Transformation en vue pour le CHU de Grenoble

Dans une opération à tiroirs qui commencera l’année prochaine, le CHU Grenoble Alpes (CHUGA) se reconstruira sur lui-même en s’agrandissant et en rationalisant énormément ses espaces, ses flux et son système énergétique qui va bénéficier de la géothermie et de panneaux photovoltaïques. Côté logistique, l’élargissent des couloirs va permettre l’arrivée des AGV.

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1972. Le CHU Grenoble Alpes est un des derniers hôpitaux en immeuble de grande hauteur (IGH) de cette époque-là. Une drôle d’expression est employée à propos de la modernisation de son site principal, l’hôpital Michallon, étalée de 2026 jusqu’en 2035 pour un coût de 300 millions d’euros : le centre de gravité de ses activités va baisser. Un peu comme un vélo dont on veut augmenter la stabilité.

Ambulatoire en bas

Et c’est l’une des grandes transformations qui va être opérée. Elle va s’appuyer sur la réhabilitation du bâtiment principal haut de 15 étages, 80 000 de ses 120 000 m2 retourneront aux soins. Un nouvel hôpital Michallon va être construit juste devant. 47 000 m2 sur sept étages. Dans l’ensemble formé de l’ancien et du nouveau, les activités à « fort flux » vont être concentrées dans les trois premiers étages.

Tout l’ambulatoire va se concentrer au rez-de chaussée bas, au rez-de-chaussée haut et au 1er étage et se rapprocher ainsi des entrées et des sorties.  « Pour réduire les mouvements d’ascenseurs et que les patients se perdent », explique prosaïquement Yannick Jarret, directeur des travaux du CHUGA. Il parle d’expérience. Avec le temps, les consultations à très forts flux comme l’ophtalmo et le service SOS Mains, montent jusqu’au 14ème étage.

Passerelles courtes et « bulles »

Le deuxième grand principe de réorganisation du CHU, vertical celui-ci, est de regrouper les grandes activités par instituts : cancer, médecines de spécialité, neurosciences, cœur thorax vaisseaux, chirurgie traumatologie. Avec chaque fois, une mutualisation de l’accueil, du secrétariat, un fléchage le plus simple possible du parcours des patients (par exemple en cancérologie). Les services satellites de diagnostic (radio-labo), le plateau médico-technique sont centralisés, mais chaque fois que la réanimation en amont ou la chirurgie en aval peuvent avoir besoin d’être souvent sollicitées, elles sont rapprochées.  « Horizontalement ou verticalement », précise Yannick Jarret.

Autre exemple, l’imagerie d’urgence est placée non loin des urgences, au rez-de-chaussée bas. 1000 m2 de pharmacie, actuellement disséminée dans quatre bâtiments différents, vont être réintégrés dans le périmètre de l’hôpital Michallon, nouvelle formule. Essentiellement la pharmacotechnie, la préparation des traitements. La priorité absolue de limiter les distances à parcourir pour les soignants se traduira, notamment par les passerelles très courtes (moins de 10 mètres) entre les bâtiments.

Pour améliorer leur qualité de vie au travail, les services comprendront, pour eux, des espaces plus calmes, des « bulles » où ils pourront s’isoler. Ce qui fait partie maintenant des normes du ministère pour les constructions neuves et est automatiquement repris dans le BIM (Building Information Modeling) des programmistes. De même, les services de soins ne comprendront pas plus d’une trentaine de lits.

Les AGV arrivent

Yannick Jarret

Dans le nouvel hôpital Michallon, les couloirs seront plus larges que dans l’ancien. L’ensemble du CHU devrait ainsi voir débarquer ses premiers AGV (Automatic Guided Véhicles). Il possède déjà un système d’échanges légers par pneumatique mais il est ancien. Il utilise des sachets, ne circule que dans un sens. Ce seront des cartouches, allant et venant dans les deux sens.  La distribution des tenues sera automatisée, déclenchée par badge.

« Nous irons vers le plus d’automatisation possible. Avec, forcément, s’agissant pour une part de réhabilitation, un risque d’aboutir à un système à deux niveaux de performance. Nous essaierons de le réduire », observe Yannick Jarret. Rien n’est prévu, pour le moment, du genre robots autonomes vaquant dans les couloirs. Autre modernisation, la restauration s’orientera vers une reconstitution des repas dans les services « meilleure pour l’écologie et pour la qualité du service au patient ».

Réchauffé et refroidi par géothermie

En dehors de la logistique, un grand renouveau est prévu du côté du système énergétique. Panneaux photovoltaïques sur les toits et géothermie sous le nouveau bâtiment devraient fournir la moitié de sa consommation énergétique. L’hôpital, déjà connecté au réseau de chaleur de la ville, sera réchauffé mais surtout refroidi par géothermie. On est là proche de l’Isère. Des études préalables laissent supposer que le potentiel est important.  Les progrès dans l’isolation, le fait de ne plus chauffer les étages consacrés à l’ambulatoire, feront que le nouvel hôpital devrait être « à énergie positive ».

Anne Kittler

L’objectif est fixé, peu importe le label qui sera ultérieurement visé. « Le comité développement durable a été très mobilisé sur la question. Nous avons visité beaucoup d’établissements emblématiques de ce point de vue, comme l’hôpital de Dusseldorf, le premier hôpital du genre en Europe, indique Anne Kittler, secrétaire générale du CHU, copilote du comité sur la transition écologique. On estime aujourd’hui à 600 kW par m2 et par an, l’énergie primaire consommée par l’hôpital Michallon. Nous visons presque deux fois moins, 350 kW dans le nouveau bâtiment. »

Bâtiments vendus ou loués

Des arbitrages, d’ici la construction, risquent d’être à faire. « Notre assistant à maîtrise d’ouvrage spécialisé dans l’énergie nous a indiqué qu’atteindre un impact carbone réduit, notamment 10 000 tonnes de carbone en moins au moment de la construction, coûterait 20 millions d’euros de plus. Nous préférerons peut-être dépenser notre argent dans les conditions de fonctionnement du nouveau CHU pour les 50 années qui viennent que, par exemple, dans la construction proprement dite », explique Yannick Jarret.

Point positif, une économie supplémentaire apparaîtra dans l’équation globale du fait de la vente ou de la mise à disposition des surfaces excédentaires du CHU après l’ajout du nouvel hôpital Michallon. Les services administratifs, répartis aujourd’hui dans six bâtiments annexes seront rapatriés entre le 10ème au 15ème étage de l’hôpital actuel, qui ne seront plus voués aux soins. Le CHU est déjà abondamment démarché sur l’utilisation à venir des bâtiments libérés. Pour, par exemple, y installer des incubateurs de start-ups du domaine de la santé.

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