achat-logistique.info : Comment avez-vous conçu le système de logistique connectée du CHU de Aarhus ?
Lars Ganzhorn Knudsen
Lars Ganzhorn Knudsen : « Lorsque nous avons commencé à travailler sur le futur hôpital d’Aarhus dans les années 2010, nous avons commencé par recueillir les attentes et besoins des utilisateurs. Leur demande, futuriste à l’époque, était de pouvoir travailler de manière mobile. Tous les professionnels rêvaient d’avoir les données dont ils ont besoin dans leur poche. Répondre à cette demande a nécessité de faire un pari : le premier iPhone venait juste de sortir à cette époque. L’équipe projet a donc dû décider si la technologie nous permettrait d’arriver à cet objectif de mobilité à la fin de la décennie.
Notre solution de logistique connectée repose sur un système de localisation en temps réel (RTLS) fourni par Lyngsoe Systems. Ce système donne un aperçu complet en temps réel de l’emplacement des professionnels, des patients et des équipements dans l’hôpital. Les professionnels sont équipés de smartphones qui leur permettent de réaliser leurs activités au fil de l’eau. Le choix d’un système connecté a nécessité un fort investissement dans l’infrastructure wifi et la mise en place d’un réseau secondaire en cas de panne (via un système d’antennes auxquelles l’opérateur du réseau téléphonique est connecté au cas où le wifi ne fonctionne pas).
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Un partenariat avec l’entreprise Systematic permet le développement d’applications permettant, par exemple, la recherche d’équipements, la gestion des lits ou des chariots et l’optimisation de la logistique de transport entre les hôpitaux du territoire. La Région a créé un département informatique centralisé avec une unité dédiée aux applications dans le champ de la santé. Une équipe de codeurs et de gestionnaires de programmes nous aident ainsi à créer nos propres applications pour répondre aux besoins que nous identifions. Aujourd’hui, une architecture de référence danoise a été établie à partir des travaux menés à Aarhus. Elle permet de simplifier l’intégration entre le système RTLS et les applications afin de communiquer et de faciliter l’accès aux données. »
achat-logistique.info : Quels sont les avantages concrets d’un système de logistique connectée ?
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Lars Ganzhorn Knudsen : « Le système logistique du CHU d’Aarhus repose sur un système « plein-vide » connecté. Chaque consommable, pièce de linge et équipement est localisé via un système d’étiquettes intelligentes et un réapprovisionnement est déclenché automatiquement quand un professionnel utilise un matériel ou équipement.
Cette infrastructure nous permet d’être réactifs aux besoins et initiatives des plus de 10 000 professionnels du CHU. Ainsi, des infirmiers ont eu l’idée de lutter contre le gaspillage médicamenteux en ouvrant la possibilité de savoir où se trouvent tous les médicaments, entre la pharmacie centrale et ses antennes de distribution délocalisées. S’il leur manque un médicament lorsqu’ils préparent un traitement, ils peuvent directement vérifier s’il n’est pas disponible dans une autre pharmacie délocalisée avant de le commander à la pharmacie centrale.
C’est plus durable, plus économique (en réduisant le nombre de médicaments qui dépassent leur date de péremption) et cela gagne du temps et de l’énergie aux équipes. Une réflexion est engagée actuellement sur la consommation de matériels stériles, sur un modèle similaire. »
achat-logistique.info : Quel est le futur de la logistique connectée selon vous ?
Lars Ganzhorn Knudsen : Depuis quelques années, notre attention s’est déplacée de la récupération de données, qui est bien en place maintenant au CHU d’Aarhus, au travail pour obtenir des données utilisables par les équipes. La première étape a été l’examen rétrospectif des données, qui permet le dialogue avec les équipes managériales. Ils peuvent avoir accès à des tableaux de bord précis sur leur activité et leurs consommations. Cette fonctionnalité a été très utile pendant la pandémie de la COVID-19 où l’accent a alors été mis sur la capacité de l’hôpital à traiter tous les patients.
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La prochaine étape est de passer à un travail prédictif. Nous travaillons avec le club Frankfurter Gesellschaft pour définir si, grâce aux données que nous collectons, nous serions capables de prédire des situations et problématiques. Par exemple, dans une situation où la stérilisation indiquerait qu’elle ne pourra pas fournir un kit opératoire spécifique à J+1, le système pourrait anticiper les conséquences en suggérant au bloc de réorganiser le programme opératoire ou en recherchant d’autres solutions au problème. L’idée est de ne plus seulement réagir quand un problème survient mais d’être dans l’anticipation.
À Aarhus, nous avons réussi à construire une infrastructure connectée solide et réactive. Je dis aux collègues qui chercheraient à se lancer dans la numérisation de bien comprendre ses problèmes, avant de s’emballer pour une technologie. Il faut que votre équipe ait la maturité et la capacité à exploiter correctement les solutions. On peut commencer par chercher l’inspiration auprès des hôpitaux qui ont fait des choses avec succès et qui ont fait leurs preuves. Ensuite, il faut commencer par mettre en œuvre le processus à petite échelle pour voir si c’est une solution qui vous apportera des bénéfices et ne passer qu’ensuite à grande échelle. Il faut surtout éviter la pire situation : investir dans un système automatisé avec un coût élevé et que les équipes continuent à manipuler manuellement en parallèle car ils n’ont pas adopté la solution. »
