Avant de parler du parcours professionnel du nouveau directeur, comment ne pas évoquer cette histoire un peu hors normes. Lorsque ses parents quittent le Maroc dans les années 90, il y a plus de trente ans, Abdelaali Gaïdi ne connaît pas un mot de français : « Je ne savais ni lire, ni écrire, ni parler le français, avoue-t-il, nous sommes arrivés en France à Toulon et j’ai grandi dans un milieu modeste, mon père était maçon, ma mère ne travaillait pas ».
Ces rencontres qui forgent une vie
Abdelaali Gaïdi vous parle de ça, ni pour vous tirer des larmes, ni pour s’en vanter, car si, à dix ans seulement, le contact avec l’école laïque et républicaine est difficile, c’est ensuite une révélation lorsque, au collège en 5e , une professeure lui communique son amour des mathématiques. Une histoire qui peut rappeler celle d’Albert Camus, lequel a dédié son Nobel de Littérature à “Monsieur Germain”, comme il appelait respectueusement l’instituteur qui ouvrit les portes du savoir à cet enfant dont la mère était illettrée.
Les conversations avec l’enseignante orientent le parcours universitaire d’Abdelaali Gaïdi. Une prépa de Math Sup/Math Spé avant d’intégrer l’ESTP, l’École spéciale des travaux publics et du bâtiment, qui figure parmi les écoles post prépa les mieux classées de France. Des deux stages d’études qu’il effectue, celui de maîtrise d’ouvrage sera déterminant à la fin de son cursus. Comme il le dit, le maître d’ouvrage est un chef d’orchestre et cela correspond parfaitement à ses aspirations comme à son tempérament.
De Cannes à Toulouse en passant par Limoges
Il intègre alors Icade, la filiale de la Caisse des Dépôts chargée des grands projets de construction. Direction la Côte d’Azur (la région où il a grandi) pour occuper un poste de chef de projet qui lui permet notamment de travailler à la construction du nouvel hôpital de Cannes, une opération de plus de 200 M€, ainsi qu’à celle de Pasteur 2 au CHU de Nice. Abdelaali Gaïdi ne le sait pas encore, mais c’est à ce moment-là que sa carrière va se jouer, après dix ans passés chez Icade.
Le chantier de la construction de l’hôpital de Cannes lui permet en effet de rencontrer Jean-François Lefebvre qui en est alors le patron. La carrière des deux hommes se joue ensuite en duo jusqu’en 2012, avant une séparation de 3 ans. En 2016, Abdelaali Gaïdi rejoint comme directeur des constructions et du patrimoine le CHU de Limoges que dirige Jean-François Lefebvre. Puis le suit en 2022 au CHU de Toulouse. Il n’a pas quarante ans et gère désormais avec ses équipes la maîtrise d’ouvrage et les fonctions support du quatrième CHU de France.
500 millions d’euros d’investissement
Trois grandes opérations immobilières actuellement en phase d’études attendent celui qui aime se présenter comme un bâtisseur (comme son directeur général). Tout d’abord l’extension et la réhabilitation de l’hôpital des enfants à Purpan. Puis ensuite la restructuration et l’extension de ce qui sera le nouveau hôpital Rangueil avec le déménagement de l’ancien hôpital militaire de Larrey, distant d’à peine 400 mètres à vol d’oiseau.
Le troisième chantier verra l’extension de l’Oncopole, l’institut universitaire du cancer de Toulouse. En tout, pas loin de 500 millions d’investissement ! De quoi l’occuper pour les dix à douze prochaines années… Abdelaali Gaïdi n’est pas fonctionnaire. Il n’a pas fait l’école de Rennes et son rêve n’est pas de diriger un établissement de santé. Une énigme alors ? Pas tout à fait, car ce matheux aime l’hôpital qu’il a découvert tout autant qu’il aime aussi se définir comme « une particularité dans le milieu… ».
