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Contre les maux de dos, Coala est là

Soulever des patients ou les transférer d’un lit à un fauteuil constitue le quotidien d’un aide-soignant. Mais trop souvent les maux de dos aussi ! Pour sécuriser ces actes tout en maintenant un lien avec le résident, l’EHPAD nantais Anne de Bretagne a testé une nouvelle blouse de manutention.

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En 2023, les TMS représentaient 94 % des maladies professionnelles reconnues dans le secteur des EHPAD tandis qu’un quart des accidents de travail y étaient liés au mal de dos. Un véritable fléau donc, dont les conséquences – individuelles et collectives – s’avèrent considérables : 46 millions d’euros de cotisations annuellement versées et plus de 660 000 journées de travail perdues (chiffres Améli).

« D’un point de vue humain comme économique, protéger les soignants constitue par conséquent un impératif pour les établissements de santé et de soins », pose François Roche. Pour ce faire, ce dernier, conseil en ergonomie, vient d’inventer une blouse de travail innovante permettant de sécuriser les transferts de patients dépendants.

Un exosquelette interne

Baptisé COALA, ce vêtement technique collaboratif intègre une structure de contention textile, sorte de nappe exosquelette textile interne venant – sur demande – assister l’action de manutention manuelle au niveau des épaules et des lombaires. À ce dispositif s’ajoutent quatre poignées externes rétractables disposées en croisée qui offrent autant de points de « grasping » au patient mobilisé.

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À l’Ehpad Anne de Bretagne de Nantes (81 lits – Groupe Vyv) où la tenue est testée depuis juin, les avis sont unanimes : « une blouse agréable à porter et qui sécurise le geste en quelques secondes, juste en scratchant les bandes de contention, sans avoir à recourir à un outil technique dont l’utilisation est souvent source d’angoisse pour le résident, notamment pour ceux présentant des troubles cognitifs », rapporte Julie Pineau, infirmière référente de l’établissement.

« Celui-ci peut dès lors s’agripper naturellement, sans dommage douloureux pour le soignant », ajoute-t-elle. Un constat objectivé appuie ce retour : en six mois, aucun trouble musculosquelettique déclaré parmi les quatre salariés expérimentateurs du site, et même ceux qui en souffraient antérieurement ont vu leur état stabilisé.

Sécurisante pour le soignant, rassurante pour le patient

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« L’objectif n’est pas de remplacer les aides techniques, lesquelles demeurent indispensables dans certains cas. Mais dans les situations intermédiaires qui ne nécessitent pas encore un verticalisateur et, surtout, dans tous ces moments durant lesquels le soignant manque de temps pour déployer une machine, COALA apporte une aide active au transfert quasi instantanée », étaye François Roche.

« Sécurisé pour l’un tout en demeurant rassurant pour l’autre, ce procédé contribue qui plus est à maintenir le lien entre patient et soignant », poursuit le créateur de la tenue, dont la version désormais aboutie est aujourd’hui commercialisée par l’entreprise Connect Link qu’il a fondée aux côtés d’un ingénieur et d’un financier.

Pour autant, « cette blouse reste légère [seulement150 grammes de plus que la version classique], le système quasi imperceptible une fois désactivé et le tout passe en machine, à condition de respecter un séchage basse température », complète la professionnelle de santé.

De 130 à 200 euros l’unité

Reste toutefois la question du prix, « entre 130 et 200 euros l’unité selon les quantités commandées », précise François Roche, temporisant toutefois : « le quadruple d’une tenue de travail classique il est vrai, mais trente fois moins cher qu’une assistance mécanique… ».

D’ores et déjà convaincus, les personnels de l’Ehpad Anne de Bretagne espèrent d’ailleurs que le test débouche prochainement sur l’achat d’un exemplaire par taille (XS à XXXXL), « un assortiment que nous pourrons dès lors faire tourner dans l’établissement au gré des besoins », précise Julie Pineau. Des blouses collectives pour une meilleure tenue individuelle.

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