. Il avait déjà pris le relais pour tout le linge de l’hôpital pendant les travaux.

Convoyeurs et robots

Stockage en hauteur des vêtements professionnels © HH

Le confort de travail du personnel, lui, s’est immédiatement amélioré. Terminé, les 300 sacs de linge vidés au quotidien à la force des bras, l’étirage des draps sur des tréteaux avant les repasseuses. Terminé, aussi les horaires d’embauche, très tôt le matin, à cause d’un tunnel de finition du linge de forme globalement sous-dimensionné.

Chargement, déchargement, transferts sont assurés mécaniquement. Le flux des 45 kg de linge sortant du tunnel de lavage est emporté par un translateur vers les séchoirs. Un robot de picking démêle draps et alèses (le grand plat) avant l’engagement dans le train de repassage. Des 29 personnes à la tâche, il y a un an, il n’en reste plus que 22 aujourd’hui.

La mise sur cintre des vêtements professionnels se fait toujours à la main mais sur des appareils réglables en hauteur. Leur stockage est organisé à la verticale, au plafond dessus. Equipés de puces RFID, ils sont prêts à être rassemblés par l’informatique et expédiés vers les services.

Jean-Michel Lacroix et Laurence Simon devant le nouveau tunnel de lavage. © HH.

« Notre territoire souffre d’une démographie médicale défavorable et les recrutements peuvent aussi être difficiles car le marché de l’emploi est dynamique en Mayenne. Le CH doit être attractif. Comme beaucoup d’établissements de sa taille, sa situation financière est délicate. Mais la réfection de la blanchisserie montre qu’il est néanmoins en mesure d’investir. C’est le premier événement marquant de la modernisation du CH, même si nous investissons 8 millions par an depuis trois ans et ce n’est pas fini (L’Etat a promis 80 millions dans le cadre du Ségur de la santé pour un nouveau plateau technique, NDR). », estime Jean-Michel Lacroix.

Double marquage du linge de résidents

La dépense pour la blanchisserie a atteint 4 millions dont 2,6 millions pour l’équipement. Et les premiers résultats se font jour. D’abord moins de frais de personnel. Ensuite, le tonnage de linge traité quotidiennement pourra bientôt être porté à 5 tonnes. D’ailleurs, depuis la fin mai déjà, deux EHPAD supplémentaires sont servis. Les coûts unitaires doivent baisser. Ceux en eau et en énergie aussi. Les capteurs sont là, le long du processus de lavage, pour faire des essais d’économie, entamer les réglages à cet effet.

Surtout, la blanchisserie va progresser sur la qualité de sa prestation. Le « puçage » RFID des sacs de linge, des vêtements professionnels annonce une plus grande efficacité de leur distribution dans les services et l’ajustement des dotations. « On saura calculer le coût exact par unité fonctionnelle », fait remarquer Laurence Simon. Le double-marquage par une data-marque en plus des puces RFID du linge des résidents va personnaliser encore plus le service dans les EHPAD. Ces améliorations s’appuieront sur une logistique qui sera bientôt revue, elle aussi.

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