L’hôpital de Perpignan roule à l’éthanol

Jongler entre les contraintes financières et les impératifs environnementaux, raisonner en coût global alors qu’il n’y a pas plus instable que le prix des carburants, c’est l’exercice auquel s’est frotté Cédric Le Doll, responsable du parc automobile du centre hospitalier de Perpignan. Il vient de renouveler pratiquement 20 % de sa flotte avec des véhicules roulant à l’éthanol.

© CH Perpignan

Si vous êtes pressé, si vous n’avez jamais vibré en écoutant la voix rauque d’un V8 américain boite auto, le hurlement d’un flat six allemand turbocompressé, ou le chuintement d’un six cylindres en ligne britannique à bas régime… n’appelez surtout pas Cédric Le Doll. En effet, le responsable du parc automobile du centre hospitalier de Perpignan est un passionné, capable de vous parler du frisson qu’il a ressenti en pilotant une Delta intégrale ou une Lancia 8.32 animée par un V8 Ferrari 32 soupapes…

Deux agents pour une flotte de 94 véhicules

Ce personnage hors norme nous a présenté la flotte des dix-neuf véhicules roulant à l’éthanol qu’il a proposé d’acquérir à Sophie Dupuy, la directrice des achats et de la logistique du centre hospitalier perpignanais. Hors norme, c’est sûr, parce que passer d’une Ferrari à une toute simple Ford Fiesta roulant à l’éthanol, il faut le faire ! Mais s’il a la tête dans les étoiles, Cédric Le Doll garde les pieds sur terre.

Deux agents, compris lui, pour entretenir la flotte de 94 véhicules du centre hospitalier ? Pas vraiment : « Nous ne nous occupons que des consommables, concède-t-il, balais d’essuie-glace, pneus, plaquettes de freins, etc. L’entretien est effectué à l’extérieur, même les vidanges… ». En revanche, Cédric Le Doll ajoute en souriant que si l’on compte tout ce qui peut rouler, on monte à 120 véhicules.

Entre 750 000 et 800 000 km par an

Mais pourquoi donc ce fou de mécanique qui a travaillé à la technique chez Renault, Peugeot ou Opel, en France, au Maroc ou encore au Portugal est-il venu à Perpignan, dans un centre hospitalier ? « C’était une création de poste et il y avait tout à faire ou presque, et comme j’avais déjà encadré des équipes, monté des dossiers et que j’étais bordé côté mécanique et électronique automobile, j’ai postulé, prenant mon poste en janvier 2017 ».

Et pourquoi a-t-il proposé à sa directrice de la logistique de remplacer pas loin de vingt véhicules de la flotte par des modèles éthanol, et non électrique ? « Nos véhicules parcourent entre 750 000 et 800 000 Km par an, dit-il, et le service HAD (hospitalisation à domicile), à lui seul, en accumule 196 000, alors les voitures électriques ne sont pas du tout la solution idéale, ils nous coûteraient bien plus cher, tant à l’achat qu’à l’entretien ».

Éthanol d’origine constructeur

Cédric Le Goll © CH Perpignan

Actuellement le centre hospitalier dépense pour son parc entre 90 000 et 120 000 € par an selon le type de réparation. Le poste est donc loin d’être neutre : « Quand on sait que, sur une électrique, remplacer une batterie coûte entre 4 000 et 6 000 €, on réfléchit à deux fois ». Surtout qu’il évalue à pas plus de 1 000 € par an l’entretien de chacun de ses nouveaux véhicules éthanol…

Les grandes lignes de l’appel d’offres étaient simples, les candidats devaient proposer des véhicules fonctionnant à l’éthanol d’origine constructeur et proposer un financement : « Certains n’hésitent pas à monter des boitiers pour rouler à l’éthanol, explique Cédric Le Doll, mais c’est aussi ridicule de le faire sur un véhicule neuf que sur une occasion ! ». Pour le financement, le centre hospitalier s’est orienté vers un crédit-bail avec valeur de rachat à 2 %, ce qui nous fait soixante-et-un loyers.

Seconde vie pour les véhicules

« Au total, l’opération nous revient à 520 700 € pour 19 véhicules, confie le responsable du parc automobile, ce qui nous permet de fonctionner sur un système de renouvellement des véhicules qui effectuent le plus de kilomètres et d’intervenir sur le vieillissement de ceux qui affichent le kilométrage le plus élevé ». Le centre hospitalier donne une seconde vie aux véhicules : « Nous les réattribuons à des services qui effectuent moins de kilomètres, tout en tenant compte de l’évolution des possibilités et opportunités qui s’offrent à nous ».

Cédric Le Doll n’est pas dans une logique de renouvellement total : « Cela engendre un coût trop important qui se reproduit à chaque renouvellement, nous avons raisonné en type de véhicule afin qu’ils soient plus propres, avec la volonté de réduire la facture du carburant ». À 0,88 € le litre d’éthanol E85 contre 1,86 € le litre de sans plomb 95 E10 à la fin du mois mars, cela peut se comprendre.


1 réaction
  1. Mahboub rachid dit :

    Superbe article ! Vous avez très bien résumé les enjeux ainsi que l homme, Cedric est un expert et passionné !!!!!

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