Conception des hôpitaux : ne pas oublier la logistique

Focalisée sur la rencontre entre professionnels de soins et patients, la conception des bâtiments hospitaliers remise souvent la question des flux logistiques au second plan. Lors d’une récente conférence organisée par le cabinet Citwell, les professionnels invités ont plaidé en faveur de la fourniture de documents dédiés aux architectes et programmistes.

© Epictura

Nouveaux hôpitaux à Angers, Cosne-Cours-sur-Loire, Lens, Nantes, Tours, Tarbes, extensions à Grasse, Limeil-Brévannes, Nîmes… Sans compter les innombrables opérations de réhabilitation. Boostés par le Ségur, les programmes immobiliers dans le secteur de la santé fleurissent. Quand il s’agit d’imaginer un hôpital, on oublie parfois d’associer en amont les fonctions soutien, lors de la période de gestation. A tort. Car « l’architecture hospitalière est une architecture de flux : flux soignants, flux patients, et tous les flux logistiques qui irriguent l’hôpital et qui nécessitent d’être conçus à l’origine », a rappelé Gery Divry, expert immobilier à l’ANAP, l’un des intervenants de la table-ronde organisée le 14 décembre dernier par le cabinet Citwell et intitulée « concevoir l’hôpital autour de la logistique : prérequis ou utopie ? ».

« La logistique est un métier en soi, cela ne s’invente pas. La conception des flux, des entrepôts, l’automatisation qui va avec, c’est un métier différent de ceux qui construisent les hôpitaux », a renchéri Guillaume Marquès, responsable logistique au CHU de Toulouse. Conséquence à la livraison des bâtiments : des circulations et parcours kafkaïens, des couloirs, passages et locaux insuffisamment dimensionnés, et/ou inadaptés à l’automatisation et aux évolutions technologiques de la logistique.

Le besoin d’une colonne vertébrale

De gauche à droite : Damien Brizzi (Apsis Santé), Gery Divry (ANAP), Marie Henry (CHU Reims), Nicolas Hubaux (Archipelago) et
Guillaume Marquès (CHU de Toulouse)

Sans données, ni cadrage, les maîtres d’œuvre font ce qu’ils peuvent. « On peut se retrouver en programmation, ou pire en conception, sans avoir de vision de l’organisation logistique », a témoigné Damien Brizzi, programmiste (Apsis Santé). Au maître d’ouvrage donc de fournir matière à réflexion. « Avoir un schéma directeur logistique, c’est une condition sine qua non pour avoir un projet réussi. A défaut, une ambition ou un projet logistique existant », a poursuivi Damien Brizzi. De quoi appréhender les choix de stockage pour chaque flux, les modalités techniques d’approvisionnement, les facteurs de risque, les modes dégradés retenus par l’établissement ou encore les besoins futurs.

Directrice adjointe, chargée du projet de nouvel hôpital au CHU de Reims, Marie Henry plaide pour la rédaction d’un document spécifique. Dans la programmation, la logistique « est un peu dans le fonctionnel, avec de petits tableaux et des encadrés dans les schémas cibles, un peu dans le tome technique, avec les ascenseurs. Mais finalement où décrit-on clairement les flux dans notre programme ? Nulle part ». Elle défend l’idée d’un mémento, « qui ne fera pas 300 pages comme le tome technique ou fonctionnel, mais qui centralisera nos schémas cibles d’organisation de nos flux à l’intérieur du bâtiment, comment on va le desservir et comment on va jusque dans les unités de soins, parce que c’est dimensionnant pour la taille de la salle de soins, des réserves. »

Associer la logistique très tôt

Autre élément déterminant : la temporalité. Il ne faut pas attendre le dépôt de l’avant-projet technique pour commencer à se poser la question de la logistique. « Ce n’est pas instantané », a prévenu Damien Brizzi, « c’est un travail de longue haleine qui mérite un grand temps de co-construction avec les équipes, et une articulation forte entre le soin et la logistique ».

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