Crèches et EHPAD partagent une même problématique quotidienne : la gestion de la fin de vie des produits de protection, impérative pour préserver leurs finances comme l’environnement. Car couches bébés et adultes génèrent des tonnes de déchets (lire notre article du 14 mars 2024).
Sur le papier, le principe inauguré en 2017 par NGS Environnement, devenu Waste Valorisation, paraît simple, proche de celui dédié aux biodéchets : un broyeur déchiquette les changes usés dont les matières organiques et plastiques sont, dans la foulée, digérées par un consortium bactérien régulièrement renouvelé.
Dans le même temps, la montée en température du système hygiénise le substrat, lequel ressort ainsi de l’automate sous la forme d’une matière laineuse exempte d’éléments pathogènes, à éliminer avec les DAOM. Limitée à 1,5 litre par jour, la consommation d’eau serait peu impactante, tout comme celle d’électricité.
Une solution qui peine à être assimilée
Pourtant, sur le terrain, les premiers essais de l’éco-digestion s’avèrent décevants, aux dires des Ehpad testeurs : broyage inefficace, lambeaux de plastique résiduels, nuisances olfactives… « Mais depuis, les nouveaux prototypes ont été largement améliorés », assure leur concepteur, Stéphane Barou, directeur général de l’entreprise.
À la direction des Vergers de la Durance (66 résidents) et du Centre médical associé (90 lits en SSR) situés à Tallard (Hautes-Alpes), David Combe corrobore : « la société a ajouté des pales au broyeur et, de notre côté, nous avons appris à mieux nous en servir pour éviter les engorgements et dysfonctionnements. »
Des économies notables
Appuyé par l’ARS, l’établissement a en effet opté pour un éco-digesteur il y a trois ans. Coût : autour de 150 000 euros à l’achat à l’époque (ou 2000 euros mensuels en location) auxquels s’ajoutent les frais de consommables (micro-organismes notamment) et de maintenance, pour une durée de vie estimée de 15 à 20 ans.
Premier intérêt : « pour 1 à 1,5 tonne de protections usées par semaine, un poids des déchets diminué de 80 % à 90 %, ce qui génère un vrai gain financier, sans compter les économies pareillement réalisées sur les papiers confidentiels (-1000 euros annuels) et les cartons que l’on y introduit aussi », se félicite le directeur d’établissement. Par l’optimisation du nombre de collectes qu’elle induit, « la dynamique contribue aussi à diminuer l’empreinte carbone associée au transport des déchets », ajoute-t-il.
Ouate valorisée sous forme d’isolant
Mais la solution d’éco-digestion ne s’arrêterait pas à la réduction des volumes et des coûts d’enlèvement. Bouclant le processus, « une valorisation de la ouate produite est en effet en cours d’étude, soit sous forme d’isolant thermique bâtimentaire, soit pour remplacer les granulés de bois », promet Stéphane Barou.
Prévu pour 2025, un futur modèle pourrait même permettre de récupérer les calories produites pour chauffer l’eau des bâtiments servis. A suivre donc, sachant qu’aujourd’hui, la machine exige, de par ses dimensions (de 2 à 6 mètres de long sur 3 mètres de haut), un espace dédié et impose une formation sérieuse pour bien en « apprivoiser » l’utilisation.
Nouvel acteur
Argumentant d’ailleurs sur l’encombrement réduit de son prototype, associé à un broyeur ultrapuissant et l’ultra hygiénisation brevetée du substrat, un fabricant d’agro-digesteurs alimentaires, RSI, se lance également sur ce marché de l’éco-digestion des protections enfants et adultes.
Deux modèles – aujourd’hui encore à l’essai – seront proposés, jusqu’à 400 ou 800 kilos selon le volume à traiter chaque jour, « la mutualisation avec une ou plusieurs autres structures – Ehpad et/ou crèche – constituant une voie supplémentaire d’optimisation », suggère le commercial de l’entreprise, Dominique Gelmini, lui-même ancien directeur d’Ehpad. Les tarifs à venir n’ont pas encore fuité…