Le GH Rance-Emeraude ose le scope 3 du bilan carbone

Dans le but de mener sa transition écologique sur la base de chiffres précis, le GH Rance-Emeraude vient de terminer son bilan carbone sur l’ensemble de ses sites et sur les trois scopes. Un travail de fourmi qui nécessite beaucoup de temps en amont et en aval. Mais qui trace le chemin jusqu’à l’objectif de neutralité carbone fixé pour 2050.

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Au groupe hospitalier Rance-Emeraude, on ne lésine pas sur le bilan carbone. Ce travail de recueil et d’analyse, effectué entre mai et septembre 2023, a été réalisé sur l’ensemble de l’activité, soit sur trois sites hospitaliers (Saint-Malo, Cancale et Dinan) et sept EHPAD officiant dans un bassin de population de 260 000 habitants. Et ce, sur la totalité des émissions de gaz à effet de serre sur les scopes 1, 2 et 3, c’est-à-dire y compris les indirectes.

Le bilan carbone comme base

« L’objectif, c’était que notre bilan carbone devienne le tableau de bord pour lancer notre démarche de développement durable et la piloter », explique Armelle Germain, recrutée début 2022 comme directrice adjointe en charge des coopérations et du développement durable du GH. Le groupe s’est donné les moyens de ses objectifs ambitieux.

Outre ce poste nouvellement créé, un budget de 50 000 € a été dégagé pour le Bilan des émissions de gaz à effets de serre (BEGES) complet. Malgré de nombreux échanges d’expériences, notamment avec le CH de Niort réputé pour sa démarche durable avant-gardiste, la mise en place du processus a été long. « L’étude des offres en réponse au marché a demandé du temps et nous avons signé ce dernier seulement début 2023 », confie Armelle Germain.

Jusqu’aux déplacements des patients

Armelle Germain

La mission du consultant retenu a été organisée en deux phases. La première a consisté à recueillir toutes les informations chiffrées nécessaires. « Il a fallu mobiliser toutes les directions : achats, achats pharmaceutiques donc la pharmacie, logistique, restauration, RH, affaires médicales, patrimoine, biomédical… toutes sauf la direction des soins, car la démarche n’établit pas encore de comptabilité carbone du soin », explique Armelle Germain. « Dans l’équipe de chaque direction concernée, ceux qui recensaient les chiffres ont été réunis tous les 15 jours, puis à la fin, toutes les semaines pour remplir le tableur (NdlR fourni par le consultant) », explique Armelle Germain, qui trouve « nécessaire » un tel suivi rapproché.

« Nous sommes allés jusqu’à évaluer les émissions des déplacements des patients entre leur domicile et nos sites. Grâce à ce travail de fourmi, nous avons un outil de recueil qui permettra de faire un point régulièrement. Ces mesures vont rentrer progressivement dans les routines de travail, » espère Armelle Germain. Ainsi outillée, elle entend respecter la feuille de route « Planification écologique en santé » donnée aux établissements de santé en mai 2023, de participer à l’effort collectif d’une diminution de 5 % par an jusqu’en 2050 pour atteindre la neutralité carbone, comme le fixe la Stratégie France Bas-Carbone.

Des chiffres classiques et des surprises

Sans surprise dans le secteur de la santé, les achats sont les plus gros émetteurs de GES à Rance-Emeraude, et parmi eux ceux des médicaments. « On ne peut pas toujours calculer les émissions de GES car on n’obtient pas toujours les données des industriels. Du coup, on utilise une estimation réalisée en convertissant les euros dépensés en CO2  », confie Armelle Germain. Ce qui peut desservir l’empreinte du GH. De fait, en raison de ses volumes, un plus petit établissement achète plutôt plus cher qu’un plus gros.

Au palmarès des émetteurs de GES de Rance-Emeraude, les achats précèdent le patrimoine, puis à égalité la restauration et les mobilités. « On a eu des surprises sur certains sites. Nous ne sommes pas bons sur des sujets comme l’alimentation, en comparaison avec ce qui a pu être observé ailleurs. Nous devrions notamment recourir moins souvent aux compléments nutritionnels, être plus proches des exigences de la loi Egalim… Concernant les énergies et notre patrimoine, il reste une grosse question : que fait-on de nos vieux bâtiments sachant qu’on a un projet à 5-10 ans d’une nouvelle construction à Saint-Malo et de rénovation très importante à Dinan ? ».

Une difficulté à mobiliser

L’équipe développement durable

La deuxième partie de la mission du consultant a consisté à définir un plan d’actions. Une phase que le GH a voulu participative pour être en phase avec le volet social du projet. Ainsi la réflexion s’est organisée autour d’ateliers ouverts à tout le staff. Après avoir exposé le bilan carbone à la direction, la chargée de mission RSE recrutée en aout 2023 a pu aussi l’exposer aux cadres. Puis un premier atelier participatif s’est déroulé en septembre 2023. Mais depuis le GH fait face à des difficultés pour mobiliser le personnel sur le sujet. Une complication notamment attribuée à la charge de travail hospitalière mais aussi à la communication auprès de quelque 4000 agents qui ont l’habitude de fonctionner de façon hiérarchique et non transversale (lire notre article du 14 novembre 2023 ).

Aussi les deuxième et troisième ateliers ont été repoussés en février et mars 2024. Avant cela, une autre manière d’impliquer les troupes a été imaginée. Un questionnaire en ligne a sondé les équipes pendant trois mois fin 2023 : quelque 200 personnes y ont répondu à propos de leurs connaissances sur la transition écologique, leurs propositions etc. Dans ce contexte, le plan d’actions devrait être rédigé d’ici à mai 2024. D’ici là, les gestes peu coûteux ont déjà été mis en place comme l’arrêt du chauffage des bureaux le weekend, la signature de la charte des maternité bretonne baptisée « charte santé environnementale – périnatalité », le recours à des automobiles électriques…

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