Un anesthésiste-réanimateur imagine un monitorage sans fil

Anesthésiste-réanimateur à l’hôpital privé Océane de Vannes, Jean-Bernard Dumand a mis au point un monitorage des paramètres vitaux sans fil. Le dispositif devrait être commercialisé d’ici deux ans environ, le temps d’obtenir son marquage CE.

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Améliorer le confort des patients, des praticiens au bloc et répondre à l’exigence légale de surveillance du début à la fin d’une prise en charge. C’est l’avancée que Jean-Bernard Dumand propose à ses collègues anesthésistes-réanimateurs avec le système de monitorage sans fil que sa société a mis au point.

« Les fils représentent une gêne tant pour les patients que pour les soignants. Dans le parcours d’un patient, de la salle de pré-anesthésie, puis au bloc opératoire jusqu’à la salle de réveil parfois éloignée, on n’arrête pas de « scoper » puis de « dé-scoper » le patient entre deux postes de monitoring », explique-t-il.

« Cela conduit à sous-estimer les petits événements à risque se produisant au moment des transferts : des phases d’hypotension, d’hypoxémie, de petits troubles du rythme dont l’accumulation peut être préjudiciable, même lors d’interventions simples comme des cataractes, pour des patients âgés ou coronariens. Par ailleurs, on sait bien que l’on ne meurt plus au bloc opératoire, mais dans les services en période post-opératoire dans deux tiers des cas, faute d’une surveillance appropriée. La technologie que nous avons développée autorisera à l’avenir une surveillance de qualité dans les services d’hospitalisation classiques », met-il en avant.

Un moniteur-plateforme de recueil et d’échanges de données

Pour le moment Jean-Bernard Dumand, propose un dispositif de proximité. Il est léger. Sa portée est de 8 à 10 mètres. Il se compose de six éléments : trois capteurs sans fil pour l’ECG, l’oxymètre de prise de pouls et la mesure de pression artérielle non invasive ; la base de rechargement de leurs batteries ; un moniteur ; son « document » intelligent qui permet de le recharger et de recevoir d’autres données issues des respirateurs.

Le moniteur a été conçu comme une plateforme de recueil et d’échanges de données. Elle est évolutive, capable d’intégrer et de présenter d’autres paramètres physiologiques en provenance d’autres capteurs.

Autonomie de 24 heures

L’équipe de Kaptalia autour de Jean-Bernard Dumand (3e à partir de la droite)

L’un des défis techniques a malgré tout été de limiter les ressources en processeurs pour ne pas avoir à refroidir l’appareil et lui enlever de la légèreté par l’ajout d’équipements.  Le moniteur dispose d’une autonomie de 2 heures, en dehors de sa base. Celle des trois capteurs est de 12 heures. Ils sont en double dans le « kit » complet, de manière à pouvoir assurer un service de 24h.

Ces composants dialoguent entre eux en Bluetooth, technologie de communication plus « solide » que le WiFi, dans un rayon de 8 à 10 mètres. Le système global est couvert par un brevet de traitement de signal.

Jean-Bernard Dumand a mis plus de dix ans à mettre au point son innovation. Cinq millions d’euros investis par les 80 actionnaires de la société Kaptalia Monitoring.   Il a été retardé par la pénurie de processeurs pendant la crise de la Covid. Mais, désormais le « kit » est prêt.

Levée de fonds de 3 millions d’euros

« C’est un dispositif médical de classe 2 B dont les prototypes ont été fabriqués en répondant à la norme ISO 13485. De plus, nous avons choisi de produire français, tant pour la plasturgie que pour l’électronique. L’équipement permettra aux établissements de santé de fluidifier les prises en charges et de sécuriser l’ensemble du parcours patient. On estime qu’il pourra faire économiser trois à quatre minutes dans le traitement de chaque patient opéré », indique le Dr Jean Bernard Dumand.

L’étape à venir est celle de la certification CE. Pour cela, il reste à produire des mini-séries du dispositif médical qui seront soumises à de nouveaux tests.  Le coût des phases de pré-industrialisation et de certification fait actuellement l’objet d’une nouvelle levée de fonds. Kaptalia recherche 3 millions d’euros. La part est identique à celle retenue il y a déjà 2 ans.

« En complément de sa solution de monitorage non filaire, Kaptalia Monitoring prévoit des compléments de gamme pour les différents services hospitaliers (urgences, maternités…) » indique Jean-Bernard Dumand.

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